Frédéric Barbry : "Avec nos blessés est une façon de leur rendre grâce"
Le Général au commandement de la 4e brigade d'Aérocombat de Clermont-Ferrand organise avec ses hommes la journée « Avec nos blessés », une ascension du puy-de-Dôme aux « flambeaux » le 23 juin.
Depuis quand organisez-vous cette journée « Avec nos blessés » ?
C'est la 6e édition des Journées nationales des blessés de l'Armée de terre (JNBAT). La date est choisie par rapport au 24 juin et la bataille de Solférino, et la création de la Croix rouge. Nous avons voulu être plus inclusifs et cette journée s'appelle désormais « Avec nos blessés ». C'est un point qui nous tient à cœur car dans le 8e commandement du soldat, on n'abandonne ni ses morts ni ses camarades blessés. Nous sommes une armée d'engagement, en permanence sur tous les terrains d'opération. Dans le cadre de Barkhane, on est en auto relève, la Brigade est présente en BSS (bande sahélo-saharienne) depuis 2013 avec l'opération Serval qui s'est transformée en opération Barkhane. On a eu à déplorer collectivement 58 morts pour la France là-bas depuis 2013 et un grand nombre de blessés. La cellule des blessés de l'armée de terre, la CARAT, accompagne, suit, aide et apporte son soutien à environ 1 300 blessés.
Quel est le but de cette journée ?
Il est double : à la fois pédagogique en apportant une visibilité pour que nos concitoyens soient bien au fait de ce qui nous touche, physiquement et psychologiquement. Il y a un volet pécuniaire avec une levée de fonds. L'État français prend particulièrement bien en compte la problématique de la blessure et pour autant on essaye d'apporter ce supplément d'âme, ce petit plus à un blessé qui veut faire du sport en compétition, par exemple, d'avoir une prothèse en carbone ou alors aider une famille élargie à aller voir un blessé. Cela permet de mettre en place des structures comme les maisons ATHOS (Maison des blessés et la reconstruction par le sport). Pour la brigade et la délégation départementale, nous avons voulu faire quelque chose qui ait du sens, de visible et qui réponde à ce double impératif de pédagogie et de levée de fonds. Nous avons fait du teasing avec dépose du ballon lors de Clermont Foot-Montpellier.
Comment va se dérouler cette ascension au Puy-de-Dôme ?
Il y aura des animations Place de Jaude pour expliquer ce qu'est « Avec nos blessés » et ce que l'on va réaliser sur le sommet du Puy-de-Dôme, dans cette démarche de pédagogie. Ensuite nous aurons deux volets nocturnes avec le chemin de service qui sera ouvert pour nos 300 militaires munis de lampes à éclat qui vont figurer un chemin lumineux vers le sommet et symboliquement vers cet accès à la guérison. Un hélicoptère caïman va déposer un blessé de l'armée de terre au sommet et il va allumer trois faisceaux bleu blanc rouge simultanément visibles à une quinzaine de kilomètres à la ronde. La Brigade est leader mais en tant que leader militaire départementale j'ai voulu emmener avec nous le 28e RT (Régiment de Transmissions), le 92e RI (régiment d'infanterie), la 13e BSMAT (base de soutien du matériel) et tous les organismes interarmées rattachés. C'est un spectacle gratuit et sans contrainte. Cela sera retransmis au Casino de Royat lors d'un dîner de gala caritatif avec une animation vidéo et un orchestre de jazz. C'est ouvert à tous. Cela nous permet de passer un moment de convivialité et d'expliquer la problématique.
C'est important de se rapprocher du grand public comme vous le faites depuis plusieurs semaines ?
Dans le Puy-de-Dôme il y a 4 400 militaires. Cela représente 123 millions d'euros de masse salariale, nous sommes le 4e employeur du Département. On a un poids. Le 23 juin nous avons le soutien des entités locales : Préfecture, Département, Région, Mairies, le Medef, le monde culturel, associatif et cultuel... Cet attachement au monde militaire est important car l'armée de la République est au service de la Nation. Il est essentiel pour nous d'avoir notre place dans la vie de la Cité. Cette date du 23 juin est importante car on peut voir tout le rôle et l'apport du ministère des armées dans leur vie quotidienne et le prix que paient ces jeunes soldats dans leur engagement. C'est une façon de leur rendre grâce. L'armée de terre a été touchée en 2019, mais les blessures sont des stigmates portés à vie par ces soldats et leurs familles qui sont à leurs côtés.
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