Jean-Frédéric Chibret « Le fait d’être indépendant nous permet d’avoir une vision à long terme »
[caption id="attachment_224657" align="aligncenter" width="800"] « A l’horizon de cinq ou dix ans, il faudra que nous soyons présents aux Etats-Unis », affirme Jean-Frédéric Chibret, président des laboratoires Théa.[/caption] Info – Théa en quelques chiffres, ça représente quoi aujourd’hui ? Jean-Frédéric Chibret. – Nous avons 1100 salariés dont 280 sont basés à Clermont. Nous possédons une trentaine de filiales à l’étranger. Le chiffre d’affaires de l’année 2018 devrait atteindre 520 millions d’euros. Nous avons deux moteurs de croissance, d’un côté l’innovation, avec l’introduction de nouveaux produits, et de l’autre le développement à l’international. Je rappelle que nous sommes une société familiale indépendante, 100 % dédiée à l’ophtalmologie, le numéro 3 en Europe. Nous sommes spécialisés sur le segment antérieur (la surface oculaire) avec une gamme très variée de produits. Nous couvrons l’ensemble des gammes thérapeutiques et l’ensemble des besoins de l’ophtalmologie. I. – Qu’en est-il de vos filiales à l’étranger et quel est le process pour en ouvrir une ? J.-F. C. – Au début des années 2000, nous avons construit tout un réseau de filiales en Europe que nous avons consolidé au fil des ans. Pour ouvrir une filiale, le plus dur à 80 %, c’est de trouver la bonne personne ou le bon distributeur. Si Théa apporte les produits et la philosophie générale, c’est le patron de la future filiale qui sera en charge de recruter les équipes et mettre en œuvre la stratégie locale. On peut procéder de deux manières. Soit on crée une filiale de toute pièce, un processus difficile, long, car il y a beaucoup d’inertie dans la pharmacie. Il faut bâtir une crédibilité, recruter des visiteurs médicaux, rencontrer les ophtalmos, etc. Avec un énorme travail juridique et réglementaire à la clé. Soit l’on décide de racheter des gammes de produits existantes ou bien de racheter directement nos distributeurs. Ce modèle, que l’on a développé, permet d’aller plus vite. Après avoir ouvert des filiales en Russie il y a 5 ans, puis au Mexique et au Moyen-Orient, nous avons ouvert cette année le Canada, le Chili, l’Irlande et la Roumanie. I. – Quels sont vos projets pour 2019 ? J.-F. C. – A l’international, nous allons certainement racheter notre distributeur en Bulgarie. Sinon, nous débuterons en 2019 les travaux d’agrandissement de notre laboratoire de recherche de Clermont-Ferrand. 1400 m² supplémentaires de locaux vont être construits sur le site du Brézet. En termes de développement, nous ne sommes pas très présents en Asie, en Chine et en Inde notamment. Ce sont deux marchés compliqués où de nombreux laboratoires ont perdu beaucoup d’argent. Nous regardons mais ce n’est pas une priorité. En ce qui concerne les Etats-Unis, un gros marché, nous n’avons pas encore trouvé le moyen d’y pénétrer. A l’horizon de cinq ou dix ans, il faudra que nous soyons présents là-bas. Mais notre philosophie consiste à ne pas aller trop vite, à faire les choses bien. I. – Quel est votre plus grand défi en matière d’ophtalmologie dans les prochaines années ? J.-F. C. – Pour l’instant, nous ne sommes pas présents sur le segment postérieur (la rétine). On envisage de rentrer un jour sur ce marché. Pour cela, on se tourne vers « l’open innovation », c’est-à-dire en développant des collaborations avec des universités et des start-ups qui utilisent des technologies différentes mais complémentaires des nôtres. Par exemple, nous menons un projet spécialisé dans les greffes de cornée en partenariat avec l’université de Saint-Etienne. I. – Quelques mots sur la Fondation Théa ? J.-F. C. – Elle a été créée en 2012 en parallèle de l’activité des laboratoires. Elle est présidée par le professeur Serge Resnikoff. Nous avons deux lignes directrices, la formation des ophtalmos et des aides-soignants africains et la lutte contre le trachome en Afrique francophone et lusophone. On finance ainsi des programmes au Tchad, au Mali ou au Nord Cameroun… I. – Cela fait dix ans que vous avez pris la présidence de Théa, quel bilan faites-vous ? J.-F. C. – Il y a déjà eu pas mal de chemin parcouru. La société s’est bien internationalisée et nous avons développé une belle gamme de produits, notamment dans le glaucome. On vient de devenir numéro 1 sur le marché de la sécheresse oculaire. Même si la société grandit, on souhaite garder notre réactivité et cet esprit d’entrepreneur de proximité. Nous avons un actionnariat ramassé, familial (son oncle Henri, sa tante et lui-même). Le fait d’être indépendant nous permet d’avoir une vision à long terme. Nous avons une stabilité des équipes, une consistance dans les prises de décision et dans la stratégie d’entreprise.
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