Eric de Cromières : « Je pense que l’humilité et la méfiance doivent être de rigueur »
S’il estime que Clermont part favori face à Northampton, pour le quart de finale de Coupe d’Europe du 31 mars (à 19 h), le président de l’ASM se méfie de cette équipe anglaise. Pour Clermont, il ne s’agira pas que ce match tourne à la mauvaise farce avant l’heure…
I. – Quel regard portez-vous sur les matches du XV de France durant le Tournoi. Est-ce grave « docteur » à quelques mois de la coupe du monde ?
E. de C. – C’est difficile à comprendre surtout lorsque l’on n’est pas dedans. Nous n’avons pas trouvé un style de jeu que l’on puisse imposer à nos adversaires car nous avons été dominés dans tous les domaines. Nous sommes faibles, aussi bien sur le plan collectif que sur la vitesse. Il ne faut pas oublier que les clubs vont laisser les joueurs à disposition du XV de France deux mois avant la coupe du monde (il sourit…) En deux mois, on peut faire des choses, je connais des entraîneurs qui en font. Ce que réalisent les clubs pour l’équipe de France est énorme, il faut maintenant que celle-ci renvoie la balle.
I. – L’ASM est en course sur les deux tableaux, un parcours brillant en championnat, un quart de finale en coupe d’Europe qui arrive, pour l’instant, êtes-vous un président satisfait du parcours de ses hommes ?
E. de C. – Oui bien sûr mais l’objectif n’est pas d’être satisfait et heureux le 15 mars. C’est très bien d’être là, on va se qualifier dans les six sans trop de difficultés. Mais comme le Top 14 n’est pas un vrai championnat, il est toujours difficile de présager l’état de forme d’une équipe sur la fin de saison. Je reste attentif. Nous avons une équipe qui a les moyens de faire quelque chose cette année, on verra bien. Et puis il y a aussi les adversaires, il ne faut pas les oublier. Toulouse est en grande forme. Le stade a montré cette année qu’il avait à la fois une grande équipe, un beau jeu et une profondeur de banc. Le Racing est un peu en-dessous de son potentiel en championnat car il veut jouer la Coupe d’Europe à fond. Je n’oublie pas les belles équipes comme La Rochelle, Lyon, Bordeaux et le Stade Français… ou encore Castres, qui pratique un jeu moins brillant.
I. – L’équipe rentre dans le dur le 31 mars, avec la réception de Northampton en quart de finale de Challenge Cup, comment envisagez-vous cette rencontre ?
E. de C. – On vit pour ce genre de match. (Avec le sourire…) Et après, on tremble de s’être qualifiés en quart, en demie ou en finale. Ce sera un match difficile. Il faut bien se souvenir de la trouille que nous avons connue contre Northampton chez nous. A chaque fois que l’on marquait, ils répliquaient. Les Anglais ont élevé le curseur dans leur championnat, très nettement. Cette équipe a fait plutôt un bon parcours depuis que nous l’avons rencontrée. Je la vois assez dépendante de trois ou quatre joueurs comme Biggar ou Lowes. Sans ces hommes-là, ce n’est pas tout à fait la même équipe.
I. – Les Anglais devraient être très revanchards après leurs deux défaites en phase de poule, Clermont part favori tout de même favori, n’est-ce-pas ?
E. de C. – Je pense que l’on est favoris. Ce sera du 55/45 car nous jouons effectivement à la maison. Mais les Anglais sont toujours très forts sur ces matches couperet, il n’y a qu’à voir leur équipe nationale ou les Gallois. Je pense que l’humilité et la méfiance doivent être de rigueur chez nous. Il faudra être extrêmement sérieux, que l’on joue plutôt comme on l’a fait au match aller, en recentrant le jeu sur le combat d’avants. En plus, c’est une très belle affiche, digne de la Champions Cup.
I. – L’idée, c’est de se hisser jusqu’en finale ?
E. de C. - Nous sommes là pour gagner la coupe d’Europe. Mais il faut d’abord gagner chaque match. Je rappelle que nous ne sommes pas seul. Si l’on gagne le quart, on retrouvera le vainqueur du match Worcester/Harlequins. Ce sera costaud aussi.
I. – Le mois d’avril risque d’être assez terrible avec la réception du Racing, les déplacements à Toulouse et au Stade Français. Faut-il absolument maintenir cette place dans les deux premiers ?
E. de C. – C’est un mois horrible (il cite un à un les rendez-vous). Un truc de fou. Je dirais presque : heureusement que nos joueurs n’ont pas joué tous les matches de l’équipe de France ! La presse oublie souvent que la période la plus difficile pour les clubs, ce ne sont pas les matches de l’équipe de France eux-mêmes, mais plutôt l’avant et l’après. Avant, car vous ne pouvez pas vous entraîner sans les joueurs. Je rappelle que nous n’avons plus ces derniers depuis le 21 janvier. Quand le tournoi est fini, ils sont complétement à plat, vidés, car les entrainements ne sont pas les mêmes, l’ambiance aussi, les matches restent usants et la tension médiatique très forte. Il faut donc deux ou trois semaines pour les remettre, avant de leur donner ensuite une semaine de vacances. L’équipe de France, ce n’est pas 130 jours par an, c’est plutôt 180 ou 200 au total. Les clubs qui donnent des joueurs à l’équipe de France se sacrifient beaucoup, et les joueurs aussi.
I. – Un mot sur l’arrivée d’Ahmet Schaefer à la tête du Clermont Foot 63. Ce dernier a dit qu’il souhaitait travailler avec vous « main dans la main », qu’est-ce que cela vous inspire ?
E. de C. – Je l’ai rencontré lors des Trophées des champions, organisés par la Ville de Clermont-Ferrand. Il m’a paru extrêmement ouvert et sympathique, d’un abord franc et direct. Il n’y a pas de raisons que l’on n’arrive pas à travailler ensemble. Nous sommes déjà associés sur le Centre de formation partagé et par nature, on sera amené à se croiser et à échanger.
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