Serge Fabbro (Vélo-Cité 63) : "La vélorution est en piste. Aux usagers d'être vélorutionnaires "

Serge Fabbro est le président de Vélo-Cité 63, association militante en faveur de l'usage du vélo au quotidien fondée en 1996 qui compte 300 adhérents. Elle forme à la pratique, informe et répare aussi des vélos.

Quel est l'objectif de Vélo-Cité 63 ?

Nous sommes une association militante en faveur de la promotion du vélo comme moyen de déplacement au quotidien. Pour le rendre plus désirable, il faut mettre en place de la réglementation comme la ville à 30 ou la campagne « Ville apaisée, quartiers à vivre » pour pacifier les villes. Plus le vélo se développera, plus la place de la voiture sera réduite. Au niveau de l'occupation de l'espace public, de la pollution ou des rapports sociaux qui se dégradent, c'est incontournable. Quand on est dans sa voiture, le prolongement de sa maison, on n'a pas très envie de partager l'espace que l'on occupe. Les villes où il y a moins de voitures sont des villes où les rapports humains sont plus forts. Pour nous la « vélorution » est en piste. Maintenant, aux usagers d'être « vélorutionnaires » et de participer à cela.

Quelles sont vos actions ?

Nous rendons des services à nos adhérents avec un atelier d'auto réparation qui s'appelle Vélo boulot dodo et une vélo-école qui fonctionne le samedi matin en partenariat avec une autre association d'insertion par le travail qui s'appelle FIT (Formation insertion travail). Nous participons aussi à des évènements comme la semaine de la mobilité ou l'opération « Cyclistes brillez ! » pendant cette période automnale. Nous faisons également de l'aide au trajet personnalisé. Nous avons une zone d'influence sur le département mais nous travaillons essentiellement sur la Métropole et les sous-préfectures aussi pour développer des plans vélo. On travaille avec les services techniques et on apporte notre expertise citoyenne du terrain. Habitants, élus, techniciens, il y a une culture vélo en développement. Il y a deux publics qui nous intéressent : les salariés, car le « vélo taf » enclenchera d'autres déplacements, et les scolaires. L'objectif est que dès la fin du primaire les enfants aillent au collège à vélo. Le vélo permet d'avoir une activité quotidienne régulière.

Il y a une vraie demande ?

Oui on rencontre des gens en entreprises qui nous demandent souvent : « J'habite là, je vais là, comment je fais ? ». Des personnes qui roulaient déjà ou qui veulent venir au travail en deux roues. Nous avons des éléments complémentaires par rapport aux applications car nous connaissons le réseau. Beaucoup de personnes ne se posent plus la question du pourquoi. Ils ont envie de se mettre au vélo pour des raisons économiques, environnementales, pour faire du sport ou pour être plus efficaces dans leurs déplacements. Nous pouvons apporter des réponses sur l'aide au trajet mais aussi sur la formation ou l'entretien du vélo. Avec l'opération « adopte un vélo » on remet en état des vélos et les personnes repartent avec pour un coût modique. On assure le marquage Bicycode pour réduire le vol qui est l'un des freins à la pratique.

Le cycliste est encore minoritaire sur les routes...

On est dans la fin du tout voiture et les gens perdent leurs repères et cela crée des peurs. Cela nécessite des efforts et c'est pénible donc ils se braquent ou ont peur de changer de mode de déplacement. Il n'y a pas un usager, il y a une diversité d'usagers, même chez les adhérents. Nous ne sommes pas « les cyclistes » mais on représente des cyclistes et on veut améliorer l'usage du vélo, qu'il se fasse bien et partout. On essaye aussi de se préparer pour qu'il y ait de nouveaux cyclistes. C'est pour ça que les aménagements sont très importants, c'est l'élément fondamental qui est recherché par les personnes car s'il n'y a pas une mise en sécurité des personnes, elles hésitent. Le nouveau Code de la route avec les sas vélos, le double sens cyclable, les distances... n'est pas connu des voitures. Il y a des choses pas encore intégrées en ville. Il faut établir une bienveillance entre les usagers et que les vitesses soient respectées. Il y a un mauvais moment à passer avec la conjonction de tous les travaux mais en 2030 la ville sera plus agréable à vivre.

www.velocite63.fr Le Club des Villes et Territoires Cyclables et Marchables organise son 24e congrès à Clermont-Ferrand du 17 au 19 octobre.