Mak Soul, le reggae à fleur de peau
« Je chante pour la liberté et pour l’éducation » affirme le reggae man Mak Soul. (© Eric Chaminade)
Attention, artiste engagé ! Il a posé ses valises en Auvergne au mois de novembre 2016, à Saint-Eloy-les-Mines très précisément. Son nom de scène ? Mak Soul. Son truc à lui, c’est la musique, le reggae en particulier, mais à la sauce africaine plus que jamaïcaine. Auteur, compositeur, interprète… et adepte des percussions, cet artiste de 34 ans a baigné dans l’univers musical depuis l’enfance. Très vite, au fil de ses différents albums, il s’est fait de solides inimitiés au sein de son pays, la Guinée Conakry. En critiquant ouvertement ses dirigeants dans ses chansons…
« J’ai commencé mon combat en 2003 sous le régime militaire. Puis j’ai continué en 2008 lors du coup d’Etat fomenté par un capitaine, Moussa Dadis. En 2010, lors de l’élection de l’actuel président Alpha Condé, j’ai composé une chanson pour lui rappeler ses promesses de campagne. Je lui ai même remis mon album. On lui a laissé le temps et cinq après, il n’avait toujours rien fait pour le peuple », explique le musicien, qui a rencontré par le passé de grands artistes comme Tiken Jah Fakoli et Alpha Blondy. Après la réélection du président Condé, il est contraint de s’exiler en Côte d’Ivoire, avant d’y revenir pour assurer la promotion d’un nouvel album. Hélas. « On m’a fermé toutes les salles. » Dans le collimateur des autorités, il décide alors de fuir son pays, où sa vie est en danger. Direction la France et les Combrailles…
« Marie-Thérèse Sikora, la maire de la ville, m’a beaucoup soutenu, rend hommage Mak Soul. Je donne des cours de djembé aux enfants, je suis chauffeur bénévole auprès de Médecins du monde, je fais aussi partie de la chorale. Je me sens bien intégré à la vie locale, d’autant plus que je participe à toutes les manifestations socio-culturelles. »
Chanteur au grand cœur, Mak Soul s’occupe également d’une fondation dans son pays, qui vient en aide aux personnes dans la pauvreté. Avec une partie de ses cachets (il a joué notamment au Guingois à Montluçon, et pour la Cimade à Clermont), l’artiste finance quelques actions sur place.
Sa musique ? Mak Soul n’en fait pas mystère, il l’utilise pour faire passer des messages. « Je chante pour la liberté et pour l’éducation. Mais je lutte contre la corruption, la mauvaise gouvernance, l’immigration clandestine et l’injustice. »
Alors qu’il a demandé l’asile en France, fin février, l’artiste a sorti un nouvel album. Enregistré dans le studio de Tiken Jah Fakoli, il a travaillé sur cette galette en compagnie du rappeur Yan C.K. Courant mars, il doit réaliser un clip vidéo et rêve aussi de faire un nouveau concert à Clermont ! Avis aux organisateurs…
J.-P. B.
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