Cinéma : voyage en enfer pour les crevettes pailletées

Plus engagée et plus grave, « La revanche des crevettes pailletées », le deuxième opus des aventures de notre équipe de water-polo LGBT perdue en Russie, l'une des régions les plus homophobes du monde, ne laisse pas indifférent. L'équipe du film sera en avant-première au cinéma CGR Le Paris à Clermont-Ferrand jeudi 10 mars à 20 heures.

Un carton de 600 000 entrées. Le premier opus des Crevettes pailletées avait conquis le public et les fans se réjouissent déjà de cette suite.

Le 10 avril, une partie de l'équipe du film des Crevettes pailletées sera présente au CGR Le Paris de Clermont-Ferrand pour présenter cet acte II : « La revanche des crevettes pailletées ».

Fini de rire ?

Deux ans ont passé depuis la mort de Jean. Matthias, leur coach, décide d'emmener Selim, un jeune de banlieue qu'il croit homo, pour accompagner les Crevettes Pailletées aux Gay Games de Tokyo, un voyage pour rendre hommage à leur ami parti trop tôt. Mais après avoir raté leur correspondance, ils se retrouvent coincés en Russie, dans l'une des régions les plus homophobes du monde. Le début d'une folle aventure aussi rocambolesque que périlleuse.

Voilà pour le programme.

Après visionnage de ce deuxième volet des aventures de l'équipe homosexuelle (Ou pas) de water-polo, on pouvait se demander si les crevettes ont toujours envie de rire. On rassure les fans du premier opus, on rigole toujours, les répliques sont d'ailleurs bien ciselées mais le discours a changé, le ton s'est durci pour mieux interpeller.

Si le clip d'intro rappelle à la manière de Britney Spears que les crevettes pailletées vont remettre ça et que le meilleur dans la crevette c'est la queue, au fil des minutes, le climat se tend et l'angoisse est bien présente. Car on a peur pour cette équipe de waterpolo LGBT et ces crevettes obligées de faire escale à Moscou alors qu'elles devaient participer aux « Gay Games » à Tokyo.

Bien sûr, le décor et l'histoire, tournée en Ukraine, nous renvoient à l'actualité mais surtout à la condition des homosexuels en Russie et dans d'autres pays : chasse aux gays, thérapie, centre de rééducation...

« Les bâtiments, l'architecture, la langue, apportent une vraie véracité au film qui s'est tourné entre Kiev et Lviv. Nous avons reçu un accueil chaleureux là-bas, les équipes et comédiens castés sur place étaient vraiment excellents expliquait Cédric Le Gallo, l'un des réalisateurs du film. Mais ce fut un tournage particulièrement éprouvant. »

Tout n'est plus rose du tout dans ce film parfois même violent.

« Nous avions carte blanche pour écrire absolument tout ce qu'on voulait, pour aborder des thématiques de société fortes et pour en dire plus sur nos personnages poursuivait Cédric Le Gallo. Il y avait encore tellement de choses à raconter, de combats à mener. À travers leur humour et leur fantaisie, les Crevettes permettent d'aborder des sujets graves. »

Autodérision

Tout n'est pas rose en Russie comme en Hongrie, en Afrique ou même dans les cités françaises, comme celle de Selim, jeune joueur embarqué de force dans cette aventure.

La force du film est sans doute cet engagement qui détonne dans le paysage des comédies françaises, souvent creuses. Oui, le film peut bouleverser. Mais si on rigole parfois, il nous rappelle, qu'à plusieurs centaines de kilomètres d'ici, des personnes sont tuées pour leur orientation sexuelle.

L'autre point fort du film, c'est le jeu des acteurs, des répliques cultes et cette autodérision sur le fait d'être gay ou pas. « Notre ambition avouée dans cette suite, c'est autant de dénoncer par la comédie

toutes les agressions intolérables, que de montrer que, même quand on s'en prend à la communauté LGBT, on ne lui enlèvera jamais sa singularité, son humour, sa joie de vivre, son extravagance, sa raison d'exister... » précisait Cédric Le Gallo.

Il y a parfois un petit côté « La Vie est belle » de Roberto Benigni quand les crevettes sont dans ce camp de rééducation. Montrer du doigt l'absurdité des lois homophobes en Russie et des thérapies de conversion, un peu partout dans le monde, « La revanche des crevettes pailletées » réussit sa mission.

Les deux réalisateurs Cédric Le Gallo et Maxime Govare, ainsi que les comédiens Romain Lancry et David Baio, viendront présenter le film en avant-première au cinéma CGR Le Paris à Clermont-Ferrand jeudi 10 mars à 20 heures. Tentez de gagner vos invitations en jouant sur notre Page Facebook et notre compte Instagram.