A la découverte du peuple de l’herbe
Ancien membre de l’équipe du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, Jacques Curtil se passionne pour la photo macroscopique. Il expose à Beaumont jusqu’au 23 mars.
Il aura consacré toute sa vie à l’image. Lui, c’est Jacques Curtil. Une « figure » du festival du court métrage, dont il a été co-directeur, membre des comités de sélection, chargé de la programmation ou attaché de presse. Il est également à l’origine d’un certain nombre de thématiques, dont une… sur les insectes.
Retraité depuis 2015, ce natif de Bourg-en-Bresse, qui se rêvait zoologue étant gamin, se passionne pour la macrophotographie, à laquelle il consacre une grande partie de son temps. La macrophotographie ? Une technique qui consiste à immortaliser des sujets de petite taille, en l’occurrence toutes ces bestioles qui peuplent nos prairies, arbres et jardins mais qu’on ne remarque pas toujours.
Esthétique
Jacques Curtil ne s’inscrit pas dans une démarche naturaliste ou scientifique. Sa priorité, c’est plutôt l’esthétique. Il travaille énormément le cadrage, les couleurs, les formes ou les lignes, afin de trouver la meilleure composition possible. Dans ces photos à la dimension artistique, le décor compte presque autant que le sujet. « Ce qui m’intéresse, c’est aussi l’univers cinématographique qu’ils dégagent. Les insectes sont de véritables personnages de cinéma. »
Au fil de ses balades dans cet « autre monde » (le nom de l’exposition), Jacques Curtil (également co-organisateur du off du festival Nicéphore) pense avoir photographié entre 200 et 300 insectes différents. L’un de ses plus beaux sujets ? Un gros coléoptère, avec de grandes antennes, au bord de la mer. Il dit également avoir un faible pour les araignées. Ce ne sont pas des insectes, bien sûr, mais leur diversité le fascine.
Pour repérer sauterelles, fourmis, abeilles et autres chenilles, Jacques Curtil se contente d’observer. De « chasser » dit-il, mais pour « immortaliser. » « Avant j’avais un regard large. Le jour où tu te mets à t’intéresser à la macro, ton regard zoome. Tu marches moins vite, tu t’arrêtes et tu te focalise sur les petites bêtes » Puis vient la prise de vue : à main levée, sans pied ni éclairage. Pas question de reproduire les conditions du studio en pleine nature. D’ailleurs, il limite au maximum les retouches.
De moins en moins d’insectes
Jacques Curtil fréquente ce peuple minuscule depuis une douzaine d’années. Malheureusement, et c’est loin d’être une surprise, cet observateur aguerri a vu leur nombre chuter en raison de la pollution et du réchauffement climatique. « Avant, il y en avait partout. Aujourd’hui, autour des champs cultivés, il n’y a presque plus rien. C’est abominable, car leur disparition impacte les oiseaux, la pollinisation, les fleurs… » Artistique, le travail de Jacques Curtil fait malgré lui œuvre de mémoire. « L’Homme n’est pas seul sur Terre. Il ne pourra continuer à y vivre qu’en respectant ce qui est plus grand, plus petit ou plus ancien que lui. »
Pratique. Jusqu’au 23 mars à la Maison des Beaumontois (21 rue René-Brut). Entrée libre du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures et le samedi de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures.
0 commentaires