Ahmet Schaefer : « Une nouvelle saison nous attend »
Investissement dans un club suisse, équipe de e-sports, Maison du CF 63... Avant la reprise du championnat, le président du Clermont Foot 63 nous a accordé un long entretien pour faire le point sur ce début de saison et sur le développement du club.
Vous avez profité de la trêve « mondiale » pour investir dans un nouveau club ?
Oui, nous avons investi dans le club suisse du FC Bienne, dans le canton de Berne, avec une participation minoritaire (à hauteur de 33%). Nous avons ajouté un troisième club à l'intérieur de notre alliance. L'idée était de trouver une plateforme pour y développer des jeunes joueurs, des joueurs de N1 ou N2, pour confirmer leur potentiel en Suisse ou en Autriche. Ensuite les meilleurs iront en France. L'objectif c'est de stabiliser ce club du FC Bienne. Avec la Tissot Arena et des installations magnifiques, ce club a de beaux équipements. On vise la montée en première division suisse (le club est en D3). À proximité, il y a aussi Magglingen, le Clairefontaine suisse. Il y a donc des compétences sportives et des infrastructures au top. C'est notre 3e projet. C'est un club bilingue, donc entre Clermont et Lustenau en D1 autrichienne c'est l'idéal. Après notre mauvaise expérience au Danemark, c'est une bonne chose. On respecte chaque projet localement mais le centre nucléaire, c'est Clermont. Je préfère investir dans le développement de ces plateformes qui permettent un bénéfice sportif et financier en France et qui profitent au Clermont Foot 63.
Avant de reprendre face à Lille le 28 décembre, quel bilan faites-vous de cette première partie de saison ?
C'est très satisfaisant avec cette 10e place. On ne peut pas parler de moitié de saison car pour nous c'est comme si c'était la trêve classique. Il y a toute une nouvelle saison qui nous attend. En attendant le bilan est bon. Nous avons eu deux ou trois occasions pour gratter deux ou trois points de plus au classement mais globalement, la photo de l'instant est satisfaisante. Le film lui n'est pas terminé.
Comment trouvez-vous votre groupe de joueurs et les transferts effectués ?
Au début, c'était un défi d'intégrer d'une journée à l'autre un certain nombre de joueurs étrangers qui ne parlaient pas la langue. Beaucoup de choses se sont améliorées car nous les entourons de manière plus professionnelle avec des cours de langue en Français, la crèche pour les enfants, les écoles... Des choses établies dans d'autres clubs qui se développent chez-nous rapidement grâce à notre ouverture vers l'internationalisation du club. À travers « l'alliance », le résultat de notre cellule de recrutement internationale pour que le Clermont Foot puisse bénéficier de ces joueurs qui, souhaitons-le, pérennisent le club autour de cette 10e place. Et créer une valeur future pour le club car on sait que l'on restera un club « tremplin » comme disent les gens. Moi je dis plutôt un club vendeur qu'acheteur. Cela nous rend fier de voir Alidu Seidu (Ghana) et Mateusz Wieteska (Pologne) représenter leurs pays au Qatar.
« Soyons réalistes, Alidu Seidu sera dans un très grand club la saison prochaine »
Finalement, vous avez gardé un peu la même philosophie que Claude Michy avec de la formation mais peut-être plus d'ambition au niveau financier ?
Il y a un peu des deux. La saison de la montée, nous avions envie de ne vendre aucun joueur mais d'ajouter de la qualité, de garder Mohamed Bayo et d'autres joueurs cadres. De profiter de cette alchimie créée en Ligue 2 avec la montée. Cela nous a aidés à nous maintenir mais on savait aussi que nous étions en fin de cycle. Il fallait changer et ajouter des éléments. Le défi c'est de garder ce mélange avec des joueurs cadres qui connaissent bien le club, le coach et sa philosophie mais qui puissent aussi intégrer rapidement les nouveaux joueurs. Garder des Ogier, des Gastien ou des Magnin... c'est peut-être encore plus valorisant que d'aller chercher quelqu'un d'autre car ils sont stables et on a de l'expérience. Nous n'avons pas le projet de faire de l'argent avec tous les joueurs, au contraire mais de trouver ce bon mélange avec des jeunes comme Muhammed Cham ou Alidu Seidu, qui, soyons réalistes, sera dans un très grand club la saison prochaine, mais aussi des joueurs d'expérience et une ouverture vers l'internationale avec les Andric, les Borges...
Il y a eu 5 matches sans victoire avant la trêve. Est-ce que ce stage en Espagne a resserré le groupe ou il n'en avait pas besoin comme le disait Pascal Gastien ?
