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Julie Duvert « La démocratie participative est un sujet apolitique, qui réunit tout le monde, toutes les sensibilités »

09h24 - 14 avril 2017 - par Info Clermont Métropole
Julie Duvert « La démocratie participative est un sujet apolitique, qui réunit tout le monde, toutes les sensibilités »
- © ITW - photo J.Duvert (002)

Galvaudée la démocratie de proximité ? Julie Duvert, adjointe en charge de cette délégation à Chamalières, se bat pour la remettre au cœur du débat. Convaincue que la proximité est un premier pas vers la moralisation de la vie publique. I – Qu’est-ce que la démocratie participative ? J. D.C’est une nouvelle manière de voir la politique locale et l’action publique, mais aussi de la construire plus efficacement. Il s’agit de donner la parole, de confronter les idées des uns et des autres, de croiser les compétences, de valoriser les talents et d’optimiser le potentiel de chacun pour faire émerger le meilleur. Souvent, la démocratie participative permet de faire évoluer des idées individuelles vers des propositions d’intérêt général. D’une manière générale, je pense que les grands projets n’ont aucune chance de succès s’ils ne sont pas portés collectivement. Les problèmes arrivent quand on ne concerte pas. C’est très important d’associer la population. C’est ce qui me passionne dans cette délégation. I – De quels outils disposez-vous pour faire vivre le débat à Chamalières ? J. D.Le maire Louis Giscard d’Estaing avait par exemple mis en place un conseil économique et social municipal en 2009. C’était la première structure de ce type dans la région. Son objectif était de réunir des représentants du monde associatif, des commerçants, des salariés, des anciens élus, bref, un panel représentatif de la population, chargé de se prononcer, d’émettre des préconisations, pour améliorer la vie de la cité. Avant d’être élue, je me suis investie dans ce conseil. J’en ai été présidente déléguée pendant trois ans. Aujourd’hui, j’en suis la référente, mais j’interfère le moins possible dans ses travaux. I – Des comités de quartier ont également été créés… J. D.En effet. Ils ont été mis en place en 2014, alors que ce n’était pas une obligation. Le but était de créer de la proximité, du lien, entre la ville et les habitants. Le tout de manière réciproque. Cette structure a vraiment répondu à une attente. Je précise que ces outils ne coûtent presque rien : ils sont basés sur la bonne volonté de ceux qui s’y impliquent, avec toujours une perspective d’intérêt général. Dans le même temps, nous nous sommes engagés à avoir une véritable traçabilité, une transparence de toutes les requêtes formulées. Un tableau de suivi des demandes a même été créé… Je m’étais engagée dès le départ à apporter des réponses à toutes les questions posées. I – Après trois ans d’existence, quel est le bilan de ces comités de quartiers ? J. D.Ils fonctionnent très bien. Les dix comités comptent près de 150 membres. La démocratie participative vit grâce à leur engagement. 99 réunions ont été organisées, avec un taux de participation global de 73,7 %. 615 demandes ont été traitées. Preuve de la pertinence et de la légitimité de cet outil, 82 % des membres souhaitent renouveler leur participation pour trois ans. Pour s’engager, il faut simplement faire acte de candidature auprès du maire. Nous ne cherchons ni des béni-oui-oui ni des gens qui s’inscrivent dans un contre-pouvoir. Il faut trouver le bon équilibre. C’est la méthode la plus constructive. I – Sur quoi portent les requêtes formulées ? J. D.Principalement, le cadre de vie : voirie, stationnement, circulation, propreté urbaine… Ce genre de requête peut facilement être rectifié afin de faciliter le quotidien de tout un chacun. Nous essayons toujours de trouver des solutions, sachant que nous avons des contraintes techniques, règlementaires et budgétaires. Nous avons aussi quelques demandes sur la sécurité, mais pas énormément. Quand il y a des gros problèmes, les gens appellent directement la police municipale. I – Quelle est votre feuille de route pour les mois à venir ? J. D. - Déjà, poursuivre le travail engagé. Mais aussi, multiplier les actions participatives dans les quartiers. Par exemple, dans deux rues, nous avons cédé les pieds d’arbres aux riverains, avec un accompagnement. Cela fonctionne bien. Le but n’est pas de se substituer aux agents, mais de créer du lien social tout en se réappropriant l’espace public. L’an dernier, nous avons également organisé une journée de la citoyenneté et de la convivialité. Nous allons le refaire cette année. La démocratie participative devrait réconcilier beaucoup de monde avec le débat public. I – Cette notion n’est-elle pas marquée à gauche ? J. D.Non. Chamalières est une ville historiquement à droite, et nous sommes assez exemplaires en la matière. D’ailleurs, d’autres villes viennent nous voir pour savoir comment on travaille. La démocratie participative est un sujet apolitique, qui réunit tout le monde, toutes les sensibilités. C’est ce qui fait la force et la richesse des débats. Quand on explique les choses, les gens comprennent. Cela montre qu’il y a un vrai besoin de transparence dans l’action de la collectivité. C’est aussi un premier pas vers la moralisation de la vie publique.

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