Mathias Bernard « Cette réforme ne met pas en place une sélection »
[caption id="attachment_220784" align="aligncenter" width="788"] Pour lui, il s’agit de « mieux accueillir » les bacheliers à l’université © E. Thérond[/caption] Le président de l’Université Clermont Auvergne revient sur la réforme de l’accès à l’université… Peut-on vraiment parler de « sélection » à l’université ? Cette réforme ne met pas en place une sélection mais un dispositif d’orientation. En clair, l’accès de tout bachelier à l’enseignement supérieur reste garanti. Ce qui est mis en place est un renforcement de l’orientation par un lien entre les équipes du secondaire et du supérieur ; pour justement pouvoir mieux accueillir les bacheliers dans les filières universitaires en fonction de leur parcours d’origine. L’idée, c’est de dire « oui » pour ceux qui a priori auront les atouts nécessaires pour suivre tel ou tel cursus universitaire ; et de dire « oui si » à ceux pour lesquels il sera demandé d’avoir des parcours adaptés avec un certain nombre de dispositifs de remise à niveau de méthodologie ou de contenu. Le mot « sélection » n’est donc pas exact. L’idée est de davantage informer les étudiants, mais aussi d’avoir une fonction de conseil et prescription. Les capacités d’accueil parfois réduites sont aussi une forme de sélection… Bien sûr. Mais c’est un autre problème, qui existait déjà avant. Il n’a pas été créé par la loi. Dans certaines universités, il y avait des tirages au sort. A l’Université Clermont Auvergne, on ne retenait dans certaines filières que les étudiants qui avaient mis en premier vœu telle filière dans l’académie. Dans certaines universités - mais ce n’est pas forcément le cas ici - la forte pression démographique ne permettra peut-être pas d’accueillir tous les étudiants. Au vu de ce constat, la difficulté réside plutôt dans les moyens qui seront mis en œuvre pour augmenter nos capacités d’accueil. Mais c’est un dossier différent de celui du « oui », du « oui si » et des parcours adaptés… Justement, quelles sont les filières en tension localement ? Jusqu’à présent, c’était essentiellement Psychologie, STAPS (NDLR : Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) et InfoCom (NDLR : Information et Communication). Nous avons travaillé avec le ministère pour augmenter nos capacités d’accueil dans ces trois filières en ouvrant une licence 1ère année en STAPS à Vichy avec 150 places, en augmentant de 50 places nos capacités d’accueil en Psychologie et en créant un DUT InfoCom de 56 places. Nous nous sommes donc donnés les moyens de ne pas laisser de futurs étudiants sur le carreau. Que dîtes-vous à ceux qui s’opposent à la réforme ? Je peux comprendre leurs inquiétudes, car il y a un changement dans le traitement des dossiers. Je partage aussi l’interrogation sur les moyens nécessaires pour pouvoir accueillir dans les meilleures conditions les bacheliers qui en font la demande. Par contre, je peux affirmer que l’Université Clermont Auvergne ne s’engage pas dans cette réforme avec une volonté masquée de sélectionner les étudiants, mais avec une volonté de leur donner les meilleures chances de réussite. Combien l’université devra-t-elle traiter de dossiers ? C’est difficile à dire, car nous n’avons pas d’antériorité. Mais le chiffre sera important. Cela étant, les futurs étudiants ne feront plus que 10 vœux contre 30 auparavant. Des équipes seront chargées de vérifier si les étudiants possèdent les « attendus » demandés. Mais pour la rentrée 2018-2019, nous ne pourrons pas mettre les parcours adaptés dans toutes les filières, car cela demande de l’organisation et de la logistique. Quand ce « oui si » ne sera pas possible, ce sera donc un « oui ». Il n’y aura donc pas beaucoup de changements pour les étudiants. Encore une fois, nous ne sommes pas dans une logique de tri ou de sélection.
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