« On veut nous faire croire que l’on fera mieux demain, avec moins de moyens » explique un syndicaliste.
Problèmes de retraite, de rémunération, d’effectifs, procédure pénale de plus en plus complexe… C’est le grand ras-le-bol parmi les policiers à Clermont-Ferrand. Lors de la récente l’audience solennelle à la cour d’appel de Riom, Joëlle Rieutort, procureur général d’Auvergne, a fait part du malaise : « 103 officiers de police judiciaire à Clermont-Ferrand et Moulins, ont demandé le retrait de leur habilitation »…
« Avant une audition, je dois faire 45 minutes de papiers, des actes de procédure », observe Stéphane Baggiani, du syndicat SGP FO police. « La redéfinition nécessaire de la légitime défense n’est qu’un élément parmi d’autres de la grogne. Je pense aussi que les juges ne sont pas laxistes. Ils ont les mêmes problèmes d’effectifs que nous. Personnellement, j’ai toute confiance dans la justice, même si elle prend parfois des décisions que je ne comprends pas ».
Fin janvier, 120 à 150 policiers (sur 450) ont défilé dans le centre-ville avec une banderole « Policiers en colère ». Une 1ère manifestation dans les rues à l’actif de l’association « Mobilisation des policiers en colère du Puy-de-Dôme, qui s’est affiliée à l’UNPI- Union nationale des policiers indépendants. Ce mouvement « asyndical et apolitique » est parti de la base, créé à la suite de l’affaire de Viry-Chatillon le 21 octobre. Deux cocktails Molotov lancés par une bande avaient incendié un véhicule de police et brûlé grièvement les policiers à l’intérieur…
Un commissariat unique pour l’agglomération
Mais le climat local s’est encore alourdi avec l’annonce de la création au 1er mars, d’un commissariat unique pour l’agglomération clermontoise. Ceux de Cournon et Gerzat deviendront des subdivisions de la nouvelle entité… Stéphane Baggioni est très clair : « On veut nous faire croire que l’on fera mieux demain, avec moins de moyens ! La zone de police autour de Clermont-Ferrand a été créée en 2003 par Nicolas Sarkozy. Treize ans après, 70 postes ont été supprimés parmi les policiers de terrain qui ne sont plus que 450. « Tous les gros dossiers judiciaires vont être rapatriés à Clermont-Ferrand et sans effectifs supplémentaires. La crainte est réelle qu’à terme, il n’y ait plus que des bureaux de police à Gerzat et Cournon, qui fermeront le soir à 18h.
« Et quand on me dit « jamais », poursuit le syndicaliste, « je sais d’expérience que cela signifie « pas tout de suite ». Je suis très inquiet pour l’avenir : les prochains mois vont être difficiles. La délinquance augmente, et les policiers sont exaspérés ».
Grève des contraventions
La grogne des policiers clermontois a pris une tournure sympathique sous forme de grève des contraventions. « L’administration tourne la tête, d’où la décision de ne plus verbaliser qui dérange en haut lieu. Les policiers républicains ne sont plus entendus par l’administration. Aussi, se sont-ils résolus à la grève des contraventions », poursuit le syndicaliste. « Malheureusement, on se sert des policiers comme de percepteurs au bord de routes. Et ça ne suffit pas : le policier qui ne verbalise pas un dépassement d’un km/h, est remplacé par des radars automatisés sans état d’âme.
La police nationale ne sanctionne plus un téléphone au volant, une ceinture non attachée, ou un feu passé à l’orange tardif. Cerise sur le gâteau, le véhicule banalisé équipé d’un radar embarqué n’a pas quitté le commissariat central depuis novembre. Le manque à gagner pour l’Etat s’élevait fin janvier à 750.000 euros, au rythme de 250.000 euros par mois ! Un montant impressionnant prélevé sur le pouvoir d’achat des Clermontois. Et qui ne comprend pas les verbalisations de la police municipale, et des gendarmes en dehors de l’agglomération… Chacun constatera que l’absence de verbalisations depuis trois mois ne s’est pas traduite par une vague d’accidents, ou de décès au volant.
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