Jean-Luc Lachard, président pour Auvergne-Rhône-Alpes de LCA-FFB (Les constructeurs et aménageurs de la Fédération Française du Bâtiment) dresse le bilan de l’année 2018 et évoque les perspectives 2019.
Info – Quel bilan tirez-vous de l’année 2018 chez LCA-FFB ?J.-L. L. – Au niveau national, nous avons assisté à une récession du marché. Je rappelle qu’en 2017, nous avons connu un rabotage du prêt à taux zéro et une suppression de l’APL Accession, deux mesures qui ont impacté directement l’acte de construire. Si l’on résonne sur le marché de la maison individuelle en secteur diffus, on constate que l’on a eu deux années de croissance, en 2015 et 2016, une année de stabilisation, à savoir 2017, et une baisse l’année dernière. Cette tendance est aussi liée à un fléchissement du moral des ménages. Concrètement, les ventes brutes de maisons ont reculé de 11 % en 2018. Sur la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la régression se chiffre à 15 %. On constate donc que les aides ont baissé et dans le même temps, le coût de la construction a augmenté. A titre d’exemple, le prix moyen d’une maison en secteur diffus, tous secteurs confondus, atteint actuellement 172.200 € hors foncier pour 121 m². En 2010, ce prix était de 141.000 € hors foncier pour une maison de 124 m². On voit bien que sans aides de l’Etat, cela devient compliqué surtout dans des zones que l’on dit détendues, là où l’on retrouve les revenus par ménages les plus faibles. En revanche, ce qui est intéressant, c’est que 6 maisons neuves sur 10 bénéficient quand même du cadre sécurisant et protecteur du contrat de construction. Si l’on s’intéresse au marché de la maison individuelle groupée, les chiffres sont à peu près les mêmes. Fin septembre 2018, les ventes s’étaient affaissées de 13 %.
I. – Qu’en est-il du logement collectif ? J.-L. L. – Ce marché a connu en 2018 une régression de 2 % au niveau national. Il y a cependant un phénomène très préoccupant, c’est le nombre important d’abandon de projets de construction de logements collectifs. Sur les trois derniers mois de l’année 2018, ces annulations s’établissent à 27 %.
I. – Comment envisagez-vous l’année 2019 alors ? J.-L. L. – Nous sommes un peu inquiets. Rien ne nous permet de dire que 2019 sera meilleure que 2018. On note que les conditions de prêt restent exceptionnelles, aussi bien sur le taux que sur la durée. Par contre, les aides ont été rabotées. Donc nous espérons simplement que l’année sera stable. Mais nous nous inquiétons déjà pour l’année 2020 où le prêt à taux zéro (PTZ) doit disparaître dans les zones détendues. Cela est très pénalisant pour nous, constructeurs de maisons individuelles, particulièrement dans nos territoires ruraux où ce dispositif est bien adapté à la demande des ménages. Cet ensemble représente les ¾ de notre activité. Il faut savoir qu’en 2018, rien que sur l’Auvergne, la régression du PTZ a atteint 60 % sur le Puy-de-Dôme et 70 % dans les départements ruraux comme le Cantal, l’Allier ou la Haute-Loire. Ces aides-là sont faites aussi pour limiter la fracture territoriale. En 2020, si l’on en reste là, il n’y aura plus que deux communes éligibles au PTZ dans le Puy-de-Dôme, Clermont et Chamalières ! Je rappelle qu’en 2017, un permis de construire sur deux a bénéficié du PTZ en Auvergne. Les aides publiques en faveur de l’accession à la propriété n’ont pas qu’un effet d’aubaine, elles sont le levier positif pour le passage à l’acte d’achat des ménages.
Pour le secteur groupé et collectif, la confiance des ménages baisse. On redoute à terme un risque de récession dans les marchés du logement. On entend parfois dire que les aides de l’Etat coûtent cher à la collectivité. Dans un rapport, la Cour des comptes a montré qu’en 2017 la politique du logement se montait à 42 milliards d’€ en France quand, dans le même temps, le secteur de l’habitat avait rapporté 74 milliards d’€ de recettes fiscales, principalement à travers la TVA, les impôts sur les sociétés, la taxe foncière, etc. Si les pouvoirs publics persistent dans la suppression des aides dans les zones B2 et C, ce sont 34.000 communes qui vont en souffrir et cela entraînera un blocage du parcours résidentiel, notamment pour les plus modestes d’entre nous.
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