« Le Sommet de l’Elevage, c’est un carrefour d’affaires »
[caption id="attachment_224296" align="aligncenter" width="761"] Il observe une féminisation du métier d’agriculteur en général, et d’éleveur en particulier © Emmanuel Thérond[/caption] Le plus important salon européen dédié à l’élevage se tiendra les 3, 4 et 5 octobre à la Grande Halle d’Auvergne. Son président, Jacques Chazalet, évoque les attentes de la profession… Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ? Nous n’attendons rien d’extraordinaire par rapport aux autres éditions. Le Sommet de l’Elevage est un évènement inscrit dans le paysage agricole français, voire même européen. Bien sûr, nous attendons des visiteurs. Et nous espérons qu’ils trouveront satisfaction auprès des exposants que nous avons sélectionnés. Le but, c’est qu’ils puissent trouver ce dont ils ont besoin pour développer leur activité, leur exploitation, leur élevage afin d’être encore présents demain. Le Sommet de l’Elevage, c’est un carrefour d’affaires. Comment se portent les éleveurs français ? Leur situation est très hétérogène suivant les productions, les zones géographiques, etc. D’une manière générale, on constate quand même une volonté des agriculteurs de développer leur exploitation, d’être présents demain. Des jeunes ont l’intention de s’installer. Ils savent qu’on ne fera plus l’agriculture demain comme on la faisait avant-hier. D’où l’intérêt pour eux de venir au Sommet : cela leur permet de rencontrer des exposants qui apportent de nouvelles technologies et de nouveaux services. Les exploitations deviennent de vraies petites entreprises… Oui. Comme je le disais, l’agriculture est très hétérogène. D’un côté, vous avez des agriculteurs qui ont des petites structures, qui n’ont pas misé sur les volumes mais sur la valeur ajoutée. Ils sont plutôt dans des créneaux de vente directe. Ils intègrent toute la chaîne de production voire de transformation. D’autres misent plutôt sur les volumes : il s’agit d’exploitations laitières de dimension beaucoup plus importante que ce que l’on connaissait auparavant. Ces structures sont effectivement des petites entreprises… Où en est la crise qui a traversé le secteur il y a quelques mois ? La grosse crise, c’était en 2015 et 2016 avec le surenchérissement des coûts de production et la baisse du prix de vente du produit agricole… Le président Macron, lors des Etats généraux de l’alimentation, a dit vouloir équilibrer les choses. Nous étions très attentifs à cette évolution, car la part du produit agricole dans le produit alimentaire a diminué. Aujourd’hui, c’est moins de 9 %. Il y a donc une attente du monde agricole sur ce sujet. Malheureusement la loi s’enlise un peu dans les débats parlementaires et les grandes surfaces continuent à utiliser leurs méthodes, à faire du dumping, des promotions… Je pense qu’une question sera posée par les organisations professionnelles aux responsables politiques lors du Sommet de l’Elevage. Que dîtes-vous à la grande distribution ? Rien en tant que président du Sommet de l’Elevage. En tant qu’agriculteur, je leur dis qu’il ne faudra pas pousser le bouchon trop loin quand même. Tout système fonctionne parce qu’il est équilibré. Or, quand le produit alimentaire augmente et le produit agricole diminue, l’équation ne peut pas durer. Mais je pense qu’ils commencent à comprendre que casser les prix n’est pas le bon système… En plus, le premier qui a le choix, c’est le consommateur. Or, ses exigences changent. A quoi ressemblera le métier d’éleveur à l’avenir ? Il n’y aura pas de modèle unique. Il y aura plusieurs types de fermes, comme aujourd’hui. Comme je le disais, certains privilégieront les volumes par rapport à la marge, d’autre la marge par rapport au volume. L’essentiel, à la sortie, c’est que les agriculteurs gagnent leur vie et s’épanouissent dans leur métier. A quoi ressemblera le métier ? Aucune idée. Ce que je sais, c’est que le métier d’agriculteur se féminise. De plus en plus de femmes sont chefs d’exploitation. Elles apportent une autre vision, d’autres pratiques. Elles sont peut-être moins enclines à accepter certaines choses. Il y aura peut-être des évolutions…
0 commentaires