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Général Philippe Ott : « l’idée, c’est que le gendarme soit davantage au cœur de la cité »

00h50 - 19 novembre 2018 - par Info Clermont Métropole
Général Philippe Ott : « l’idée, c’est que le gendarme soit davantage au cœur de la cité »
- © ACTU_ITW_OTT_PHILIPPE

[caption id="attachment_225081" align="aligncenter" width="800"] « Contre les cambriolages, de simples mesures de précaution individuelle par logement sont suffisantes », assure le Général Philippe Ott. (© J.-P. B.)[/caption] Cambriolages, mise en place de la PSQ (Police de sécurité du quotidien) en zone gendarmerie, déploiement des smartphones et tablettes Néo… Le commandant du groupement départemental de gendarmerie du Puy-de-Dôme et commandant-adjoint de la région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes dresse un état des lieux de ces différentes thématiques.  Info – Que représente la Gendarmerie dans le Puy-de-Dôme en termes de moyens humains et matériels ? P. O. – Le département représente 700 gendarmes répartis sur 62 sites. S’ajoute à cela 420 « réservistes » composés d’un tiers d’anciens gendarmes et pour plus de la moitié de jeunes, soit encore étudiants, soit au début de leur vie professionnelle. Nous en recrutons environ 200 chaque année que nous formons et que nous employons en moyenne entre 15 et 20 jours par an. Ils représentent pour nos effectifs actifs un renfort incontournable. Au niveau de la structuration, nous possédons des brigades territoriales autonomes et des communautés de brigades. Globalement, ces unités sont regroupées par arrondissement au sein de compagnies établies à Riom, Clermont-Ferrand, Thiers, Ambert et Issoire. A ce titre, depuis le 1er septembre, il n’y a plus de compagnie à la Bourboule. Chaque compagnie dispose d’une brigade de recherche, avec des enquêteurs de police judiciaire, et un peloton de surveillance et d’intervention (PSIG). Nous avons en plus des unités spécialisées comme le groupe d’intervention cynophile établi sur le site de l’AIA, à Lempdes, ou l’unité de police technique et scientifique basée à la caserne des Salins. I. – Les cambriolages ont beaucoup augmenté ces dernières années, un phénomène très mal vécu par la population. Qu’en est-il sur l’année 2018 alors que le premier Ministre a annoncé une baisse lors de sa venue récente à Clermont ? P. O. – A mon arrivée en 2017, j’ai été surpris par des phénomènes nouveaux, dont cette augmentation extrêmement préoccupante des cambriolages, notamment ceux perpétrés dans les résidences principales. Les chiffres étaient inquiétants : plus 35 % en 2016, plus 15 % en 2017, avec des cambriolages très rapides, très volatiles. Il y a quelques années, ces phénomènes étaient dus à des bandes qui venaient d’ailleurs, de la région lyonnaise et stéphanoise principalement. A partir de 2015, les auteurs se sont installés sur Clermont-Ferrand et en 2016, la plate-forme clermontoise a servi de rampe de lancement pour un certain nombre de groupes organisés. Il fallait donc que nous menions un travail de fond complexe de police judiciaire. Nous avons créé un groupe de travail en octobre 2017 et fait appel à des techniques spéciales d’enquête. Cet énorme travail d’analyses a payé. En décembre 2017 et en mars 2018, nous avons mené des opérations contre deux groupes respectifs de ressortissants serbes et roumains. Pour la deuxième équipe, 12 individus ont été écroués. Au moins cent cambriolages peuvent leur être imputés, mais de nombreux faisceaux d’indices nous permettent de penser qu’ils en ont commis plusieurs centaines. Ces actions nous ont permis de réduire très nettement la courbe des faits. Par rapport à 2017, les atteintes aux biens sont en chute de 16 % cette année, nous enregistrons – 30 % de cambriolages dont – 37 % en résidence principale. Au niveau des statistiques, nous sommes revenus à des chiffres comparables à 2013. Je rappelle que contre ce phénomène, de simples mesures de précaution individuelle par logement sont suffisantes. Il faut équiper son habitation au minimum avec un système d’alarme, laisser la lumière allumée le soir si l’on absente une heure ou deux, surtout dans cette période où les jours raccourcissent. Contre les cambriolages, on a aussi besoin d’informations provenant des habitants. Signaler un véhicule suspect, relever une plaque d’immatriculation, il ne faut pas hésiter à appeler le 17. I. – Que pensez-vous du concept « voisins vigilants » ? P. O. – C’est un concept qui a été inventé par la Gendarmerie il y a 10 ans. Et puis une entreprise marseillaise de sécurité privée l’a repris et a déposé le nom. Elle développe ce concept basé sur des SMS d’alerte. Mais la Gendarmerie s’en est complètement désolidarisée. Cela ne coûte rien aux particuliers qui s’inscrivent sur cette sorte de réseau social. La société contacte ensuite les communes. L’envoi de SMS collectifs peut finir par coûter cher. C’est pourquoi, nous avons alerté les communes. Certaines sont plutôt satisfaites du système mais d’autres en sont revenues. La Gendarmerie a donc mis en place des conventions de participation citoyenne. Celles-ci ne visent rien d’autre qu’à recréer du lien social afin de faire remonter de l’information par l’intermédiaire de référents locaux. 