Christian Sinsard « Je suis passionné par ma fonction. Je n’ai jamais eu de découragement »
[caption id="attachment_224189" align="aligncenter" width="741"] Sympathisant communiste et fils d’ouvrier, il dit ne pas avoir oublié d’où il vient[/caption] Le maire d’Aubière évoque les projets et l’actualité de la ville. Sans langue de bois… Suite aux difficultés de circulation autour de Burger King, que dîtes-vous, « je vous avais prévenu » ? J’ai prévenu. Et aujourd’hui, le promoteur et ceux qui l’ont soutenu, malheureusement les services de l’Etat, sont responsables de la situation. Qui était mieux placé que les élus et les services de la mairie pour dire que ce type de commerce ne fonctionnerait pas dans une impasse ? Nous, on le savait, car on connaît le terrain. En plus, on leur avait proposé de s’installer ailleurs. Nous avions trouvé d’autres emplacements… Avez-vous pensé à tout laisser tomber ? Jamais. Je suis un battant. J’ai toujours milité. Ça a été dur, bien sûr. Mais je suis passionné par ma fonction. Je n’ai jamais eu de découragement. Et je ne voulais pas décourager l’équipe. Elle est très soudée et elle attend beaucoup de moi. Quand j’ai le sentiment d’une injustice, cela renforce ma volonté de me battre. Et Cultura, ça avance ? Quand les responsables du projet se sont présentés, le fastfood était bloqué par des procédures en cours. Je leur ai dit qu’il n’y avait pas la place pour deux établissements aussi importants dans le même secteur : on m’a alors laissé entendre que Burger King ne se ferait pas. C’était sûr « à 98 % ». Donc j’ai défendu le dossier Cultura. Mais finalement les travaux ont repris, donc je ne l’ai plus soutenu. Aubière a néanmoins accordé le permis, car il respectait les dispositions en vigueur. Mais je ne soutiens pas Cultura et je n’irai pas à l’inauguration. L’enseigne va ouvrir quand ? Je n’en sais rien. Je n’ai plus de contacts avec eux. Certains voudraient vous faire passer pour un antipatrons… Non ! J’ai de très bonnes relations avec les patrons et avec de très grandes entreprises dans la zone. Je ne suis pas un militant de la CGT élu du PC avec le couteau entre les dents… Ce n’est pas du tout ça. Je pense avoir fait mes preuves au niveau social et professionnel. J’ai eu des postes importants. Je suis donc capable de faire la part des choses… En revanche, je ne fais pas de cadeau à ceux qui trahissent ma confiance. Avez-vous pris une décision pour 2020 ? Non. Je la prendrai en 2019. On verra. (Il réfléchit) J’ai 69 ans. Beaucoup d’Aubiérois me disent d’y aller… Quels sont les autres projets de la commune ? Nous avons un beau projet métropolitain. Il s’agit de l’Equipement Communautaire de Proximité. Clermont Auvergne Métropole est maître d’ouvrage. L’équipement sera orienté sur l’éducation artistique et populaire. Le service culturel de la mairie s’y installera. A l’intérieur, il y aura aussi une petite salle de spectacle, à l’échelle de nos besoins, mais ce ne sera pas une salle de diffusion en tant que telle. Et la CRS 48 ? C’est un nouvel éco-quartier de 4,5 ha. Logidôme est aménageur. Le lauréat sera choisi prochainement. 271 logements ou équivalents sont prévus, dont 27 % de logements sociaux. Depuis 10 ans, nous avions un déficit. On payait 50.000 € de pénalités par an. Aujourd’hui, nous comptons rester autour de 22 %, comme la loi nous y oblige. Peut-être la halte-garderie y sera transférée. On parle aussi d’une résidence senior, de petits commerces… Mais cela reste à définir. Notre objectif, c’est qu’on puisse continuer à bien vivre à Aubière dans la mixité sociale Aubière a-t-elle trouvé sa place au sein de la métropole ? Au départ, nous avons voté contre le transfert de la voirie à la communauté urbaine. On pensait que c’était précipité… Mais Aubière joue le jeu de la métropole et occupe sa place de manière positive. Elle est représentée au bureau métropolitain. Les relations sont bonnes et franches, à l’image du maire d’Aubière (il rit) ! Mais nous sommes constructifs. Olivier Bianchi est le premier à reconnaître qu’Aubière est présente au nom de la métropole sur le dispositif grand froid. Idem pour l’accueil des gens du voyage… Nous sommes reconnus pour avoir la fibre sociale mais nous pensons à tout le monde. Aubière a pris un arrêté d’anti-mise à la rue… Oui. Ce n’est pas un arrêté qui encourage les locataires à ne pas payer leur loyer, mais un arrêté qui oblige les pouvoirs publics sur la base des lois à reloger les occupants pour éviter l’expulsion. Le préfet ne l’a pas contesté, parce qu’il ne peut pas ! Il est donc opérationnel. Pourquoi cet arrêté ? D’autres maires de sensibilité communiste ont pris la même décision. Et personnellement, j’ai cette sensibilité. J’ai vécu 7 ans en HLM. Je suis un fils d’ouvrier. Mon père était cantonnier à la Ville de Clermont. Il posait des pavés. Je suis un fils de famille nombreuse : onze enfants. En étant maire, je n’ai pas oublié d’où je viens. J’ai vu plusieurs expulsions aux HLM du Prat : une fois, la famille était sur le trottoir. Un gamin pleurait avec le doudou. La dame pleurait. Je peux vous dire que ça marque un homme. J’ai toujours dit que si un jour j’avais un peu de pouvoir, je mettrais tout en œuvre pour éviter ce type de situation. Et je ne travaille pas en décalage avec mon équipe. Tout le centre-ville d’Aubière est ouvert aux vélos… Oui. Nous avions un adjoint à l’urbanisme, Serge Fabbro - et il faut lui rendre hommage - qui préside aujourd’hui Vélocité 63. Son successeur, Vincent Soulignac, poursuit le travail. Il est lui aussi très pointu sur le sujet. Apparemment, le nombre de cyclistes est en train d’exploser à Clermont. Nous allons sortir une cartographie des modes doux dans quelques semaines.
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