Jean-Yves Gouttebel, qui porte le projet depuis 2007, l’a reconnu explicitement. Pour arriver à ce résultat, un important travail a été mené « loin des sphères médiatiques » lors des 18 derniers mois. En coulisses, les échanges n’ont pas manqué et le président du Conseil départemental a salué le « soutien discret et efficace » de Jean-Pierre Jouyet, actuel ambassadeur de France à Londres. De manière plus officielle, la candidature puydômoise a toujours reçu l’appui des autorités françaises, quel que soit le gouvernement en place. Récemment, outre le soutien de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, on se souvient qu’Emmanuel Macron est venu en personne sur le site du puy de Dôme au début de l’année. On ne saurait envoyer signal plus fort. « L’Etat a toujours cru en nous », pouvait se féliciter Eric Gold.
La force aussi des équipes du Département, c’est d’avoir cru en leur étoile, d’avoir su persévérer, et surtout, d’avoir su entendre les recommandations édictées par l’UICN et le comité mondial lors des précédents passages à Doha et Istanbul. Ainsi, la copie a été revue et le dossier réorienté. Exit le critère esthétique de « beauté universelle ». En associant une équipe composée d’une vingtaine de spécialistes mondiaux des rifts, la candidature s’appuie désormais sur la base du seul critère géologique. Les experts de l’UICN reconnaissent désormais que « le bien est une illustration exceptionnelle du phénomène de rupture continentale ou rifting qui est l’une des cinq principales étapes de la tectonique des plaques. »
Enfin, on peut saluer la démarche collective initiée localement par le Conseil départemental depuis plusieurs années. Avec les services de l’Etat, les équipes du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, les universitaires et scientifiques, les membres de la Fondation d’entreprises et les habitants du territoire, le projet a su rassembler et fédérer bien au-delà des clivages politiques et des sphères « public/privé ».
Certes, cette recommandation favorable émise par les experts de l’UICN ne constitue qu’un avis consultatif et les équipes de la candidature, qui se rendront à Manama, entendent bien rester mobilisées jusqu’au bout. Le vote du comité interviendra le 1er juillet ou peut-être le 2 juillet en cas de longs débats.
Si l’inscription est confirmée, la chaîne des Puys/faille de Limagne sera le 44ème site français à entrer à l’UNESCO, le 4ème seulement en tant que bien naturel (la Nouvelle-Calédonie, le golf de Porto en Corse, et une partie de l’île de la Réunion y figurent déjà). « Nous serons donc le 1er site de France métropolitaine », fait remarquer Eric Gold, qui ne souhaite pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. En Auvergne, plus que partout ailleurs, nul n’ignore que c’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens.
* UICN : Union internationale pour la conservation de la nature.
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