La FFB63 a tenu son assemblée générale à l'école nationale d'architecture
La Fédération française du bâtiment du Puy-de-Dôme (FFB63) qui compte 13 292 salariés et 5255 entreprises, tenait son assemblée générale le jeudi 6 octobre à l'école nationale d'architecture. Sa présidente, Patricia Delépine a fait le point devant 210 personnes.
Quelles sont les perspectives actuelles pour le secteur du bâtiment avec tous ces aléas ?
Je ne vous apprends rien, les perspectives macro-économiques se dégradent clairement. La Commission européenne, la Banque centrale européenne, l'Insee et tous les grands instituts anticipent un risque de récession pour l'Union européenne, comme pour la France à l'horizon 2023. De plus, la question de l'inflation, donc des taux d'intérêt, reste d'actualité dans un contexte de guerre énergétique dont personne ne maîtrise réellement ni le terme, ni l'issue. Néanmoins, je reste optimiste et je tiens à ce que nous le soyons tous.
Sur le Département, ressentez-vous les mêmes tendances ?
Rien que dans notre département, ce sont 13 292 salariés et 5 255 entreprises qui s'affairent chaque jour sur nos chantiers de construction. Mais voilà, au-delà du ralentissement palpable et envisagé des permis de construire en 2023, l'un des principaux facteurs expliquant le tassement de l'activité réside dans l'emploi, qui peine à suivre.
Recruter est un problème ?
Si par rapport à la fin du premier trimestre 2020, le secteur a créé près de 80 000 postes salariés et intérimaires, auxquels il faut ajouter 17 000 artisans non-salariés, soit 97 000 personnes de plus. Toutefois, ce chiffre plafonne depuis la fin 2021. Sans doute la dégradation des perspectives globales joue-t-elle un rôle dans cette stabilisation à haut niveau. Mais surtout, les difficultés de recrutement perdurent ; elles se renforcent pour atteindre des proportions historiques : plus de quatre entreprises sur cinq déclarent en souffrir ! L'emploi constitue donc un goulet d'étranglement du secteur, alors que le vivier de compétences disponibles se trouve aujourd'hui au plus bas.
L'activité dans la rénovation compense-t-elle celle du neuf ?
L'activité en amélioration-entretien continue de croître, bien que sa dynamique déçoive un peu, sans doute pénalisée par un marché des CEE statique depuis le début de l'année. La tendance ressort proche de +2 % pour l'ensemble, comme pour la rénovation énergétique. Mais il faut aussi souligner que ce segment progresse régulièrement depuis la sortie de la crise sanitaire. En cumul depuis la fin du premier trimestre 2020, hors effet prix, l'amélioration-entretien s'affiche en hausse de 6,5 % et la rénovation énergétique du logement de 12,4 %.
La période est à la sobriété. Le bâtiment suit-il aussi cette transition ?
Ces constructions évoluent également grâce aux nombreuses avancées technologiques, les performances qu'ils doivent respecter sont de plus en plus nombreuses, et même si elles sont un signe de modernité, et sont importantes pour notre confort, notre qualité de vie, notre santé, notre sécurité, notre planète, elles ont une forte influence sur le coût de la construction.
Alors aujourd'hui, quelle stratégie pour le secteur ?
Le secteur a urgemment besoin de visibilité sur son avenir à moyen et long terme. Depuis le Grenelle de l'environnement de la fin 2007, la qualité énergétique du parc de bâtiments ressort comme un enjeu central pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat, impératif devenu criant ces derniers mois. Le progrès se révèle assez spectaculaire en construction neuve, avec la RT2012, puis la RE2020. Il l'est beaucoup moins pour la rénovation de l'existant, puisque le marché a rapidement buté sur la question du coût des opérations et d'un retour sur investissement trop long, en France comme ailleurs.
L'urgence climatique impose de changer de logiciel et la guerre énergétique constitue une motivation supplémentaire. Rénover efficacement le parc est techniquement possible ; les entreprises peuvent y répondre, embaucher et monter en compétence... sous réserve d'une demande solvable. Or, seul un nombre très limité d'acteurs peut financer cela sur fonds propres. Sans accompagnement financier lourd et pérenne et sans un environnement stable, les objectifs ne seront pas atteints.
0 commentaires