Fabienne Gateau : « le musée correspond bien à notre mission de service public de culture pour tous »
[caption id="attachment_224405" align="aligncenter" width="751"] « l’exposition Rouge ou noir démontre que la période antique est encore bien présente chez des artistes et céramistes de notre époque », affirme Fabienne Gateau. (© J.-P. B.)[/caption] Elle est à la fois conservateur et directrice du musée de la céramique de Lezoux, une entité culturelle remarquable qui dépend du Conseil départemental du Puy-de-Dôme. Info – Le musée de la céramique en quelques chiffres, ça représente quoi ? Fabienne Gateau – Je rappelle que le musée a fêté ses dix ans en mars 2007, après que le Département du Puy-de-Dôme se soit porté maître d’ouvrage en 1999. Nous avons 1.300 m² d’exposition permanente, auxquels il faut rajouter les locaux qui reçoivent les scolaires, l’expo temporaire et les artistes en résidence. Nous recevons en moyenne 12.000 visiteurs par an sur onze mois puisque nous sommes fermés au mois de janvier. Au niveau de l’inventaire, nous possédons plus de 2000 objets qui vont du simple fragment à des objets en métal précieux comme des fibules en argent ; ceci bien sûr sans compter tout ce qui se trouve dans notre réserve. On parle avant tout de la céramique sigillée et de ce que l’on a produit à l’époque romaine, c’est-à-dire sur une période qui va du 1er au 5ème siècles de notre ère. Ce qui est intéressant également, c’est que les fouilles archéologiques réalisées à Lezoux montrent une occupation importante au Moyen-Âge. Ce constat nous permettra peut-être d’évoluer dans les années à venir. I. – Vous travaillez beaucoup aussi sur les différents types de publics comme les scolaires, les personnes handicapées… F. G. – Oui. Nous avons une partie ludique dans le parcours adaptée de manière générale aux personnes en situation de handicap mais aussi aux enfants. Nous attirons un public très familial. A côté de cela, nous accueillons beaucoup de scolaires sur des ateliers particuliers grâce à nos médiatrices. Celles-ci accompagnent également plusieurs types de publics rencontrant des difficultés ou éloignés socialement et culturellement des musées. Nous avons monté par exemple un programme avec l’hôpital ou la prison, dans lequel le musée vient à eux. Cela correspond bien à notre mission de service public de culture pour tous. Nous avons reçu le label « Tourisme et handicap » en décembre 2014. C’était la volonté du Département. En 2015, le musée a reçu deux prix nationaux : les Trophées de l’accessibilité et le prix Patrimoine pour tous, attribué par le ministère de la Culture et de la Communication. Par la suite, nous avons réinvesti toute l’énergie de ces actions pour aboutir au projet artistique « Le secret du monde », une création de Nathalie Talec dévoilée en juin dernier. Il s’agit d’une œuvre d’art immersive qui permet de travailler sur les cinq sens en partant des codes des personnes non voyantes. I. – Que peut-on dire de l’exposition temporaire actuelle, « Rouge ou noir. Céramiques antiques et contemporaines : confrontations », présentée jusqu’au 31 décembre ? F. G. – Nous avons bénéficié pour celle-ci du label exposition d’intérêt national, délivré par le ministère de la Culture. En partant de la sigillée, qui est un peu notre fond de commerce, on s’est demandé comment les artistes contemporains regardaient ces créations et plus largement l’Antiquité toute entière. C’est pourquoi, nous présentons des pièces réalisées par Dufy ou Picasso. Nous montrons comment ce dernier a pu s’intéresser à la céramique grecque, à l’art grec, qui avaient une forte résonnance chez lui à travers la Méditerranée. Il y a de nombreux rapprochements à faire entre un vase gaulois et un vase contemporain. Finalement, l’expo démontre que la période antique est encore bien présente chez des artistes et céramistes de notre époque. Certains, toujours actifs aujourd’hui, font de la sigillée contemporaine. C’est ce que racontera Jean-Paul Azaïs les 11 et 12 octobre à Lezoux lors de deux conférences gratuites données au musée et à la médiathèque (voir par ailleurs). I. – Sinon, quels sont vos projets pour l’an prochain ? F. G. – En 2019, nous monterons certainement une exposition en lien avec l’actualité des recherches archéologiques. On parlera de fontaines sculptées en forme de lionnes qui sont sans doute des productions locales antiques. Elle permettra d’évoquer la richesse du patrimoine régional et départemental. L’exposition devrait débuter à l’occasion des journées de l’archéologie. A plus long terme, j’aimerais rendre les choses un peu plus visibles au niveau du site archéologique de Lezoux. Il s’agit d’un patrimoine exceptionnel qui mériterait d’être montré au grand public.
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