« Le seul sujet qui importe, c’est de sauver l’humanité »
[caption id="attachment_224230" align="aligncenter" width="800"] Paysans et musiciens, ils font du rock et du foie gras. Leur succès est international. Leur démarche militante…[/caption] Quand ils ne jouent pas aux quatre coins de la planète, ils élèvent des oies et font leur potager à Mont-de-Marsan. C’est The Inspector Cluzo. Laurent, chanteur et guitariste… Le répondeur de « Lou Casse », votre ferme, est en gascon, en français et en anglais… Mais vous ne chantez qu’en anglais ! Déjà, on ne chante pas en anglais, mais en américain. Du pur américain. C’est-à-dire la langue rurale. Pourquoi ? Parce que notre musique, c’est du blues, du rock. Cette musique est née avec cet idiome, qui comme le gascon, manque de vocabulaire, donc s’exprime par des formes elliptiques, des métaphores, ce qui le rend très poétique et romantique. Cette langue a un impact très puissant ; elle a du punch, elle tape où et quand il faut. Et faire du rock en français, la marque est déposée. Ça s’appelle Noir Désir. Le gascon, je le parle, mais quand je suis à la ferme et que je fais des choses de gascon… C’est quoi au juste, de la musique bio ? C’est de la musique jouée sans playback, en live total. Ça peut paraître bizarre, mais aujourd’hui, au moins 90 % des live sont en playback ou en semi-playback. Seuls certains groupes jouent sans artifice, avec pour seule magie l’écriture des chansons, la performance et le talent. Le virage s’est fait en deux ou trois ans. C’est choquant et mensonger vis-à-vis du public et vis-à-vis du groupe lui-même. C’est comme si vous disiez que votre tomate est bio alors qu’elle ne l’est pas… Est-ce que cet équilibre entre la ferme et la musique n’est pas difficile à maintenir ? On est dans un rapport de qualité. Nos deux domaines sont nos deux passions. C’est assez rare. L’équilibre n’est donc pas très dur à trouver. En plus, on est totalement libres. Le foie gras, on le fait comme on veut. A côté, le Label Rouge, c’est une blague ! En musique, c’est pareil, on met le paquet, on enregistre sur bandes, en live, avec des trucs analogiques, on va à Nashville. On vient de jouer à la fête de l’Huma devant près de 30.000 personnes. On est arrivé sur scène, avec quatre mains, en faisant juste des chansons. Et on a embarqué les gens. Pas besoin de mettre des vidéos derrière avec des animaux… Bon, pour l’emploi du temps, c’est vrai que c’est parfois un peu la merde. Dans nos vies occidentales, rien n’est fait pour mener les deux de front… Côté musical, vous tournez beaucoup. Comment se porte la ferme ? C’est super. Pour une fois, on tourne pas mal à l’automne. Donc on s’organise. On fait une pause entre fin octobre et mi-novembre pour nous consacrer aux fondamentaux de la ferme. En janvier, il n’y a pas de date, car c’est la période où je gave… Demain, on doit aller ramasser à la main une partie du maïs. Ça va me prendre un certain temps. Donc on est en train de s’organiser avec la cariole, le tracteur qui nous suit, tout ça… Il faut vite qu’on le récupère pour qu’il sèche. Avez-vous un message pour les ministres de la culture et de l’agriculture ? Non. Ils n’ont aucun pouvoir. Donc, ça ne nous intéresse pas. Je préfère discuter avec les gens qui font vraiment la culture et l’agriculture. C’est avec eux et ensemble qu’il faut changer. On voyage beaucoup : la terre est vraiment en train de brûler. A ce rythme-là, il n’y aura bientôt plus personne. Le seul sujet qui importe, c’est de sauver l’humanité. Si déjà t’achètes ta ferme, tu plantes tes légumes et tu te fais à manger, c’est une solution. Si tout le monde le faisait, ça changerait beaucoup de choses. Il y a de l’espoir. Pratique. A écouter : « We the People of the Soil », 6ème LP album studio. + d’infos sur www.rockfarmers.fr A vivre : La petite Coopé, 28 septembre, 20h30. Avec Lafayette Regency.
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