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80 km/h sur les routes, les automobilistes mécontents

16h53 - 15 janvier 2018 - par Info Clermont Métropole
80 km/h sur les routes, les automobilistes mécontents
- © ACTU_ROUTE_80_A

[caption id="attachment_220404" align="aligncenter" width="800"] Pour beaucoup d’observateurs, il faudrait davantage sécuriser le réseau routier mais cela coûte beaucoup d’argent (© Archives V. Uta - Info)[/caption] Alors qu’elle doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain, la mesure phare annoncée par le gouvernement cristallise le mécontentement de nombreux conducteurs. Morceaux choisis… Alors que les « Stars 80 » font un tabac partout en France, les « Panneaux 80 », eux, vont rassembler bien moins de suffrages. De nombreux automobilistes, pris une fois encore pour des vaches à lait, sont même vent debout contre l’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/heure sur le réseau routier secondaire. Rencontré place de Jaude, à Clermont, Romain ne décolère pas et peste déjà contre « les machines à fric (radars : NDLR) de l’Etat qui ne vont pas manquer de tourner sur les routes pour ponctionner un peu plus les conducteurs. » Ambiance, ambiance… L’association 40 millions d’automobilistes, qui se battait depuis de longues semaines au plan national contre cette mesure, est catégorique. « Le seul pseudo-argument avancé par les défenseurs de cette mesure est un théorème mathématique élaborée par un chercheur suédois dans les années 1980, l'inconvénient principal de cette étude étant qu'elle ne prend en compte ni les réalités actuelles de l'état des routes, ni les performances des véhicules modernes en matière de sécurité, ni le comportement qu'induit une limitation de vitesse à 80 km/h non comprise par les usagers. Il suffit de regarder ce qu’il se passe chez nos voisins pour s’en convaincre : les britanniques roulent à 97 km/heure et ont moins d’accidents, les Allemands à 100 km/heure et dénombrent moins de tués sur les routes. Pourquoi faut-il toujours que la France se pose en exception et n’agisse en matière de sécurité routière que par la répression et la sanction ? On voit bien que cela ne fonctionne pas. Cette décision est en plus absurde parce qu'elle ne repose sur aucun fondement », s’insurge Daniel Quéro, le président de l’association. [caption id="attachment_220405" align="aligncenter" width="730"] René Souchon se dit « en colère contre ces technocrates qui font prendre des mesures aveugles au gouvernement » (© Archives Info)[/caption]

RENE SOUCHON EN COLERE

L’ancien président de la Région Auvergne, René Souchon, se dit même « en colère contre ces technocrates qui font prendre des mesures aveugles au gouvernement. » L’ancien édile rose y voit « une pénalisation de plus pour les territoires ruraux qui n’ont pas d’autoroutes comme le Cantal » et prédit in fine, « beaucoup d’excès de vitesse donc beaucoup plus de PV. » Jean-Pierre Brenas se dit lui aussi opposé à cette mesure qui « ne produira pas de résultats ». Pour le conseiller municipal et régional, l’enjeu est ailleurs… « Il faut sécuriser le réseau routier secondaire mais cela demande plus de courage et de moyens. » L’élu craint également que les personnes qui vivent dans les zones péri-urbaines et rurales soient les plus touchées en raison « de temps de trajets rallongés ». Finalement, il voit dans cette réglementation « une mesure de l’ancien monde » alors qu’il faut « miser sur le véhicule intelligent » pour améliorer la sécurité routière. Max Mamers, le patron du Trophée Andros, estime pour sa part que cela ne servira à rien. « Nous sommes sur des problèmes structurels. Les accidents ont souvent lieu aux mêmes endroits, dans des zones où il faudrait vraiment abaisser la vitesse. » Même son de cloche chez Nathanaël Berthon. « Ce n’est pas une bonne idée. C’est sur les autoroutes, où l’on roule le plus vite, qu’il y a le moins d’accidents. Le problème est ailleurs », analyse le pilote clermontois. Claude Michy, lui, estime qu’il faudrait mettre de vraies règles. « Le 80 est un écran de fumée. Pendant ce temps, on ne s’attaque pas aux vrais problèmes comme l’état du réseau routier, l’alcool qui cause 30 % des décès ou la consommation de stupéfiants. Il faudrait une tolérance 0. » Evidemment, ce changement aura également des conséquences financières pour les départements, en charge de l’entretien d’un grand nombre de routes. Même si le conseil départemental du Puy-de-Dôme indique que le nombre de panneaux est plus restreint que ce que l’on pourrait croire, il faut savoir que le prix d’un panneau « vitesse limité à 80 km/heure » posé coûte près de 300 € ! On imagine les dépenses induites par cette mesure dans la centaine de département français. L’Etat a dit qu’il prendrait en charge le surcoût. A voir. Mais l’Etat, c’est qui au final ? Nous tous, contribuables, automobilistes… Le serpent se mord toujours la queue !
Les principales mesures annoncées Outre l’abaissement de 90 km/h à 80 de la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens, au 1er juillet 2018, le premier Ministre, Edouard Philippe, a annoncé la semaine dernière un total de 18 mesures. Citons-en quelques-unes : les forces de l’ordre pourront désormais retirer le permis d’un conducteur si celui-ci cumule l’utilisation du téléphone au volant et la commission d’une infraction ; toute personne contrôlée positivement à des stupéfiants ou à un taux d’alcool dans le sang supérieur à 0,8 gramme verra son véhicule placé immédiatement en fourrière et ce, pour une durée de sept jours ; une personne dont le permis aura été retiré pour la deuxième fois pour alcoolémie ne pourra le récupérer qu’en équipant son véhicule d’un éthylotest anti-démarrage et en se soumettant à un suivi médical ; des sanctions plus lourdes seront également appliquées pour les automobilistes en cas de non-respect des passages piétons.

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