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Laurent Wauquiez : « Les agriculteurs se sentent abandonnés et humiliés »

19h50 - 14 octobre 2018 - par Info Clermont Métropole
Laurent Wauquiez : « Les agriculteurs se sentent abandonnés et humiliés »
Lors de sa venue sur le Sommet de l’élevage, Laurent Wauquiez au côté de Jacques Chazalet et de Jean-Pierre Taite, vice-président de la région en charge de l’agriculture. - © ACTU_WAUQUIEZ_SALON

[caption id="attachment_224565" align="aligncenter" width="800"] Lors de sa venue sur le Sommet de l’élevage, Laurent Wauquiez au côté de Jacques Chazalet et de Jean-Pierre Taite, vice-président de la région en charge de l’agriculture.[/caption] Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’est rendu au Sommet de l’élevage à Cournon. L’occasion pour lui d’évoquer les grandes lignes de la politique régionale en matière d’agriculture et de « tirer la sonnette d’alarme » vis-à-vis de la politique gouvernementale. Info – Vous êtes remonté contre le gouvernement en matière de politique agricole, pourquoi ? L. W. – Ce Sommet de l’élevage est pour moi l’occasion de tirer la sonnette d’alarme sur le fait que le Gouvernement n’entend pas ce qui me préoccupe. Le ministre de l’Agriculture est venu ici et n’a même rien annoncé pour la sécheresse alors que potentiellement, elle va affecter des milliers d’agriculteurs dans notre région. La politique agricole commune au niveau national n’a pas été défendue à Bruxelles et nous risquons maintenant d’avoir une PAC en recul de 10 %. Au lieu d’aider les agriculteurs, le gouvernement vient de taper sur le travail saisonnier, une pure folie parce qu’il vaut mieux mettre de l’argent afin que les gens travaillent plutôt que de supprimer des dispositifs qui rendaient nos exploitations compétitives par rapport à leurs concurrents espagnols, portugais ou même allemands. Info - Quel est l’objet de cet avenant à la convention signé avec la SAFER ? L. W - L’objectif est d’empêcher que les Chinois rachètent nos terres et fassent de la spéculation financière dessus. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas acheter de terres en Chine. C’est donc de la folie que des fonds spéculatifs chinois puissent faire l’inverse chez nous. Nous avons la chance d’avoir une agriculture familiale, faite par des agriculteurs attachés à leur territoire. Contrairement à d’autres endroits dans le monde, ce ne sont pas de gigantesques exploitations qui finissent par être complètement coupées de ce qui est la réalité du terroir. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons subi ce coup de semonce du rachat de terres dans l’Allier. L’objectif est de faire un bouclier de protection qui, en s’appuyant sur les SAFER, permette de détecter les ventes de terres en amont afin que nous puissions intervenir avant l’arrivée de fonds spéculatifs. I. – Quel est votre sentiment par rapport aux annonces d’introduction supplémentaires d’ours et de loups ? L. W. – Je le redis. Je suis totalement opposé à l’introduction de l’ours et à la multiplication du loup sur nos territoires. Ces prédateurs ne sont pas compatibles avec le pastoralisme. Au moment où l’on nous parle de bien-être animal, livrer des bêtes et des troupeaux entiers aux prédateurs, c’est totalement contradictoire. I. – Comment jugez-vous les attaques de militants Vegan contre des boucheries ces derniers mois ? L. W. – Ces attaques se sont multipliées à l’aide de procédés qui sont incompatibles avec la démocratie. Qu’ils expriment leurs idées, ça les regarde, je ne partage aucune de leurs opinions. Mais qu’ils agressent des boucheries, que l’on ait eu l’incendie de cet abattoir familial dans l’Ain où trente bêtes ont failli mourir brûlé vive par ceux là-même qui prétendent défendre le bien-être animal, et bien ça, je ne le laisserai pas faire. Le gouvernement fait preuve de silence sur ce sujet. En tant que président des Républicains et président de région, je ne resterai pas silencieux. En deux ans, nous avons fait d’Auvergne-Rhône-Alpes en matière d’agriculture, le premier budget de toutes les régions de France. Il passera à 72 millions d’euros à la fin de l’année. Nous allons intervenir sur la sécheresse pour soutenir nos agriculteurs dans cette période difficile. Je le dis au gouvernement, s’il n’écoute pas la colère qui monte de nos campagnes, il ira au-devant de graves problèmes. Les agriculteurs se sentent abandonnés et humiliés. Ils ont besoin d’autres discours de la part d’un président de la République qui leur tourne le dos et d’un ministre de l’agriculture qui n’a rien compris à la situation actuelle en France.


Protéger les terres agricoles

Après le rachat de 3000 hectares de terres agricoles par des investisseurs chinois dans l’Allier et l’Indre, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de signer un avenant à la convention qui lie la collectivité à la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural). Pour éviter ce phénomène, plusieurs leviers seront actionnés : favoriser les installations de jeunes agriculteurs (préemption du foncier, accompagnement de projets complexes), mise en place d’un réseau de surveillance (élus locaux, création d’un numéro de téléphone spécifique et d’un logiciel de détection des ventes destiné à alerter la Safer). Une enveloppe supplémentaire de 450.000 € sur trois ans est prévue pour le développement et la mise en application du logiciel. « Avec cette convention, nous pourrons faire de l’anticipation, un élément essentiel », selon Jacques Chazalet, président du conseil d’administration de la Safer.

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