André Valadier « Les moteurs de l’économie de l’Aubrac sont issus du patrimoine et du troupeau »
[caption id="attachment_222160" align="aligncenter" width="778"] Pour lui, la partie auvergnate du parc, bien que réduite, est peut-être celle qui est la plus proche du cœur de l’Aubrac… © SMP PNR Aubrac[/caption] Il est le président du syndicat mixte de préfiguration du futur parc naturel régional (PNR) de l’Aubrac, situé à cheval entre l’Auvergne et l’Occitanie*. Le PNR sera créé dans quelques jours… J’imagine que c’est un soulagement ? Oui, parce que c’est un travail qui s’est réalisé dans la durée. Mais en définitive, nous ne regrettons pas du tout ce temps de réflexion et d’investigation ; cet état des lieux en quelque sorte. Beaucoup de citoyens ne savent pas qu’il y a une labellisation au bout : certains s’imaginent qu’un PNR résulte simplement d’une volonté locale ; et que cette seule volonté locale permet l’aboutissement du projet. Or, ce n’est pas du tout le cas : une procédure est lancée. Il s’ensuit toute une série d’enquêtes, d’évaluations, d’auditions nationales, comme pour un label décerné à un produit, finalement, mais pour le territoire. Finalement, la charte est un peu un CV territorial, comme un cahier des charges est un CV pour un produit. Quelles démarches reste-t-il à accomplir ? Nous sommes dans la dernière phase : tous les feux d’explorations, d’analyses et de découvertes sont au vert. Il nous reste le décret du premier ministre et un certain nombre de formalités, comme l’accord des préfectures et des régions concernées. Le parc ne sera toutefois opérationnel qu’à partir du moment où un syndicat de gestion aura relayé le syndicat mixte de préfiguration, que je préside et qui a accompli tout le parcours officiel et obligatoire pour obtenir cet agrément. Comment allez-vous marquer cet aboutissement ? Nous avons souhaité prendre appui sur des évènements locaux. La prochaine fête de la transhumance, entre le 23 et le 27 mai à Aubrac, sera notre point d’appui et notre pivot. Nous imaginons la mise en place d’une « nuit des burons » car ce patrimoine constitue un élément moteur d’unité et de cohésion territoriale. Le principe est retenu, mais il reste encore à lui donner une consistance. Au cours de l’année, lors d’évènements comme les Traces des Fromages, la Davalada, la fête des pâturages ou Phot’Aubrac, il y aura à chaque fois la mise en avant de cette évolution qui place l’Aubrac parmi les 52 parcs reconnus en France. La population doit s’approprier le label… Effectivement, une telle démarche ne vaut que si elle fait l’objet d’une appropriation par les acteurs du territoire. L’outil est désormais à leur disposition. Il ne faut pas se dire : « j’ai une licence, je vais gagner à tous les coups. » Même si on a le logo, il faut jouer la partie. Comment décririez-vous l’Aubrac pour ceux qui ne le connaissent pas ? On parle d’une mer d’herbe animée par l’architecture vivante de troupeaux en liberté… L’Aubrac est un plateau d’origine volcanique qui se situe dans la partie la plus méridionale du Massif central. C’est un territoire authentique, avec des contreforts. Il a été façonné par toutes les évolutions géologiques mais également par les pratiques qui se sont mises en place depuis la nuit des temps autour de l’élevage : ce sont les éleveurs, par leurs orientations, qui ont été les meilleurs éléments de sauvegarde du milieu naturel, avec le retour en force de la race Aubrac. Aujourd’hui, tous les moteurs de l’économie sont issus du patrimoine et du troupeau. Quels défis doit relever l’Aubrac ? Stopper l’érosion démographique est le premier défi. Mais l’agriculture n’est pas la seule à pouvoir le relever : il faut que se constituent d’autres points d’activités et d’emplois. La piste la plus adaptée reste le développement touristique et la transformation des produits. Les deux sont liés : sur l’Aubrac, grâce aux orientations prises en matière d’élevage, on a pu démontrer qu’agriculture, environnement et paysages étaient compatibles. De fait, on peut affirmer qu’agriculture et tourisme sont devenus complémentaires, après avoir été considérés comme antagonistes puis réconciliés. Le succès du chemin de Saint-Jacques de Compostelle témoigne de cette attractivité. Que dîtes-vous aux détracteurs du projet, qui considèrent le parc comme une mise sous cloche du territoire ? C’est une grosse erreur. Il faut qu’ils s’informent sur le statut de PNR, initié par un ministre de l’agriculture en 1967. A ce moment-là, on considérait cette idée comme marginale et sans intérêt. De fait, d’autres entités se sont emparées du concept, ce qui a pu créer des amalgames avec les parcs nationaux ou d’autres structures qui apportent des règlementations au nom de l’Etat. Or, un parc naturel régional n’a rien à voir : le but, c’est le développement et la mise en valeur des ressources propres du territoire. Ceci dit, je pense que nous avons dépassé le stade des critiques : sur les 1.400 contributions de l’enquête publique, 1.200 étaient très favorables… *Renseignements : www.projet-pnr-aubrac.fr
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