Cécile Coulon : "cette candidature, ce n'est pas que Clermont"

La romancière et poétesse Cécile Coulon a été nommée à la présidence de l'association Clermont 2028, qui porte la candidature de Clermont et sa région à la Capitale Européenne de la Culture.

Comment vivez-vous cette présidence ?

Je le vis différemment selon ma " fonction ". Je le vis en tant que personne qui va dans les villages et les villes pour parler de mes livres et là le territoire est un lieu de travail. Deuxièmement, dans tous mes livres, le paysage de mes fictions est tiré des paysages dans lesquels j'habite. Le territoire, je commence à bien le connaître et à beaucoup le décrire. Et en tant que présidente, comment fait-on pour décentraliser les choses ? La province n'est pas le lieu où on fait ses brouillons pour Paris. Il faut arrêter avec ça et aller découvrir ces endroits. Il y en a plein que je ne connais pas sur les 22 départements. Il y a plein de scènes, de théâtres, de salles inconnues pour moi. J'ai envie de savoir qui s'en occupe. Il faut décentraliser Paris mais aussi décentraliser Clermont. Car cette candidature, ce n'est pas que Clermont. C'est une seule partie du projet. Mon rôle c'est d'avoir une présence médiatique, de représenter l'association mais aussi pouvoir réussir dans l'espace culturel tout en restant à Clermont-Ferrand.

Qu'est-ce que ce titre de capitale européenne de la culture pourrait apporter ?

Si Clermont est titré ce sera plus qu'un déclic. Avant ça, il y aura une présélection de trois villes et on le saura fin 2023. Cela va changer des choses car cela va mettre les trois villes au premier plan culturel en France et en Europe. Si jamais on décroche le truc, non seulement on va faire une grosse fête à Clermont mais surtout cela veut dire que pour 2028, il faut avoir un programme à la fois ultra-local mais aussi européen. On parle de Clermont-Ferrand mais il faut rappeler que c'est le Massif Central. Cela va du hameau de 20 personnes à Aurillac ou Clermont. Si jamais Clermont gagne, cela va nous permettre d'avoir des fonds et du monde pour proposer des moments culturels partout dans le Massif Central. Si Clermont ne l'a pas, le but c'est de mettre des choses en place avant qui vont perdurer. Que les gens se rendent compte de ça dans tout l'espace, que des lieux soient découverts, que l'on puisse aller voir les maires de plusieurs endroits et proposer des choses. Il y a un but peu importe l'issue : c'est de construire pour la suite.

On est outsider mais on n'a rien à perdre ?

Il n'y a absolument rien à perdre. Même si on perd on gagne ! Cela fait très ASM mais pour le coup c'est absolument vrai.

Qu'est-ce qu'Olivier Bianchi veut mettre en avant ?

J'imagine que la littérature sera présente. Après, c'est lui qui a candidaté sans que beaucoup de gens y croient au début. Il y croit plus que tout le monde, c'est très bien. En termes de programmation les deux axes c'est d'aller absolument partout et que tous les acteurs culturels locaux aient un rôle à jouer à l'intérieur. Au début c'était flou et c'est normal car on ne peut pas dire beaucoup de choses sur la programmation en tant que telle car toutes les villes cachent leur programmation. On adore les autres villes, mais nous sommes tous en compétition. C'est assez compliqué de savoir ce qu'il se passe ailleurs même quand on essaye de savoir... Tout le monde avance masqué.

Si cette aventure de la présidence était un roman, quelle serait son histoire ?

Si c'était un roman, l'histoire se passerait dans un train. Ce serait une sorte de " Transperceneige ", cette BD qui se passe dans un train. On sait où on va et on doit voir tout le monde dans chaque wagon et demander : " OK, qu'est-ce que vous avez à nous proposer ? " Ce serait ça l'histoire de mon bouquin, quatre personnages dans un train qui ne s'arrête jamais pendant des jours et des jours. Ces quatre personnages vont voir tous les voyageurs pour leur demander : " qu'est-ce que vous avez envie de voir, de lire et d'écouter ? "

Vous êtes la capitaine de cette aventure avec Clermont Massif Central 2028 ?

On essaye, j'ai encore un peu de mal à naviguer mais ça va le faire.

Recueil de poèmes à paraître le 3 mars : " En l'absence du capitaine" aux éditions Le Castor astral.