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Comme « neuve », l'église Saint-Pierre les Minimes continue de dévoiler ses secrets

19h50 - 08 février 2023 - par Guillaume Bonnaure
Comme « neuve », l'église Saint-Pierre les Minimes continue de dévoiler ses secrets
L'église Saint-Pierre-les-Minimes et plus dôme d'Auvergne pendant les travaux.

La Ville (maître d'ouvrage) a procédé à la restauration des extérieurs, de la statue et des clefs de Saint-Pierre et à la mise aux normes des installations électriques avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Le dôme a été refait complètement.

Ceux qui sont arrivés en 2020 à Clermont-Ferrand ne l'ont connue qu'affublée de ses échafaudages et de ses grues. Aujourd'hui, l'église Saint-Pierre-les-Minimes, Place de Jaude, a retiré son corset pour se dévoiler entièrement aux passants et à ses fidèles.

Après deux ans de travaux entamés en janvier 2020, cet édifice emblématique de la Place de Jaude construit au XVIIe siècle en pierres de lave a retrouvé sa « splendeur » grâce au savoir-faire de spécialiste de la restauration du patrimoine ancien.

Histoire

C'est un édifice qui possède une longue histoire... La construction du couvent des Minimes est en effet entreprise en 1630 et se poursuit jusqu'en 1703, date d'achèvement du cloître et de la façade principale de l'église inspirée du « style jésuite » (façade à deux niveaux, accostée d'ailerons et couronnée d'un fronton). L'ensemble est vendu comme bien national à la Révolution.

En 1801, l'église devient le siège de la paroisse Saint-Pierre et prend le nom de Saint-Pierre-les-Minimes.

En 1857, la toiture de la nef est surélevée et un petit campanile avec les clés de Saint-Pierre est édifié.

En 1895, elle est agrandie par l'architecte de la Ville Joseph Teillard. Celui-ci construit le chœur puis la croisée du transept surmontée d'un dôme néo-classique, inspiré des exemples parisiens, qui culmine à 64 mètres de hauteur.

La nouvelle église est achevée en 1897 avec des vitraux d'Émile Thibaud et des sculptures d'Henri Gourgouillon. Notons que l'édifice fait face à l'Opéra-Théâtre réalisé par le même architecte Joseph Teillard et également orné des sculptures d'Henri Gourgouillon.

Pour redonner à l'édifice son lustre d'antan, la Ville de Clermont-Ferrand (maître d'ouvrage) a procédé à la restauration des couvertures et de la façade Est, à la mise aux normes des installations électriques et à la restauration du fronton, du clocheton, de la couverture du chevet, du vitrail central, de la statue et des clefs de Saint-Pierre.

L'état sanitaire déplorable du dôme a conduit la Ville en accord avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) à procéder à sa restauration complète en profitant des installations de chantier en place.

Coût total des travaux : plus de 2,5 millions d'euros financés par la Ville avec le soutien de la DRAC (462 342 euros), du Département (216 453 euros) et la Région (41 244 euros).

Savoir faire

« Sur la façade, il fallait être minutieux avec la pierre de Volvic car contrairement à ce que l'on pense, il faut la nettoyer avec douceur nous expliquait Élodie Agenis, architecte du patrimoine chez ACA Architectes & Associés, en charge du chantier. Si on nettoie trop, l'eau rentre et la pierre se dégradera. Il a fallu purger les ciments pour extraire les sels qui tachaient la pierre. On a la chance en Auvergne et à Clermont-Ferrand d'avoir des entreprises de maçonnerie et de charpentes avec des compétences, et des ouvriers qui connaissent leur métier et sont passionnés. »

Lieu de culte préféré de Blaise Pascal, qui a son acte de baptême affiché à l'intérieur

cette église peut sembler austère mais elle regorge de secrets...

