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Logement social : la colère gronde

09h54 - 30 octobre 2017 - par Info Clermont Métropole
Logement social : la colère gronde
Les bailleurs sociaux ont exprimé leur désaccord il y a quelques jours à la maison de l’Habitat © Emmanuel THEROND - © STYL_USH

[caption id="attachment_219203" align="aligncenter" width="640"] Les bailleurs sociaux ont exprimé leur désaccord il y a quelques jours à la maison de l’Habitat © Emmanuel THEROND[/caption] L’Union Sociale de l’Habitat Auvergne tire la sonnette d’alarme suite aux annonces du Gouvernement. Ce jour-là, la salle de conférences de la Maison de l’Habitat à Clermont-Ferrand était pleine à craquer. Il y avait des élus, des chefs d’entreprises, des associations, des représentants de locataires… Tous ont répondu à l’appel de l’association régionale Auvergne de l’Union Sociale de l’Habitat (1) (USH), particulièrement remontée – c’est peu de le dire - contre la réforme du logement annoncée par le Gouvernement.

Un manque à gagner de 29 M€/an

Pour compenser la baisse mensuelle de 5 € de l’APL (Aide Personnalisée au Logement), il est en effet demandé aux organismes HLM de réduire leurs loyers de 50 à plus de 100 € par mois. Résultat ? Une perte de recettes évaluée à 29 millions d’euros chaque année en Auvergne. « Cela équivaudrait à 1.000 logements non construits, 4.800 logements non réhabilités dont 1.800 dans les quartiers prioritaires » s’alarmait, lors de ce temps d’échanges, Fabrice Hainaut, président de l’USH. En comptant les dommages collatéraux (diminution des commandes dans le BTP, des contrats de prestataires, des opérations pour les collectivités…) les sommes non investies dans l’économie locale se chiffreraient (selon l’USH) entre 100 et 160 millions d’euros. 1.600 emplois pourraient être perdus dans le BTP. Certes, pour les bénéficiaires de l’APL, une baisse de loyer n’est pas une mauvaise nouvelle. Mais à quel prix ? Avec des recettes en moins pour les organismes, la qualité de service pourrait se dégrader, ce que confirme Michel Inçaby, président de l’association CLCV Puy-de-Dôme (Consommation, Logement et Cadre de Vie) dans un courrier envoyé aux députés : « Nous, citoyens-locataires, ne sommes pas dupes d’une opération laissant entrevoir une baisse des loyers pour les bénéficiaires de l’APL, car la charge du logement dans le budget des ménages ne variera quasiment pas. A l’inverse, nous sommes conscients des conséquences immédiates de telles mesures : moins d’entretien, moins de travaux, moins de construction. » Bien sûr, le Gouvernement a annoncé des contreparties pour les organismes HLM, comme le gel du taux actuel du livret A pendant 2 ans, l’allongement de la durée des prêts ou la vente du patrimoine actuel. Mais pour l’USH, c’est insuffisant. Voire totalement inutile. Soutenus par des élus, les intéressés demandent donc le retrait de ces dispositions et une politique publique du logement « renouvelée et concertée ».

« Ce qui se joue, c’est un modèle de société »

« Ce qui se joue, c’est un modèle de société. Depuis la fondation du logement social, les plafonds de ressources sont relativement élevés pour faire cohabiter différentes catégories de populations, dans différents immeubles et quartiers, pour éviter les phénomènes de ghettoïsation. Mais depuis l’arrivée de Christine Boutin [au Ministère du logement en 2007, NDLR] ce consensus républicain commence à être laminé. Mais ce n’était rien par rapport à ce qui vient d’être annoncé… On sape les fondements républicains du logement social » s’insurgeait Dominique Adenot, président du Grand Clermont, à la Maison de l’Habitat. Valérie Bernard, présidente de l’Ophis du Puy-de-Dôme et conseillère municipale à Clermont-Ferrand, se dit quant à elle « choquée » de voir que le Gouvernent demande un effort de 1,7 milliard d’euros aux bailleurs sociaux tout en faisant un cadeau fiscal de 3 milliards d’euros aux plus fortunés. Pour Odile Vignal, vice-présidente de Clermont Auvergne Métropole en charge de l’Habitat, il est important de prendre « tous les moyens à notre disposition » pour faire reculer le Gouvernement. « Je suis furieuse ! » a-t-elle lancé aux personnes présentes. D’autres ont rappelé que certains organismes pourraient mettre la clé sous la porte. Et que paradoxalement, leur nombre en France est nettement inférieur à celui d’autres pays européens.

Le logement social en Auvergne

73.000 logements

1.405 salariés

24 organismes

123.000 personnes logées

46 % sous le seuil de pauvreté

27.000 demandes en cours

259 M€ d’investissements dans l’économie locale

3.000 emplois induits dans le BTP

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