Parc des Petites Soeurs des Pauvres : les riverains mobilisés contre un projet immobilier
Dans le parc arboré des Petites Soeurs des Pauvres, côté rue Champfleuri, un projet immobilier est en cours d'instruction après la vente de parcelles par les religieuses. Les riverains s'inquiètent pour leur qualité de vie et leur environnement.
C'est un espace de verdure comme il en existe peu à Clermont-Ferrand. Dans le parc des Petites Sœurs des Pauvres, entre la rue Dumas et la rue Champfleuri, les résidents des derniers étages du Domaine des arts ont une vue à couper le souffle.
Pour Abel et Annick Bardy qui vivent en rez-de-jardin, la vue est différente mais tout aussi agréable. En ce bel après-midi d'automne, les rayons du soleil viennent baigner leur terrasse et les rosiers en fleurs sont à portée de main.
Mais cet enseignant et cette assistante maternelle à la retraite sont inquiets comme les habitants des résidences du Domaine des Arts. Pour leur qualité de vie mais aussi pour la biodiversité qui les entoure.
Un espace
vert et rare
vert et rare
Dans ce parc se dressent des cèdres majestueux. Des animaux y ont pris leurs quartiers comme les hérissons ou des chauves-souris, des espèces protégées... Un faisan a même été vu.
Mais depuis la vente du Parc par les bonnes sœurs à l'ADEF (Association pour le développement des foyers) qui a ensuite financé la réhabilitation de leur EPHAD, la donne a changé. L'ADEF, qui est une association privée à but non lucratif a pu financer ces travaux en vendant du droit à construire à Bouygues Immobilier.
Dans cette opération, la ville a récupéré le reste du parc pour un euro symbolique. « On en fait un parc public pour les habitants du quartier, un espace vert de proximité de 8 000 m2, ce n'est pas un petit square rappelle Grégory Bernard, adjoint à la mairie en charge de l'urbanisme et de l'habitat. C'est positif pour les Clermontois et cela a maintenu l'existence d'une maison de retraite historique de Clermont. J'entends le mécontentement des gens qui vont voir construire une résidence sous leurs fenêtres mais cela va permettre aussi d'installer des jeux pour enfants, d'accueillir de nouveaux logements, de nouveaux résidents et éviter d'étendre la ville. Cela va permettre aux gens du quartier de rejoindre les rues Dumas et Champfleuri et aux écoliers d'aller dans le parc. »
Des résidences (Garden City et Inten'City) construites par le groupe Bouygues Immobilier pourraient voir le jour en 2024-2025 sur une bande délimitée, le long de la rue Champfleuri.
Pour Monsieur et Madame Bardy la vue sur la nature pourrait se transformer en vue sur un mur... Pour les habitants situés en face de ce parc, ou les écoliers de l'établissement Jean Butez, le décor ne serait plus la même...
« On a vécu deux ans ici, mon mari était enseignant à Jean Butez puis nous sommes revenus en 2012, il y avait que des petites maisons explique Annick Bardy. Quand on a acheté notre appartement, Bouygues nous avait promis que la zone verte en face de chez nous resterait verte. »
Plusieurs demandes de permis de construire en attente de validation ont été déposées par ce même promoteur.
Ce parc de trois hectares catégorisé Espace Boisé Classé (EBC) et soumis à des règles d'urbanisme en prenant en compte les espèces végétales existantes dans la construction d'un projet immobilier (distances, conservation...).
« C'est tout le quartier qui est comme ça, avec des maisons, des petits jardins. Tout disparaît depuis que nous sommes arrivés il y a quelques années regrette Sophie Barad du Collectif Champfleuri. La moindre parcelle de prairie est rasée pour mettre des immeubles. C'est pour ça que nous avons créé ce collectif, pour montrer aux riverains que quelque-chose allait se faire. On vient d'arriver, on a la chance d'avoir une maison, mais avoir une façade devant notre maison ce n'est pas ce que l'on cherchait. »
Pourtant, même si sur le site de Bouygues Immobilier les projets sont déjà visibles en 3D, rien n'est fait...
le parc
devient public
devient public
« Le Plan local d'urbanisme ne permet pas de construire sur un Espace Boisé Classé et le projet de construction se ferait sur la bande constructible, à l'Est et à l'Ouest des bâtiments existants rappelle Grégory Bernard, adjoint au maire en charge de l'urbanisme et de l'habitat. Le parc est protégé, il peut y avoir des arbres remarquables à protéger et tant que le permis n'est pas sorti, les riverains parlent dans le vent. C'est très encadré, le service d'instruction du permis de construire fait un travail précis, ce n'est pas de l'interprétation. Si le permis est délivré, il deviendra public et consultable. Là les riverains pourront avoir un recours. Le permis est en instruction mais il devra être conforme au PLU. En attendant, je ne vais pas commenter le site de Bouygues Immobilier. La parcelle est constructible, ce n'est pas nouveau. »
Les habitants de la résidence du Domaine des arts ont signé une pétition et le Collectif Champfleuri a mis une pétition en ligne. Elle a recueilli plus de 600 signatures.
Les élus du groupe Europe Écologie les Verts, dans une réponse adressée à Abel Bardy, estiment que la Ville ne peut refuser ce projet juridiquement « en raison du zonage du PLU » et politiquement non-plus « au nom de la destruction de trois hectares de nature en ville, puisque ce n'est pas la portée de ce projet et qu'à terme cet EBC devrait être ouvert aux Clermontois... »
Les Verts se disent quand même vigilants à ce que le projet ne vienne pas mordre sur les limites de l'EBC et sur la préservation des arbres qui permettent la délivrance du permis de construire.
Le promoteur est chargé de démontrer que son projet ne met pas en péril les espaces boisés déjà présents...
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