Dominique Dabert reçu 7 sur 7 !
44 ans de pratique du karaté et toujours la foi chevillée au corps ! A 59 ans, cette figure emblématique du massif du Sancy a obtenu cette année son 7e dan. Ils ne sont que deux en Auvergne à ce niveau. Une vie passée au coeur du monde sportif puisque le responsable du service des sports de la ville de La Bourboule prendra sa retraite à la fin de l'année.
C'était le 10 janvier 2020. À Paris. Dominique Dabert faisait son entrée dans le petit monde très fermé des ceintures noires de karaté 7e Dan. À l'issue d'un examen passé devant un jury composé de hauts gradés de la Fédération française présidé par Bernard Bilicki, 9e dan. L'examen comprenait deux temps forts : une partie technique en kimono et la soutenance d'un mémoire que le candidat avait choisi de consacrer à son club de cœur de la Bourboule. L'impétrant a reçu son diplôme des mains de Francis Didier, le président de la FFKAMA (Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées). Après Pascal Girodet, Dominique Dabert est le deuxième auvergnat à atteindre ce niveau.
Ce 7e dan est venu valider quelque 44 années de pratique, excusez du peu, et un parcours exemplaire dans une discipline où la tradition reste encore bien vivace. Car Dominique Dabert a embrassé le karaté comme on entre en religion. Le déclic se produisit chez lui à l'âge de 15 ans. Après avoir vu « La fureur du dragon » avec Bruce Lee. « En sortant du cinéma, j'ai su que ce serait ma vie. »
Encore fallait-il trouver une structure capable d'accueillir la ceinture blanche. L'adolescent convainc alors son « senseï » Jean-Louis Juillard, ceinture noire, de fonder un club à la Bourboule. Ce qui est fait en 1976. Très assidu dans sa pratique, Dominique gravit les échelons rapidement. En 1979, avant de faire son service militaire, il s'exile un an à Lyon pour s'entraîner dans le club de Jacky Gerbet.
« Je ne faisais que ça au grand désespoir de mes parents », sourit aujourd'hui le karatéka.
À son retour de l'Armée, en 1981, il entre au service des sports de la ville de La Bourboule où il effectuera toute sa carrière professionnelle. Cette année-là marque également le début des stages d'oxygénation et de préparation physique lancée dans la cité thermale.
« Serge Serfati, qui avait gagné la coupe de France en individuel, fut le premier. Il est revenu ensuite pendant vingt ans. Il avait la science du combat. Avec lui, on trempait au cœur de la connaissance », affirme Dominique Dabert.
Année après année, les plus grands karatékas français ont séjourné dans le Sancy, Thierry Masci, Alain Le Hetet, Jean-Louis Granet, Bernard Bilicki, Dominique Valera, Jacques Tapol ou encore Christophe Pinna, avec qui Dominique Dabert a lié de solides liens d'amitié. Depuis 40 ans maintenant, la ville accueille régulièrement les équipes de France de karaté. Elle s'est également tournée vers d'autres disciplines : le triathlon, le trail, le rugby, l'athlétisme, l'escrime, le ski de fond... ainsi que vers des stages multisports. Les Boxeurs Jean-Marc Mormeck ou encore Salim Medjkoune sont venus préparer ici des échéances importantes.
« Avec Dominique, nous avons organisé plusieurs stages de judo. C'est un grand professionnel, une valeur sûre, quelqu'un sur qui tu peux t'appuyer. Il a une approche martiale de sa discipline, c'est un combattant passionné. Son parcours fait de lui une référence », met en avant Nicolas Sigaud, le directeur technique de l'Alliance Judo 63.
En parallèle, Dominique Dabert a semé des graines. Outre des fonctions d'entraîneur régional, il a formé au sein du club bourboulien plusieurs générations de karatékas, dont une cinquantaine de ceintures noires. Lolita Dona, triple championne du monde dans la discipline, en est le plus bel exemple.
« C'est grâce à Dominique si je suis devenue championne du monde car il m'a enseigné les bases », rend hommage celle qui est aujourd'hui installée en région parisienne.
Et les bases à la Bourboule se fondaient sur un karaté engagé, physique, tourné vers le combat et la compétition.
« Pour moi, ce qui est important, c'est l'énergie et la conviction que tu mets dans les entraînements. Sinon, tu ne progresses pas. C'est pourquoi, je crois beaucoup au travail physique », affirme Dominique Dabert.
Cette vision des choses, elle s'est forgée chez lui au contact des plus grands. Beaucoup l'ont impressionné. « Pinna ou Valera n'ont jamais refusé de mettre les gants partout dans le monde. Ce sont des légendes, des moteurs. Si Alain le Hetet était impressionnant pour son esprit martial, Tapol était un dur au mal. Quand il faisait une démo, c'était comme une finale d'un championnat du monde. »
Quant à Serfati... « J'ai vu sortir des mecs à travers les portes. On a mangé bon avec lui ». Sans commentaires !
Quand il jette un coup d'œil dans le rétro, Dominique Dabert n'oublie pas d'avoir une pensée pour Jean-Paul Brousse et Marcel Barjaud, deux anciens présidents du club de La Bourboule, mais aussi pour Richard Duligner, le président de la ZID Auvergne de karaté. Trois hommes aujourd'hui décédés.
Il salue également Yves Bui-Xuan, « un soutien constant », Laurent Buisson, Frédéric Blanchet et Thierry Exertier qui l'ont aidé à relancer le club d'Ussel en 2010, lorsqu'il a arrêté d'entraîner celui de La Bourboule.
S'il souhaite maintenant prendre un peu de recul avec la Corrèze, Dominique Dabert met toujours les gants, histoire de « garder le timing et les sensations ». Il s'occupe de quelques athlètes qu'il coache mentalement et physiquement comme Davy Dona cet été, qui préparait un tournoi en karaté combat à Budapest.
Dans son dojo personnel, aménagé au sein de sa maison, le bonhomme s'astreint tous les matins à des séances de prépa physique et d'étirements. « C'est mon labo, j'y passe du temps. »
À la fin de l'année, Dominique Dabert quittera définitivement la direction du service des sports pour prendre sa retraite. Après presque 40 ans d'une riche carrière menée sans temps mort. Cet amoureux des livres et grand amateur de randonnée terminera peut-être son aventure sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Qui sait... « Il me reste encore une dizaine d'étapes. »
Mais une chose est sûre, pas question de raccrocher le kimono...
« Je vais continuer à pratiquer. Tu n'arrives jamais au bout du chemin. Le karaté m'a structuré, m'a apporté de la rigueur, de la constance et de la détermination. Et puis j'ai gardé des contacts dans le milieu. Comme le dit Francis Didier, le président de la Fédération, il ne faut jamais s'éloigner de ceux qui ont la connaissance. » Parole d'expert...
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