Cel Jean-Philippe Rivière : « L’enjeu pour nous, c’est de maintenir et de pérenniser les unités territoriales pour le secours de proximité »
Il a pris la direction du SDIS (Syndicat départemental d’incendie et de secours) du Puy-de-Dôme depuis le 1er septembre dernier, après avoir dirigé celui du Cantal pendant cinq ans. I. – Que représente en termes de moyens humains le SDIS 63 ? Jean-Philippe Rivière – Il faut définir quatre catégories en fait. Les sapeurs-pompiers professionnels sont au nombre de 462, les pompiers volontaires sont 3781, dont 151 membres du service de santé médicale. A cela s’ajoute 163 personnels administratifs et techniques et je n’oublie pas les 319 jeunes sapeurs-pompiers, qui constituent la relève de demain. I. – Comme les autres départements, le Puy-de-Dôme a engagé des actions pour promouvoir le volontariat chez les sapeurs-pompiers ? J.-P. R. – Le modèle de sécurité civile français dépend d’une organisation mixte, avec des pompiers professionnels et volontaires. Le ratio comprend environ 80 % de sapeurs-pompiers volontaires pour 20 % de professionnels. En 2013, le président Hollande avait fixé l’objectif de tendre vers 200.000 volontaires au niveau national. En 2018, cet objectif n’a pas été tout à fait atteint puisque l’on est à 193.000. Aujourd’hui, l’objectif est demandé à tous les départements de pérenniser le volontariat. L’engagement des sapeurs-pompiers volontaires dans le Puy-de-Dôme est de 11 ans en moyenne alors qu’il est de dix ans au niveau national. L’enjeu pour nous, c’est de maintenir et de pérenniser les unités territoriales pour le secours de proximité. Si la sociologie du volontariat a évolué, il faut redonner une motivation aux gens pour devenir sapeurs-pompiers. Être pompier, c’est un engagement sur un territoire, c’est assurer une mission de proximité avec des gens que l’on connaît, c’est aussi porter une éthique avec les valeurs qui lui sont associées. A la demande du Président de la république, le ministre de l’Intérieur a lancé en janvier 2018 la mission du volontariat afin de réinventer le sapeur-pompier volontaire du 21ème siècle. I. – Comment fonctionne le dispositif des jeunes sapeurs-pompiers volontaires ? J.-P. R. – Il existe une association départementale spécifique. Celle-ci comporte 22 sections. L’une des sections est d’ailleurs rattachée à un collège, celui de la Tour d’Auvergne. Tous les ans, entre 50 et 60 jeunes intègrent un centre de secours. I. – Où en est le projet de réorganisation territoriale en bassins de couverture du SDIS 63 ? J.-P. R. –. Actuellement, il existe 169 centres de secours dans le département. 18 bassins de couvertures ont été créés. L’objectif, c’est de pouvoir mettre en place une organisation qui permette d’engager les secours les plus proches et géographiquement disponibles, tout cela avec des moyens adaptés et des sapeurs-pompiers qui ont déclaré leur disponibilité. Nous avons mené une analyse pour sectoriser le département par bassins de risques dans lesquels se trouvent les centres de secours. A l’intérieur de chaque bassin, il faut envisager la complémentarité des différents centres en termes de moyens humains et matériels. Le principe reste la complémentarité des effectifs en journée. C’est pourquoi, nous avons mis en place la gestion individualisée centralisée de l’alerte. Nous connaissons à l’instant T dans le département les capacités humaines par centre de secours pour intervenir. Aujourd’hui, nous n’alertons plus un camion, nous alertons des sapeurs-pompiers qui arment un camion pour se rendre sur une intervention. Nous pouvons donc alerter un, deux, voire trois centres par bassin. Nous gagnons du temps et nous engageons le juste besoin au niveau des personnels. I. – Des agressions de sapeurs-pompiers ont eu lieu ces derniers mois dans certains quartiers de la métropole, comment expliquez-vous cela ? J.-P. R. – Sur les deux dernières années, nous avons connu un total de 17 situations d’incivilités. 6 ont eu lieu en 2016 et 11 en 2017. Dans le détail, il y a eu six dégradations de matériel, un incendie volontaire et dix agressions verbales ou physiques. Depuis, nous avons mis en place un protocole. Dès lors que les sapeurs-pompiers sont confrontés à une situation d’incivilités, un lien immédiat est fait avec la police ou la gendarmerie. Dans un deuxième temps, un dépôt de plainte est systématiquement effectué par l’agent et le service, auquel s’associe le Préfet du Puy-de-Dôme. Plus largement, je m’interroge : pourquoi les sapeurs-pompiers sont victimes aujourd’hui de tels agissements dans l’exercice de leurs missions ? Quels sont les motifs de ces personnes ? Je n’ai pas les réponses.
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