Le groupe est équilibré en effet, il y a une alchimie. Nous avons des joueurs qui viennent de différentes régions du monde avec des joueurs français expérimentés comme Maxime Gonalons. Cela permet de créer rapidement des liens à l'intérieur de notre famille et avec nos valeurs. Il n'y a pas de bling-bling, de grosses voitures même si nous avons des joueurs qui ont évolué dans de grands clubs et qui savent ce que c'est que de gagner énormément d'argent dans le football, chez-nous ils reviennent quelques années en arrière. Ils se disent : « Ouah, il y a un projet qui se développe ! » Il y a un centre d'entraînement qui arrive, un nouveau bâtiment et un stade qui vont être construits. Oui ce n'est pas tout nickel est top encore mais on fait partie de ce développement. Nous sommes un pilier important de ce projet sur et en dehors du terrain. Cela donne de l'envie et un engouement à ces joueurs expérimentés. Cela leur donne un défi, on va se jeter dedans et lutter tous ensemble pour le maintien. Le stage en Espagne fait toujours du bien, c'est convivial d'être ensemble, avec de la douceur... Mais cela ne va pas changer la bonne ambiance du groupe, c'était juste du bonus. Car c'est une nouvelle saison qui commence bientôt.
Le club ne cesse de grandir au niveau sportif mais aussi dans ses installations ?
Pour le stade, nous ne maîtrisons pas les appels d'offres, cela est géré par Clermont Métropole mais on sait que la tribune Livradois a été démontée derrière les buts. Elle va passer à 2 200 places avec un toit pour toute la tribune pratiquement. Cela va avoir un fort impact de confort durant l'hiver et cela va augmenter notre capacité à 13 700 places environ. Les choses vont dans le bon sens pour la nouvelle grande tribune mais si vous me demandez un délai, il m'est impossible de vous répondre car je ne maîtrise pas ce dossier. Nous continuons d'agir là où nous avons toute la maîtrise comme le terrain d'entraînement. Il y aura aussi un nouveau bâtiment : la Maison du Clermont Foot 63. C'est un lourd investissement mais c'est aussi notre devoir de réinvestir et de créer du travail. Pas seulement pour les joueurs mais aussi pour notre staff qui a été élargi à une trentaine de personnes alors que nous étions 11 en Ligue 2. Nous sommes arrivés en tant qu'étrangers à Clermont, je suis suisse, je ne maîtrisais pas votre langue. J'ai appris la langue et je suis fier de dire : investissez en France, créez du travail, prenez du plaisir car c'est une aventure humaine et sportive. Cela me rend énormément fier d'apporter ce que l'on peut à la Ville, à la Métropole et à la Région, aux bénévoles qui travaillent non-stop pour le club et aux sponsors.
« Ici, il n'y a pas de bling-bling, de grosses voitures même si nous avons des joueurs qui ont évolué dans de grands clubs »
Comment voyez-vous le développement des équipes de jeunes et des féminines ?
Mon ancien patron à la FIFA avait dit que le futur du football était féminin. Quand je regarde le développement du foot féminin dans notre club et en dehors, il y a un vrai engouement sportif. Surtout avec la montée mais pas seulement. De plus en plus de partenaires commerciaux sont intéressés par le football féminin. Cela nous montre, comme le e-gaming, que dans ce contexte de recherche de libertés, c'est notre responsabilité de promouvoir ces valeurs de mixité. Elle est jolie cette popularité et cela nous donne la responsabilité de développer le football féminin, celui des jeunes et celui des pros. Nous essayons de mettre dans chaque étage de cette pyramide de développement, les investissements nécessaires pour grandir étape par étape sans faire n'importe quoi mais en ayant toujours cette dimension de croissance.
« De plus en plus de partenaires commerciaux sont intéressés par le football féminin. »
Le club va lancer son équipe de e-gaming ?
C'est d'abord la Ligue qui a pris cette initiative et je la félicite. C'est un projet auquel nous avions réfléchi, pour le faire seul ou avec d'autres personnes. La Ligue donne certains cadres commerciaux et sportifs. Cela donne une stabilité et de l'autre côté une flexibilité pour intégrer nos idées. Pour développer des tournois entre les étudiants ou entre nos clubs de l'« alliance ». Cela peut créer des synergies entre supporters également sur le net working. Ces joueurs peuvent devenir des ambassadeurs du Clermont Foot 63.
On parle de jeux vidéos et c'est bientôt Noël. Quels clubs supportiez-vous enfant ? Quels joueurs ou entraîneurs admiriez-vous ?
Ma mère est d'Istanbul, mon père zurichois. En Turquie, je supportais Fenerbahçe quand j'allais en vacances à Istanbul. Des trois clubs Stambouliotes c'est celui-là que je suivais. J'étais endoctriné (rires). J'ai vu Joachim Löw ou Christoph Daum comme entraîneurs. À Zurich j'étais plutôt neutre entre les deux clubs, le FC Zurich et les Grasshopper. Je suis allé voir les deux, c'est particulier car il faut choisir un club... Je trouvais le niveau assez faible parfois. Les Grasshopper ont eu de belles années. Comme entraîneur, il n'y en a qu'un, c'est Pascal Gastien.
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