Jean-Claude Saurel « On transmet le virus très tôt aux enfants »
[caption id="attachment_225986" align="aligncenter" width="762"] Jean-Claude Saurel se félicite de « l’extraordinaire composition » du public du festival © E. Thérond[/caption] En 2020, date à laquelle son mandat son termine, il aura présidé le festival du court métrage pendant 21 ans. Jean-Claude Saurel revient sur cette expérience et son amour pour le 7ème art. Comment faire venir au court métrage des non-cinéphiles ? Ou des néo-Clermontois ? Ils sont évidemment les bienvenus. C’est vrai que quand on ne connaît pas le festival, qu’on n’est pas cinéphile, il y a l’aspect positif, celui de la découverte, mais aussi l’aspect négatif : si on tombe sur une mauvaise séance, ou dans une longue file d’attente, on ne revient plus. Je conseille souvent à ces personnes d’aller voir la séance « coups de cœur » post-festival pour découvrir ce genre cinématographique à part. Elle a l’avantage de présenter des films primés ou remarqués. C’est idéal pour se mettre dans le bain ! Très bien, mais du coup, ils ne viendront pas au festival cette année… Ils viendront l’année prochaine. Le décalage n’est que d’un an (il rit) ! Que leur diriez-vous pour qu’ils viennent cette année ? Venez découvrir ! Non seulement la cinématographie qu’on présente, mais aussi l’ambiance très chaleureuse du festival. Cette semaine est exceptionnelle. Il s’y passe beaucoup de choses. Nous avons fait des statistiques : le taux de renouvellement du public est assez important, de l’ordre de 20 %. Son extraordinaire composition est aussi liée au fait qu’on transmet le virus très tôt aux enfants. Ce festival, c’est aussi le Cannes du court métrage… Quelle est sa fréquentation ? Depuis deux ans, nous avons dépassé la barre des 160.000 entrées. L’an dernier, c’était 165.000. Pour accueillir le public dans de meilleures conditions, nous attendons beaucoup de l’ouverture du lieu identitaire de la Scène nationale. Il faut aussi rajouter l’aspect professionnel : l’an dernier, nous avons délivré 3.500 accréditations. L’aspect économique, représenté au marché du film court, est important. Combien de films reçus cette année ? Nous en avons reçu 9.300 - un record - et sélectionné 161 pour les trois compétitions (Internationale, Nationale et labo, NDLR). Combien de bénévoles sont impliqués dans l’évènement ? Entre 300 et 400. Nous les recrutons jusqu’à la veille du festival. Avec la modification du cycle des études, qui sont plus courtes, c’est un peu plus difficile de fidéliser les étudiants. Mais on y arrive ! Même s’il reste dominé par ce contingent, notre bénévolat a un profil équivalent au public, c’est-à-dire un mélange de générations et de classes sociales. Quelques retraités s’engagent aussi… Comme vous ? Mon mandat se termine en 2020. J’en suis à mon septième ! En 2020, cela fera 21 ans que je suis président du festival. Je suis tombé dedans en 1982. Je suis devenu un spectateur fidèle, un compagnon de route. J’ai connu les fondateurs, Antoine et Georges, dans le cadre du CCUC (Cercle cinématographique universitaire de Clermont-Ferrand, NDLR) On se connaissait depuis 1975. Le court métrage, c’est une partie de ma vie, c’est certain. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette mission ? J’ai découvert beaucoup de choses. L’élément qui me séduit le plus, c’est peut-être le fonctionnement collégial. Cela m’a enrichi. J’ai beaucoup appris. Mais ma principale motivation, c’est la passion pour le genre cinématographique, tout ce qu’on porte comme valeurs. Et les rencontres. Enormes. Avez-vous été marqué par certaines éditions du festival ? Bien sûr. Dans le cadre du centenaire du cinéma, en 1995, Antoine Lopez avait monté sa fameuse rétrospective, avec les 100 courts métrages les plus emblématiques. Sur un autre registre, nous avons connu une édition particulièrement animée en 2004 avec la crise de l’intermittence. Je me souviens aussi de la venue de Jean-Jacques Aillagon en 2003 : c’est le seul ministre de la Culture qui soit venu à la séance d’ouverture. Je me souviendrais toujours de la séance d’ouverture des 30 ans en 2008. Nous avions distribué aux 1.400 spectateurs une papillote. Tout le monde l’a ouverte en même temps. Sur la scène de la Maison de la Culture, l’onde sonore était très particulière… Il y a eu aussi le jumelage avec Groland en 2012… En effet ! Il s’est déroulé en deux phases : l’une place de Jaude par -5°c, l’autre à la Coopérative de mai, avec feu le président Christophe Salengro. Ça valait des points. C’est aussi un grand souvenir. Chaque année, vous faites une arrivée théâtrale à la séance d’ouverture… J’ai commencé à vélo. Puis avec un casque d’astronaute. Déguisé en cuisto. Cette année, on prépare un déguisement en lien avec la rétrospective sur le Canada. Qu’en est-il du financement du festival ? Nous allons signer une convention pluripartite et pluriannuelle pour stabiliser et renforcer le financement public du festival, afin de garantir son avenir et sa pérennité.
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