Un herbier urbain qui en dit long

[caption id="attachment_221685" align="aligncenter" width="750"] « Je voulais laisser ouverte la possibilité à quiconque de laisser sa trace » H. Le Tellier.[/caption] L’oulipien Hervé Le Tellier révèle la poésie des détritus dans une exposition présentée jusqu’au 25 mars à la bibliothèque universitaire Lafayette à Clermont-Ferrand. Un emballage de Lion. Une canette de Coca. Un briquet Bic. Une boîte de Subutex. Un paquet de Marlboro. Il suffit de baisser la tête, dans la rue, pour dégoter des vestiges consuméristes de l’ère industrielle. Ces détritus bigarrés, piétinés, froissés, mais non dénués d’intérêt, Hervé Le Tellier a décidé de les comprimer dans de jolis cadres suédois, comme pour témoigner de l’extraordinaire banalité de notre époque. Chaque œuvre de cet « urbier » - contraction de « herbier urbain » - s’accompagne d’une drôle d’étiquette érudite et d’un haïku qui en dit long malgré ses 17 syllabes.  Il a donné lieu à un livre paru en 2010 chez Textuel. Hervé Le Tellier est un maître du bon mot. Pour lui, Herman Melville, c’est d’abord « Maudit Bic. » Coopté non sans raison à l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), cet écrivain, chroniqueur, journaliste, éditeur et linguiste est spécialisé dans la littérature sous contrainte. Celle-ci trouve sa plus belle illustration dans « La Disparition » de Georges Pérec, un roman écrit par lui mais sans « e », qui donnera plus tard « Les Revenentes », composé d’une seule et unique voyelle. Suspendues jusqu’au 25 mars* aux murs de la bibliothèque universitaire de Lafayette, toutes ces choses ont été sauvées du néant à Paris, entre la rue Jean-Baptiste Lamark (inventeur de l’herbier) et le boulevard Barbès, il y a une dizaine d’années. Mais il paraît qu’en cherchant bien, on peut les trouver dans beaucoup de bibliothèques… Ce rendez-vous à la croisée des registres est proposé par La Semaine de la Poésie, Littérature au Centre (lire notre article en p. 8), le Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique et la Bibliothèque de l’Université Clermont Auvergne. Initiative amusante : chaque visiteur peut apporter sa contribution en ajoutant le trésor du quotidien manquant à ce drôle de bric-à-brac… Entrez libres. *Horaires : 8h30 – 19h du lundi au vendredi