« C'est une façade remarquable des ordres des Jésuites nous expliquait Élodie Agenis. Pendant des siècles elle a cherché son clocher, plusieurs ont été démolis. Pendant cent ans elle est restée sans clocher et c'est l'architecte de la ville, Jean-Marie-Joseph Teillard au XIXe siècle qui a agrandi cette église et lui a donné ce dôme. »

Et quel dôme ! Saint-Pierre des minimes, c'est un peu le « Duomo » de Florence en Italie, le dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore.

« C'est le plus beau dôme d'Auvergne avec 9 mètres de haut et 12 mètres de circonférence, des ornements magnifiques. C'est une église de la contre-réforme, c'est-à-dire, après Vatican II, des églises à intégrer au tissu urbain comme Saint-Pierre-les-minimes. Elle est toute resserrée et à l'intérieur Jean-Marie-Joseph Teillard avait prévu de mettre en peinture l'intérieur du dôme. Nous avons les épures en aquarelles qu'il avait prévu de faire. C'est une église du XVIIe avec une merveilleuse transition au XVIIe grâce à son architecte que l'on connaît très peu. Teillard n'est pas assez mis en valeur. Cette église a un dôme majestueux... »

état d'urgence

Déposée le 17 mars 2022, la croix située en haut de la flèche a retrouvé son emplacement d'origine le 12 mai de la même année après sa réfection à l'identique en atelier. En effet, les soudures des composants en zinc s'étaient ouvertes, l'eau s'infiltrait, la croix s'était affaissée dans son support sphérique en zinc. Les décors (pétales des fleurs) avaient disparu, rongés par l'usure du temps et les intempéries. C'est une croix qui date de la création du dôme par Joseph Teillard.

Doigts de Dieu

Sur le mur de l'église face à Jaude, les passants peuvent lire l'inscription « Charitas » la devise de Saint-Pierre, à côté de la statue. Une œuvre qui avait perdu des doigts avec le temps...

« Quand nous avons voulu faire le diagnostic sanitaire, nous nous sommes aperçus que les doigts de la main droite avaient vraiment été mal faits racontait Élodie Agenis. C'était étonnant, ce n'était pas un restaurateur. Mais la personne avait la conscience de laisser les doigts qui étaient tombés, derrière la statue. C'est un bon réflexe de garder les originaux dans l'édifice même ! Les générations peuvent le retrouver et le restaurer avec plus de moyens. On a pu remettre en place les trois derniers doigts de la main droite de Saint-Pierre. »

Maintenant que l'extérieur a été refait, il va falloir s'attaquer à l'intérieur, mal en point.

« Il faudrait que l'intérieur du dôme soit aussi bien mis en valeur que l'extérieur rappelait Élodie Agenis, architecte du patrimoine chez ACA Architectes & Associés, en charge du chantier. Il y a des travaux d'électricité à faire et on a retrouvé l'ancienne lustrerie du XIXe siècle derrière des gravats. On peut la remettre en valeur. Il faut un rafraîchissement intérieur, l'église a été encrassée à cause de son chauffage de l'époque. »

Projection

Comme cela se fait en ce moment dans les grandes villes de France (Exposition Venise à Bordeaux, Van Gogh à Paris ou Toulouse...), une projection d'œuvres d'art pourrait avoir lieu dans cet endroit.

« Ce serait magique, j'espère le voir un jour, depuis près de dix ans que je travaille sur cette église, c'est la mise en valeur du dôme intérieur qui aujourd'hui est blanc avec des verrières simples déclarait Élodie Agenis. On pourrait envisager une projection lumineuse en couleurs des aquarelles de Teillard, sans envisager une restitution, cela n'aurait pas de sens. Mais une projection de ses peintures dans le dôme donnerait énormément de sens spirituel au dôme qui est à la croisée de l'église et en plus, une connaissance aux habitants de Clermont, de Jean-Marie-Joseph Teillard, cette architecte de la ville. »

Dans la candidature de la Ville comme capitale de la culture 2028, l'église Saint-Pierre des Minimes pourrait avoir un rôle à jouer et ouvrir encore plus son riche passé aux Clermontois. Et aux autres.

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