Magalie Besse a reçu le Prix Michel-de-l’Hospital pour son travail sur les transitions démocratiques. Elle est désormais publiée.
« Les transitions constitutionnelles démocratisantes. Analyse comparative à partir de l’expérience du Bénin. » Tel est l’intitulé de la thèse de doctorat en droit public récompensée par le prestigieux Prix Michel-de-L’Hospital. Son auteur, Magalie Besse, est directrice de l’Institut Universitaire Varenne depuis 2013.
Pour produire cet épais volume (850 pages !), cette Clermontoise d’origine, qui vit aujourd’hui à Bayonne, aura mis une dizaine d’année. « Ce fut une leçon de persévérance » insiste-t-elle, précisant ne plus être « la même personne » qu’au début de ses recherches.
Mais de quoi parle-t-on au juste ? « L’objectif, c’était de voir si le droit constitutionnel peut collaborer à la réussite des transitions démocratiques. La réponse, c’est que paradoxalement, les outils du droit constitutionnel, comme l’élection au suffrage universel ou le vote à la majorité, ne sont pas les meilleurs, contrairement à l’inclusion – c’est-à-dire la participation de tous les acteurs de la société en transition, y compris les anciens dictateurs – et la négociation des décisions. »
« Pouvoir être lu, toucher du monde »
Pour François Crépeau, professeur à la faculté de Droit de l’Université McGill au Canada et parrain de ce Prix, Magalie Besse a démontré que nous avons beaucoup à apprendre des transitions constitutionnelles du Sud. « C’est un des grands apports de cette thèse » a-t-il déclaré lors de la cérémonie. Spécialiste des migrations et des droits des étrangers, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’Homme des migrants, il précise que cette étude « très fine et très détaillée » a aussi le mérite de contribuer à lutter contre « les voix nationalistes et populistes. »
La publication de cette somme résonne comme une récompense, sinon une consécration, pour Magalie Besse. « C’est presque irréel tellement c’est attendu. C’est un peu comme la soutenance : on la fantasme pendant plusieurs années. Mais le livre, c’est encore autre chose : c’est la chance de pouvoir être lu, de pouvoir toucher du monde. »
Un travail utile
Reste à savoir quelle peut être la portée concrète de cette étude scientifique très poussée… Magalie Besse se montre modeste. En plus d’apporter une pierre supplémentaire à l’édifice de la connaissance, il n’est pourtant pas impossible que cette thèse soit utilisée par les pays en cours de transition démocratique pour prendre des bonnes décisions. En ce sens, elle est donc profondément utile.
« Il faut bien comprendre qu’une transition va très vite. Les acteurs ne sont pas nécessairement formés ou préparés. Ils se retrouvent à devoir prendre des décisions importantes dans des situations d’urgence ou d’incertitude » rappelle la chercheuse auvergnate. Sa distinction lui a été remise il y a quelques jours par la conseillère départementale Dominique Briat, en présence entre autres des représentants du Centre Michel de l’Hospital et de l’Ecole de Droit.
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