« En 2022, on restera sur des taux réels attractifs avec une demande forte »
Samuel Frugier, le Directeur général adjoint du Crédit Agricole Centre France évoque la conjoncture 2022 en matière de prêts immobiliers, l'évolution des taux et l'attractivité du territoire.
Vous serez présent au 29e Salon de l'habitat. C'est un évènement important pour vous ?
Le Crédit Agricole Centre France est l'un des acteurs, voire l'acteur principal sur le marché du prêt immobilier sur les cinq départements sur lesquels nous opérons. Quasiment un projet sur deux se fait avec le Crédit Agricole. Notre participation à tout ce qui peut dynamiser le marché de l'immobilier, le territoire et favoriser la conclusion des projets de ses habitants nous importe. C'est naturel d'être présent à ce salon pour apporter aux primo accédants ou pas, le meilleur éclairage sur leur projet, sur leur capacité d'endettement et sur notre accompagnement. Le marché est resté très dynamique sur notre région en 2021 et il le reste en 2022.
Le Salon de l'habitat avec sa version « normale », c'est le moyen de remettre sur la table tous les sujets qui sont au cœur des préoccupations des habitants. C'est le premier domaine de dépense des Français, c'est un sujet majeur.
Quel bilan faites-vous de l'année 2021 en termes de prêts immobiliers pour le Crédit Agricole Centre France ?
2020 avait marqué une toute petite pause, tout en restant une belle année. 2021, pour les acteurs du territoire, a été l'année de tous les records en nombre de projets financés, aidée en cela par un report des habitants de certaines zones comme l'Île de France et Paris vers nos régions. 15 000 projets ont été financés en 2021 par le Crédit Agricole Centre France. En montant financé, nous avons atteint les records historiques avec 2,1 milliards d'euros. C'est contre intuitif mais c'est une réalité. En 2021, les taux étaient très attractifs pour l'emprunteur et on est resté sur un niveau de demande très élevé dans le locatif et en logement principal surtout. Pour se loger ou loger un locataire. Il y a eu également moins de rotations entre les banques, ce qu'on appelle les rachats de prêts. Cela a été le cas pour de nombreux acteurs banquiers du territoire.
Les confinements ont-ils accéléré les arrivées de nouvelles demandes en Auvergne ?
En 2021, nous avons observé la poursuite de ce que nous avions observé en 2020 : un niveau de demande plus important notamment dans les biens d'appartements avec terrasse ou de maisons en périphérie proche des grandes agglomérations. Et parfois des retours au territoire. C'est vrai en zone rurale et dans des bourgs ou des petites villes, où le marché n'est pas forcément dynamique, avec des gens venus de la région parisienne principalement s'installer sur le territoire. Est-ce conjoncturel ou à long terme ? C'est difficile à anticiper. Mais c'est un fait aujourd'hui. On opère sur les cinq départements Allier, Puy-de-Dôme, Cantal, Creuse, Corrèze. Au-delà du grand Clermont, ce phénomène a été aidé par l'accélération du travail à distance et des technologies de l'information, qui permettent de faire quelques jours de travail dans les grandes villes et s'installer sur notre territoire pour le reste de la semaine. Cela a favorisé notre marché local.
« 2021 a été l'année de tous les records en nombre de projet financés »
Comment envisagez-vous l'année 2022 au niveau des prêts ?
Il y a deux ans ou l'an dernier, on n'anticipait pas une hausse des taux longs, notre guide pour les taux du prêt à l'immobilier. Ces dernières semaines, il s'est passé un certain nombre de choses. La FED (La banque centrale des USA) a annoncé qu'elle réduisait le débit de sa planche à billets, voire qu'elle commencerait à retirer de la masse monétaire aux USA. Et la BCE (Banque centrale européenne) a agi de même. L'an dernier la masse monétaire était abondante et peu chère donc... mais cette année elle devrait, indépendamment de la crise ukrainienne, être plus rare et donc plus chère.
Quand on voit l'OAT à dix ans, le taux du trésor français qui est passé en quelques semaines de 0 à 0,60 ou 0,70 aujourd'hui, on pourrait retrouver la même tendance sur les taux de prêt immobilier. Donc là où vous pouviez emprunter à 15 ou 20 ans à 1 % dans les très beaux dossiers, ou 1,20 % cela va forcément se renchérir de quelques dizaines de points de bases. C'est néanmoins difficile à évaluer aujourd'hui car il y a un effet concurrence entre les banques qui peut nuancer cette hausse des taux immobiliers, que l'on observe quand même depuis le début d'année, même de façon timorée.
Un autre élément vient en ligne de compte, c'est l'inflation, en particulier poussée par les prix des matières premières et de l'énergie. En 2022, même avec des taux un peu plus élevés (avant négociation) et selon la qualité du dossier, on restera sur des taux réels attractifs avec une demande forte. La tendance serait renforcée si les salaires suivent. Avec une incertitude toutefois: la crise en Ukraine qui peut impacter la demande de prêt immobilier si la situation dure.
« Le prix du m2 reste très attractif sur le grand Clermont »
Pourquoi ces taux ne devraient pas trop grimper ?
Ou légèrement mais on restera sur des taux attractifs pour tout le monde. Il y a plus de demande que d'offre et les prix ont peu progressé dans notre région, à contrario des grandes villes. Le prix du m2 reste ainsi très attractif sur le grand Clermont ou d'autres secteurs du territoire. Nous faisons 40 % des volumes sur le grand Clermont par rapport aux cinq départements couverts.
Mais Vichy et Brive sont aussi des marchés très attractifs. Avec Brive, Clermont est la ville la plus chère, mais cela reste compétitif par rapport à la moyenne française et aux agglomérations de plus de 200 000 habitants. Les prix sont à la hausse sur Clermont mais encore de façon modérée.
Les taux resteront attractifs en 2022 et le marché est dynamique. Nous sommes plutôt confiants car la demande est soutenue depuis le début de l'année.
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