Olivier Bianchi : « nous voulons instaurer le droit de pétition »
Candidat à sa propre succession, Olivier Bianchi a réussi à réunir autour de lui les Verts et de nombreuses composantes de la gauche. S'il apparaît comme le favori de ces élections, l'intéressé ne veut pas crier victoire pour autant. Voici les grandes lignes de son projet pour la ville.
Quelle différence voyez-vous jusqu'à présent avec la campagne 2014 ?
Il y a une différence que je n'avais pas mesurée. En 2014, même si j'étais déjà adjoint, j'étais finalement un nouveau venu. Cette année, je suis déjà maire en exercice. Cela change plusieurs choses : la relation aux gens et le fait de faire une campagne plus institutionnelle. Après, je trouve qu'il y a moins d'enjeux mais je ne sais pas si ce que je perçois est la réalité ou bien si cela découle de mon statut. Mais j'ai le sentiment qu'il va y avoir une forme de continuité, qu'il n'y a pas de grande révolution de palais à attendre. Du coup, Clermont n'apparaît pas comme une ville où existe une cristallisation de campagne comme à Paris par exemple. Les habitants rencontrés ici ou là sont souvent bienveillants mais je n'arrive pas à voir s'il y a une certaine forme de détachement ou non. Ma grande crainte, c'est l'abstention. Elle est structurelle à Clermont depuis 2002, de l'ordre de 50 % environ. Un Clermontois sur deux ne choisit pas son maire. Je crains que l'abstention ne soit encore un acteur du jeu.
De quoi êtes-vous le plus fier sur les six années de ce mandat qui s'écoule ?
Je suis fier de deux choses. D'une part, je pense au centre d'initiation à l'art Milleformes pour les tout-petits, un très beau projet, innovant, bien à l'image de ce qui m'a toujours passionné, c'est-à-dire les questions culturelles, éducatives et les luttes contre les inégalités. L'autre chose, c'est d'avoir obtenu le statut de Métropole, alors que nous n'étions pas programmés pour l'avoir et d'avoir su convaincre mes collègues d'y aller.
Quelles sont les mesures fortes figurant parmi les quatre grands thèmes de votre programme ?
Je prendrai quatre idées relatives à ces grands thèmes. Sur la question de « la Ville pour toutes et tous », nous avons très peu travaillé jusqu'à présent sur la question de la santé. Dans les grandes villes, nous risquons de rencontrer des problèmes de présence médicale réduite, avec un nombre grandissant de personnes âgées et un manque de places dans les EHPAD. Nous prévoyons d'instaurer une mutuelle groupée qui sera une belle réforme sociale. Sur l'aspect « Ville mobile et durable », ce sont évidemment les deux nouvelles lignes de transports publics en site propre. Celles-ci vont restructurer le paysage urbain, aider aussi à la rénovation de la Ville. Elles permettront de sortir de l'intra-muros clermontois, relieront des sites qui devaient l'être. Ce sera un levier puissant de la mutation des transports publics et de la réduction de la place de la voiture. En ce qui concerne « la nature en Ville », la mesure phare est la revégétalisation des cours d'école dans tous les quartiers. Nous allons enlever les aires goudronnées pour y mettre des jardins botaniques pédagogiques. Enfin, sur l'aspect « Ville vivante », c'est évidemment le grand projet de capitale européenne de la culture ; une aventure collective qui peut fédérer tout le monde mais aussi changer l'image extérieure de cette Ville.
Vous souhaitez développer la démocratie participative et créer un conseil des habitants, que peut-on en dire ?
Nous l'avons déjà testé avec les grands débats comme les rencontres citoyennes de la mobilité ou encore les états généraux de la culture. Nous avons mis en place ensuite le budget participatif. À chaque fois, nous avons constaté une appétence des habitants pour cela qui a débouché sur une réussite. On va donc franchir un cap en créant plusieurs instances, un conseil des habitants et un conseil économique et social métropolitain. Nous voulons instaurer le droit de pétition, c'est-à-dire le droit de saisir le conseil municipal pour des citoyens qui permettrait d'inscrire des questions à l'ordre du jour.
Quelles sont vos mesures pour améliorer la tranquillité publique et la sécurité des Clermontois ?
Quand j'entends parler de doubler ou même tripler les effectifs de la police municipale, c'est une méconnaissance de la réalité des choses. Cela représente un coût exorbitant. Un poste de policier, c'est 30.000 euros à l'année. En plus, il s'agit d'un métier en tension car les villes en ont beaucoup recruté. 50 postes, c'est énorme et ceux qui disent cela le feront au détriment des questions sociales, d'éducation ou de gérontologie. La liste que je conduis préconise plutôt un rythme tenable, à savoir le recrutement de 10 nouveaux policiers sur le mandat et la création d'une brigade de nuit. Mais je veux dire et redire encore (il insiste...), il faut que la police nationale ait des moyens dans cette ville. C'est à l'État de le décider. La lutte contre la drogue, qui est un fléau à Clermont, c'est la police nationale et le Stups qui doivent s'en charger.
Que vous inspire l'alliance Brenas/Fanget ?
Je ne suis pas sûr que ce soit très sérieux. Cela donne l'impression qu'il s'agit d'une alliance de circonstances entre un candidat de droite inquiet de ne plus avoir le leadership de l'opposition et le candidat du Modem qui n'a pas été investi par la République en marche. C'est un peu le syndicat des recalés, bref, un attelage d'opportunité.
Un sondage vous a donné largement en tête au premier tour, que dites-vous : « attention, restons méfiants ? »
Tout d'abord, ce sondage Ifop a été fait entre le 6 et le 9 janvier. Il est certainement dépassé aujourd'hui car la campagne a fait évoluer les choses. Les sondages ne sont pas prédictifs. Il s'agit d'une photographie à un moment donné. À l'époque, le RN n'avait pas de tête de liste. Ce sondage est assez à l'image des autres villes avec des maires sortants renforcés et La République En Marche affaiblie par la séquence des retraites. C'est pourquoi, je suis raisonnablement optimiste.
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