18 communes en ont aujourd’hui signé dans le Puy-de-Dôme. Ça aussi, c’est de la Police de sécurité du quotidien. I. – Justement, comment se traduit la PSQ lancée à l’automne 2017 par le Gouvernement ? P. O. – Les gens avaient pris l’habitude de ne plus voir les gendarmes. Depuis le début de l’année 2018, on essaye de récupérer auprès de chaque unité des heures gendarmes pour commander un service contact à la population. L’idée, c’est que le gendarme soit davantage au cœur de la cité. L’objectif recherché, c’est que rien d’important ne nous échappe un jour en termes d’informations sur le territoire. Je souligne que la PSQ n’est pas une mission mais plutôt un état d’esprit et une culture métier qui a vocation à modifier en profondeur la relation des forces de l’ordre avec la population. Elle s’est déjà déployée dans le département. Nous avons créé des groupes contacts dans la plupart des unités, lesquels vont au contact de la population, des maires, des artisans et commerçants… Dans ce cadre-là, on a mis en place pour les maires une lettre mensuelle dématérialisée qui aborde l’actualité sécuritaire de la circonscription et la vie de la brigade locale. Des réunions avec les élus et la population sont également organisées. Tout ça est globalement bien apprécié. En ce qui concerne l’augmentation de nos effectifs, sur la période 2018-2020, nous aurons la création de 25 postes. Cela peut paraître peu mais je vous assure que c’est déjà beaucoup. 5 gendarmes sont déjà arrivés et ils permettent de renforcer les brigades en tension sur le plan opérationnel. Derrière la PSQ, il y a toute la réorganisation du Groupement de gendarmerie du Puy-de-Dôme, entamée cette année. Nous avons connu quelques points irritants comme la dissolution de la brigade de Saint-Dier et le rattachement des unités de la gendarmerie d’Ambert à celle de Thiers. Au printemps et cet été, nous avons rencontré les élus de ces territoires et finalement retiré du projet ces deux décisions. Stratégiquement, on ne veut pas quitter les territoires. Ce qui nous importe, c’est ce maillage. J’ai besoin de lui afin de connaître la vie locale. Enfin, à travers l’évaluation de la PSQ, il y a un concept fort, celui de l’autonomie territoriale. Jusqu’à présent, Gendarmerie ou Police, nous étions plutôt des administrations très centralisées. Mais les réalités de la gendarmerie de Riom ne sont pas forcément les mêmes à Thiers ou à Issoire. Il faut que l’on évalue par territoires ce que l’on fait. Pour cela, nous avons créé un questionnaire destiné aux élus et un autre dédié à la population (voir encadré). I. – Que vous apporte l’introduction du système Néo depuis un an ? P. O. – Le Néo, c’est en 2018 l’équivalent de l’ancien « carnet de déclaration », un document donné aux gendarmes dans les années 60 et 70 afin de les inciter à aller sur le terrain. Par la suite, le développement de l’ordinateur fixe dans les années 80 et 90 est venu rescotcher le gendarme dans son bureau. Depuis 2017, le Néo (sur smartphones et tablettes) permet au gendarme d’avoir sous la main son bureau, avec l’ensemble de ses fichiers, et toutes les bases de données nationales. Entre le 15 novembre 2017 et le 15 janvier 2018, tous les gendarmes se sont vu doter de celui-ci avec la formation qui l’accompagne. Ce smartphone a été pour les motards de la gendarmerie une révolution. Il permet aux unités de réaliser l’ensemble de la procédure. Avec lui, un gendarme peut être autonome. C’est une vraie révolution. Le Néo est consubstantiel de la police de sécurité du quotidien.


PSQ : répondez au questionnaire !

Pour évaluer les actions mises en place dans le cadre de la Police de sécurité du quotidien, un questionnaire destiné à la population et aux élus a été mis en place par la Gendarmerie. L’idée est d’obtenir cet hiver une photographie de ce que pensent les élus et les usagers de cette politique de PSQ et de refaire une étude dans deux ans afin de voir s’il y a des évolutions. Le lien vers le questionnaire est le suivant : https://frama.link/QUESTIONNAIRE-PSQ-USAGERS-PUYDEDOME . Ce sondage d’une dizaine de questions est anonyme et rapide. Il ne prend que deux minutes. N’hésitez pas…

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