Olivier Bianchi exprime son inquiétude face à la crise
C'est toujours un moment attendu par la profession, un moment où il aborde l'actualité, livre ses réflexions, se laisse aller à quelques confidences aussi. L'année 2021 n'a pas fait exception à la règle. Mais les voeux d'Olivier Bianchi à la presse avait lieu cette année en mode Covid-19. Avec masques sur le nez et distanciation à la clé. Morceaux choisis...
Avec la crise sanitaire et ses répercussions sur la sphère sociale et économique, êtes-vous inquiet ?
Oui, je suis inquiet car les indicateurs que nous avons, ceux du Centre communal d'action sociale par exemple, nous indiquent que la précarisation s'amplifie dans les populations clermontoises, que la jeunesse étudiante est en grande souffrance. Pour les familles qui payent 50 centimes le repas dans les écoles de la ville, un mois de confinement, c'est un budget qui explose. D'un point de vue économique, je suis très inquiet pour les bars, les restaurants, un grand nombre de TPE et PME, pour le monde de la nuit. On sent bien qu'à un moment, certains ne pourront plus tenir. Je pense qu'il y a une réplique politique possible. Ceux qui surfent sur le populisme, sur des explications simplistes, sur le refus de l'autre, ceux-là risquent de cartonner. Dans les deux ans qui viennent se profilent donc des enjeux majeurs. Quand on est maire, il faut prendre ces questions à bras-le-corps, répondre aux urgences sociales, accompagner le tissu économique, pacifier la vie politique.
Mais vous devez faire avec des moyens limités...
Nous avons eu des moyens limités par l'État, au moment des réformes fiscales, et aussi moins de rentrées d'argent car les gens sont moins riches, donc ils payent moins d'impôts. Les entreprises ont perdu du chiffre d'affaires donc elles versent aussi moins d'impôts à la Métropole. Nous allons avoir plus de dépenses à organiser et moins de recettes à percevoir. Dans cette période, je compte maintenir la volonté de ne pas augmenter les impôts. Mais quel sera l'avenir dans trois, quatre ou cinq ans ? Si c'est pour garantir des services publics essentiels, la question se posera.
Comment allez-vous trouver l'argent alors ?
Nous allons réfléchir sur des tarifs, sur l'emprunt. On va essayer de trouver des solutions et réduire certaines choses. Nous allons regarder tout ça mais les priorités seront sociales et écologiques. Le reste sera moins urgent.
Pour les commerces et les entreprises, vous souhaitez maintenant éviter le saupoudrage, n'est-ce pas ?
Je vais réunir l'ensemble des acteurs économiques, les organisations patronales et professionnelles, les syndicats. On va les écouter. Avec mes collègues vice-présidents à la Métropole, nous proposerons un nouveau plan. Mais nous sentons la limite de ces subventions. Je rappelle que le fonds d'intervention de l'automne de 1 million d'€ est parti en 15 jours et nous ne pouvons pas le renouveler toutes les deux semaines. Je pense que les entreprises auront plutôt besoin de nous au moment de la relance, quand il faudra faire du chiffre d'affaires et retrouver de la clientèle.
Vous souhaitez maintenir les investissements dans ce contexte difficile. Des projets pourraient-ils être retardés ?
Il faut maintenir les investissements car cet argent va dans les entreprises locales et sert à développer la Métropole. Les projets ne sont pas impactés au sens où il pourrait y avoir des arrêts mais il y a des retards et des glissements car les chantiers vont moins vite, les comités de pilotage en visio sont moins rapides qu'en présentiel. Rien n'est annulé. Pour la Métropole, ce seront les vice-présidents et les 21 maires qui décideront au mois de juillet, au moment du vote du plan pluriannuel d'investissements. Celui-ci, sorte de tableau de bord, donnera les indications jusqu'en 2026. Il y aura peut-être des relissages à effectuer. À titre personnel, les questions de développement économique et de transition énergétique devront être maintenues, peut-être au détriment d'activités comme la culture ou le sport. À l'inverse, au niveau de la ville, il y aura peut-être des efforts à mener sur le social, l'éducation, la culture et le sport. Chaque institution doit faire porter ses efforts dans les secteurs qui relèvent de ses compétences.
Sur un plan politique, vous avez appelé à une union de la gauche pour les élections régionales, allez-vous faire de même pour les départementales ?
Je m'occupe assez peu des élections départementales. Mais je ne vais pas faire de langue de bois. Pour toutes les élections à venir, il n'y aura de sortie que dans l'union des gauches. Aujourd'hui, les gauches françaises traditionnelles sont balkanisées. Au gré de tous les sondages, elles pèsent 7, 8 ou 10 %. Elles sont dépassées. Je pense qu'il faut réinventer une nouvelle façon d'être de gauche dans laquelle les problématiques sont sociales, écologiques et républicaines, dans laquelle chacune des traditions a quelque chose à apporter. Pourquoi l'unité ne se fait pas aujourd'hui ? Parce qu'il n'y a pas de leadership. Chacune de ces traditions a le sentiment, juste ou erroné, d'être le premier parti. Donc, avant de faire l'unité, ils vont utiliser ces élections départementales et régionales comme un laboratoire qui permettra de savoir quelle force de gauche dispose du leadership. Ils discutent, nous discutons, mais le problème aujourd'hui, c'est que chacun se dit dans sa petite tête : "c'est bien la première fois que je vais peut-être devenir le chef de la gauche à la place du Parti socialiste et donc, je vais y aller tout seul". Je prends les paris que tous ceux qui pensent de cette manière vont se retrouver dans les choux.
En 2023, la Ville de Clermont va porter une manifestation, que peut-on en dire ?
Nous allons célébrer l'anniversaire des 400 ans de la naissance de Blaise Pascal. Clermont, sa ville natale, ne peut pas passer à côté de cette commémoration. Nous allons monter un comité d'organisation pour cela.
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