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Nicolas et Mathieu Sigaud - Judo connexion !

21h13 - 27 janvier 2019 - par Info Clermont Métropole
Nicolas et Mathieu Sigaud - Judo connexion !
- © SPOR_SIGAUD_BROTHERS

[caption id="attachment_226014" align="aligncenter" width="800"] Mathieu Sigaud (à gauche), 42 ans, alias « Le Chat », et Nicolas, 47 ans, alias « La Ronce », dans le dojo de la salle Pladner à Aubière. Le premier préside le club depuis 10 ans, le second entraîne et vient d’obtenir son 6ème dan.[/caption] L’un est président, l’autre entraîneur. Chacun son rôle. Au Judo Club Aubiérois, au sein du complexe Emile-Pladner, ils sont évidemment connus comme le loup blanc. Car ces deux-là sont unis par le sang. Les frères Sigaud ? Deux caractères bien trempés. Entiers. Un peu trop diront certains… Qu’importe. Voilà deux hommes qui ne transigent pas sur les valeurs, l’esprit de justice, la loyauté. Le judo, ils sont tombés dedans tout petit. Grâce à leur père Christian, un rugbyman très attaché aux valeurs du sport. La figure paternelle leur a également inculqué le goût de l’effort… « Il nous a dirigés vers cette activité car nous étions un peu turbulents », affirment de concert les frangins, petit sourire en coin. Doux euphémisme. Après avoir fait leurs armes à l’Ecole clermontoise de judo (Stade Clermontois), tous deux vont gravir les échelons. Nicolas un peu plus rapidement. Champion d’Auvergne dans toutes les catégories chez les jeunes, il décroche sa ceinture noire à 15 ans. Mathieu, lui, sera champion d’Auvergne chez les benjamins et les seniors. Rien d’étonnant… « Nicolas était un passionné, j’étais un suiveur. Le judo avait plus une vocation ludique chez moi », analyse le petit dernier, qui toise pourtant son grand frère par la taille. L’aîné, compétiteur dans l’âme, se souvient : « enfant, j’avais été capté par l’aura que pouvait avoir le prof sur ses élèves. » L’enseignement et la transmission constitueraient la trame de sa vie. En 1994, des résultats prometteurs auraient dû le conduire vers le pôle Armée Judo de Marseille, dirigé à l’époque par Jean-Paul Coche. Hélas. « La maladie me tombe dessus. » Verdict ? Leucémie. Après des traitements lourds, au fil des semaines et des mois, Nicolas glisse peu à peu vers l’abîme. Ses jours semblent même comptés… Mais la vie ne tient parfois qu’à un fil. Grâce à Bertrand Rioux, il rencontre Jean-Marie Soubira, l’ancien joueur et entraîneur du CA Brive Corrèze… « Il est venu chez moi à l’occasion d’un match ASM/Brive. Il m’a expliqué son parcours qui ressemblait au mien. Il m’a donné tellement de force, un transmetteur d’espoir », rend hommage aujourd’hui le judoka. Quelques mois plus tard, Nicolas remet les pieds sur un tatami. Cathéter toujours en place. Une renaissance. « C’était essentiel. C’est dans mon kimono que j’étais le mieux », avoue pudiquement le colosse, les yeux tout embués, en repensant à son ami Soubira que la maladie finira malheureusement par rattraper au printemps 2015. Durant l’épreuve, la famille Sigaud, comme toujours, est soudée. Elle fait front. « Il fallait tricher sur ce que l’on ressentait réellement », glisse Mathieu, en repensant à cette période difficile « qui vous forge un homme ».

« LE FIL ROUGE DE MA VIE »

En 1996, avec leurs potes compétiteurs du Stade Clermontois, les frères Sigaud créent le Judo Club Aubiérois. 23 ans plus tard, l’association rassemble 165 licenciés. Mathieu assure la présidence depuis plus de dix ans. « Ça s’est fait naturellement », plaide « Le Chat », avocat généraliste de profession, qui compte de nombreux sportifs dans sa clientèle, mais aussi des clubs qui évoluent dans l’Elite et des athlètes en équipe de France. « Au fil du temps, reprend-t-il, le judo est devenu un exutoire, capable de me canaliser et d’équilibrer mon humeur. » Nicolas, professeur de sport de son état, effectue un plein temps dans les deux écoles publiques de la ville d’Aubière. Il donne aussi une dizaine d’heures de cours par semaine au dojo Pladner, de l’éveil jusqu’à la prise en charge des compétiteurs. Très apprécié, cet engagement total implique de nombreux sacrifices familiaux… « Le judo, c’est le fil rouge de ma vie. Un sport d’adaptation, dur et exigeant. Il faut des qualités mentales importantes. Cela me correspond bien », analyse La Ronce. Michel Bandon, l’une des figures du club, licencié depuis le début, ne tarit pas d’éloges sur le club d’Aubière. « C’est un peu comme une famille. Les valeurs ne sont pas galvaudées. Il y a une volonté de faire progresser tout le monde, en toute sécurité », apprécie celui qui préside l’association « Vous ne combattrez jamais seul. » Celle-ci sensibilise le grand public au don de moelle osseuse et est associée à toutes les manifestations du club.

DES STAGES DE HAUT NIVEAU

Très impliqué dans la formation des jeunes, Nicolas assure également la direction technique de l’Alliance Judo 63, une structure créée en 2007, présidée par Laurent Thévenot. Chaque année, les meilleurs éléments des différents clubs peuvent participer à des stages de haut niveau encadrés par des gloires françaises (et mondiales) du judo : Larbi Benboudaoud, Lucie Décosse, Frédéric Demontfaucon… « Nous sommes très proches. Ce sont nos amis aujourd’hui. Ils font vraiment partie de la famille », expliquent les deux frères. Depuis quatre saisons, Nicolas s’occupe en parallèle de Celtus Yossou Dovo, un judoka béninois. A la demande de la Fédération de ce petit pays d’Afrique, il est même devenu entraîneur national depuis l’été dernier. Il sera son coach lors du prestigieux Tournoi de Paris, prévu les 9 et 10 février. « L’objectif, c’est de l’amener aux Mondiaux organisés au Japon cette année, puis aux Jeux de Tokyo en 2020. Dans le berceau du judo, ce serait énorme », esquisse l’impétrant, toujours un peu incrédule par cette aventure inattendue. Décidemment sur tous les fronts, l’année 2018 a été marquée pour Nicolas par le passage et l’obtention de son 6e dan. A l’Institut du judo à Paris. Le jury de hauts gradés lui a décerné la mention « excellent ». Il y a quelques jours, il a reçu la fameuse ceinture blanche et rouge des mains de Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française. Dans la même promotion qu’un certain… Teddy Riner ! A 47 ans seulement, le parcours est exceptionnel. L’avenir ? Il s’écrira très certainement en famille autour du judo. Tout sauf un scoop. Les trois enfants de Mathieu pratiquent déjà l’art martial. Si la fille aînée de Nicolas a choisi l’équitation, son petit dernier a revêtu le kimono à l’automne dernier. La relève est assurée. Décidemment, Sigaud rime bien avec judo… Jean-Paul BOITHIAS

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