Les producteurs laitiers vent debout contre la Société laitière des volcans d'Auvergne
Mercredi 26 janvier, des dizaines de producteurs laitiers se sont réunis Place de Jaude pour protester contre les pratiques de la Société laitière des volcans d'Auvergne (SLVA), qui ne respecterait pas les contrats sur les coûts de production.
Si un tracteur, trois belles vaches laitières et deux petits veaux posés en ville ont réjoui les enfants qui passaient par la Place de Jaude, les producteurs laitiers de la région étaient tout d'abord là pour faire entendre leur voix et avaient décidé de sensibiliser le consommateur, lui aussi pris en étau dans ce problème de marge. Une banderole noire avec l'inscription « Contrat laitier non respecté = vol organisé = producteurs méprisés », rappelait le long combat des producteurs laitiers pour se faire entendre depuis 2015 et la loi Egalim 1.
« Depuis Egalim 1, des milliards ont été générés mais pour la grande distribution expliquait Sabine Tholoniat la présidente de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA 63). Chaque année il y a une inflation sur les produits alimentaires, les consommateurs la subissent et nous aussi car la part de marge reste bien au niveau des distributeurs et de quelques transformateurs. Il n'y a pas une entreprise qui paye au bon coût de production, même sur le bio et le Montagne. Personne n'est en capacité de rémunérer l'agriculteur à sa juste valeur de production. C'est pour cela que nous sommes là. »
À perte
Les 300 adhérents de la COOPAL (Coopérative laitière Auvergne Limousin) s'estiment floués par la Société laitière des Volcans d'Auvergne (SLVA, groupe coopératif Terralacta - collecteur et transformateur), basée à Theix dans le Puy-de-Dôme, qui ne respecte pas des contrats signés conjointement en 2019. Ils ont entamé une action en justice.
La nouvelle version de la loi Egalim 2 doit répondre aux critiques adressées à la première loi votée en 2017 qui n'avait pas permis, selon les agriculteurs et leurs représentants, d'améliorer leurs revenus.
Avec le nouveau texte, un agriculteur qui vend ses matières premières à un industriel établit un contrat pour une durée minimale de trois années. La loi impose que ce contrat commercial qui fixe le prix de vente soit indexé sur les coûts de production de l'agriculteur. Un éleveur qui fait face à une augmentation de l'alimentation de son détail peut également répercuter cette hausse sur le prix de vente de son lait à un industriel.
Or, plusieurs sociétés laitières vont à l'encontre de ce procédé.
« L'État nous donne le droit de proposer des contrats à notre premier acheteur explique Sabine Tholoniat la présidente de la FDSEA 63. Mais certaines entreprises comme la société laitière des volcans d'Auvergne ne respectent pas les contrats déjà signés il y a deux ans. La loi Egalim 2 nous donne la possibilité de faire reconnaître notre travail par l'intermédiaire de la mécanique de calcul de marche en avant qui part de notre propre coût de production et qui intègre notre temps passé à travailler. »
Le manque à gagner est très conséquent pour les producteurs.
« La situation pour les producteurs n'est plus tenable avoue Sabine Tholoniat. Depuis deux ans ce manque à gagner s'élève à 4,2 millions d'euros ce qui fait 15 000 euros par exploitant. Quand on se lève le matin on sait que l'on va traire les vaches à perte et ce n'est pas possible. »
Justice
Aujourd'hui, les producteurs laitiers demandent à l'État de faire respecter la loi, de contrôler et pénaliser ces entreprises qui ne respecteraient pas ces contrats. « Nous lui demandons de saisir l'administration et la répression des fraudes pour contrôler sur le terrain afin que les agriculteurs soient payés à leur juste rémunération du travail nous expliquait Sabine Tholoniat. Clermont est un point central, nous avons de bons rapports avec le Préfet Chopin, qui est à l'écoute et fait remonter les problématiques vers l'État concernant la loi Egalim 2. »
Aujourd'hui, les producteurs attendent un retour rapide dans une période où le pouvoir d'achat n'est pas à la noce.
« On veut que cela s'applique rappelle juste Sabine Tholoniat. Ce sont quelques centimes sur nos produits mais cela compte pour pouvoir vivre dignement de notre métier. »
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