Jean-Charles de Castelbajac : "Clermont n'est pas une ville de compromis"
Jean-Charles de Castelbajac, créateur de mode et artiste, a réalisé le logo pour la candidature de Clermont-Ferrand Massif Central comme capitale européenne de la culture 2028.
Pourquoi avez-vous accepté de réaliser ce logo ?
J'aime beaucoup intervenir sur les signes, je suis passionné d'Héraldique, par les blasons, les drapeaux. J'ai toujours aimé travailler sur les choses qui avaient un sens et sur les missions. J'en ai fait beaucoup comme sur les Journées mondiales de la jeunesse en 1997 où j'avais travaillé sur l'arc-en-ciel. Ces missions ont un point commun : la jeunesse. Car j'ai l'impression d'être là pour passer quelque chose. J'ai enseigné à l'Université, j'aime travailler avec mon savoir et avec des générations en devenir. C'est le problème dans certaines civilisations car les anciens ne peuvent pas transmettre et les jeunes ne peuvent pas transformer. Je suis à l'écoute de demain. Quand j'ai rencontré Patrice Chazottes au centre Georges Pompidou alors que je préparais mon exposition « le peuple de demain » m'a demandé de venir à Clermont-Ferrand pour penser ce logo j'ai dit oui.
Qu'est-ce qui vous a séduit ?
Déjà il y a l'idée de compétition, l'idée de participer à une ville ancrée dans l'Histoire de France de devenir capitale européenne, donc de devenir un drapeau un étendard de l'histoire dans la modernité. Ensuite, il y avait l'idée des volcans. J'ai mis du temps à lire la Guerre des Gaules de Jules César et j'ai vu que l'un des derniers bastions, c'était cette région Arverne, qui s'est défendue avec courage et détermination. En sémantique, tous les volcans qui se réveillent font peur comme le Stromboli. Sauf les volcans autour de Clermont-Ferrand. S'ils se réveillaient, leur irruption et leur jaillissement ce serait la jeunesse, le peuple de demain. Cette jeunesse, ce savoir-faire, l'art, la technologie... tous ces métiers qui fusionnent autour de la jeunesse. C'est une forme de renaissance que je voulais faire dans ce logo. Non pas que la ville dormait mais c'est comment faire rencontrer le volcan qui nous parle de mémoire universelle et ces cœurs qui sont dans le jaillissement, qui représentent la jeunesse et les talents.
Vous avez parlé du noir de la pierre de lave sur le logo. Que représentent les autres couleurs ?
Au départ, je choisis trois teintes pour parler de cette région : le vert de la nature, le bleu des lacs et le noir de la pierre. Je suis arrivé, et je me suis dit qu'il fallait absolument reconstituer ma gamme de couleurs primaires et complémentaires en ajoutant le jaune et en rajoutant le rouge. Là, je retrouvais ces couleurs héraldiques, celles que l'on trouve sur les drapeaux ou les blasons, sans compromis car Clermont-Ferrand n'est pas une ville de compromis. C'est une ville inscrite dans l'histoire d'une manière radicale et c'est ce qui en fait la beauté. C'est comme moi, il n'y a pas trop de « pastelbajac ». Ce sont des couleurs qui parlent.
Vous aimez relever un défi à chaque fois ?
C'est l'histoire de ma vie. Elle a été de faire bouger les limites, d'aller sur des territoires où la glace était friable et où je découvrais de nouvelles rencontres, de nouveaux talents, d'autres artistes avec lesquels j'avais envie de travailler. La force de ma vie, cela a été ça. Ce sont les expériences et cela l'est encore. C'est ce qui fait que je me sens vif et fort de mes projets et que je suis heureux d'être là.
Hormis le logo, comment allez-vous vous impliquer dans cette candidature ?
Je suis en train de m'impliquer car cela n'est pas seulement un logo. C'est presque un drapeau, un signe. J'ai fait des étendards pour la ville, il y avait mes anges dans la rue. J'ai reçu énormément de messages sur Instagram, des gens qui me taguaient tous les jours en photographiant ces anges, donc ils volaient et ils voyageaient. J'ai donné l'idée de capitale européenne des drapeaux aussi, cela me tient à cœur car il n'y a rien de plus contemporain que ces drapeaux. Ce contact avec la nature, avec le vent, avec les éléments. J'ai donné ce projet, maintenant je l'accompagnerai. Si on peut avoir le premier musée européen des drapeaux ce serait extraordinaire. D'autres projets viendront et je suis très pris avec mon exposition au Centre Pompidou. La mode m'appelle aussi. Car la mode c'est la vie.
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