Parole de Psy - Avarice
« J’ai un mari qui est presque parfait. Nous sommes mariés depuis vingt-cinq ans. La seule chose qui pose problème dans notre couple, c’est son avarice. Je vous donne un exemple : lorsqu’il m’achète un cadeau, ce qui est rare, il le fait sur « Le bon coin » ou « amazon ». Parfois aussi, il demande à ma mère quelle est la parfumerie la moins chère de la ville… » Après une aussi longue union, il est normal que vous n’idéalisiez plus votre conjoint comme aux premiers temps de votre rencontre, et que vous le regardiez avec plus de lucidité. Jadis, l’avarice était considérée comme un péché capital. Aujourd’hui encore, l’avare semble détestable et prête le flanc à la caricature. D’ailleurs, rares sont ceux qui admettent ce défaut qui, certes, gonfle la bourse mais appauvrit l’être. Il est difficile de s’identifier au grigou, car il apparaît, aux yeux des autres, comme s’adonnant à un plaisir mauvais. Freud a porté un regard différent sur le mythe de l’avare véhiculé depuis la nuit des temps, transformant ce qui était considéré comme pêché en trait de caractère, en précisant le caractère « anal » d’une telle conduite. L’avare, l’Harpagon de Molière, en est une illustration. Il accumule des sous dans sa cassette et en éprouve du plaisir ! Mais c’est la rétention qui lui procure sa véritable jouissance. Alors, chaque dépense, chaque sous qu’il perd, est pour celui qui rêve de faire fructifier son magot, un véritable supplice. Disons que l’avarice présente, sur un plan symbolique, les mêmes caractères que la constipation. Tout ce qui brille n’est pas or… Certains mots déclenchent presque un réflexe pavlovien chez lui. « Donner » lui répugne ; « je vous prête » passe mieux. « Argent » est un puissant déclencheur. Il excite ses rêves ou fait naître son courroux. Les économies qu’il espère provoquent une jubilation intérieure, une forme d’extase. L’ivresse des chiffres l’enfièvre… Aujourd’hui, vous pouvez, peut-être, vous rassurer d’avoir un tel partenaire et lui reconnaître des vertus nouvelles : le sens de l’économie, la prudence dans les investissements, la foi dans les placements, l’espérance dans les taux rémunérateurs… Il laissera ainsi en héritage une autre figure que celle de l’avare. Il ne pourrait assouplir son despotisme qu’après un long processus analytique. Parfois, les personnes qui ont un tel rapport à l’argent, parviennent à s’investir dans une occupation culturelle ou artistique. Ainsi leur attention est investit dans autre chose que ce qui constituait jusque-là leur préoccupation fondamentale. C’est une piste à explorer. Quant à vous, il vous reste à l’aimer… pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a.
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