Le coach des Bleues au coeur des Panthères
Émile Rousseaux, le sélectionneur belge de l'Équipe de France Féminine de Volley-Ball est venu observer le travail du club de Chamalières fin février. Pour lui, ce club référence dans la formation peut encore mieux se structurer.
Ancien international belge et sélectionneur de l'équipe de France féminine de Volley-Ball Émile Rousseaux a fait son tour de France des clubs un peu plus d'un an des Jeux olympiques de Paris pour observer comment fonctionnaient ses joueuses. Il a bien sûr fait étape à Chamalières durant une semaine du 20 au 24 février pour voir l'évolution du VBCC et sa philosophie de formation à la Française avec 70 % de son effectif issu de la formation tricolore.
« Les Joueuses passent 7 mois en club et 5 mois en équipe nationale rappelait le coach. Tout est lié donc il est important pour moi de voir comme les Françaises fonctionnent dans leur club. Et aussi échanger avec l'entraîneur, discuter de l'évolution de chaque joueuse, où peuvent-elles progresser et voir le développement futur. »
Il voit bien sûr d'un bon œil les clubs qui font des efforts sur la formation. « Je suis allé à Nantes aussi pendant quatre jours car il y a aussi cinq joueuses françaises. C'est très bien. J'aimerais dire aux jeunes joueuses françaises : allez à Chamalières car l'entraîneur, s'il vous promet du temps de jeu, il va tenir parole. Et c'est un club très bien structuré sur le plan sportif. »
Engagé pour l'égalité des salaires Homme-femme dans le sport de haut niveau et en particulier dans son sport, sélectionneur belge n'a pas la langue dans sa poche quand il évoque la structuration du staff du VBCC ou la présence trop massive des joueuses étrangères dans des clubs comme Le Cannet qui a remporté le championnat sans aucune française sur le terrain mais qui payent des amendes.
« Bien sûr que c'est risqué d'avoir 70 % de joueuses françaises car elles arrivent en championnat à l'âge de vingt ans et les étrangères vers 22 ans. Ce niveau de maturité intéresse plus les clubs. La formation des Françaises n'est pas terminée quand elles sortent de l'IFSVB (Institut de Formation pour le Sport et le Volley-Ball). »
En trois saisons, le pourcentage de joueuses françaises sur les terrains de la ligue féminine est passé de 25 à 20 % sur les quinze premiers matches de championnat.
Structures
« Le VBCC doit faire de nombreux efforts pour avoir un encadrement sportif à la hauteur d'un projet professionnel a confié le sélectionneur Belge. Avec toute l'amitié que je porte au VBCC je suis obligé de leur dire que cela ne le fait pas. C'est une ligue professionnelle et ça veut dire que l'entraîneur principal ne peut pas occuper aussi les fonctions d'entraîneur adjoint, de la préparation physique ou de la logistique, transporter les joueuses... L'entraîneur ne peut pas s'adonner pleinement à sa compétence. Son travail c'est l'entraînement donc il faut se consacrer pleinement à ça ! Atman Toubani fait tout tout seul. Il a une grosse motivation et une grande compétence. Il y a seulement dix joueuses au lieu de douze. Il n'y a pas de concurrence, on est obligé d'accepter beaucoup de choses. C'est au détriment de la performance. Si on a une vraie ambition, il faut aussi la traduire à travers des actes de structuration. Je suis aussi là pour les aider à réfléchir à l'encadrement du club. »
JO 2024
Dans un groupe de 24 filles capables d'aller aux JO, il y a 5 joueuses de Chamalières. Il faut 14 joueuses pour les compétitions internationales mais pour les Jeux olympiques, c'est 12... La sélection va être très dure. « C'est tellement beau d'aller aux JO. Mais cela va se faire dans la douleur car il faudra dire à 12 joueuses qu'elles n'iront pas. »
Le projet choisi par les joueuses est donc primordial car seules les titulaires en club seront prises. « Alors que nous avons l'attractivité des Jeux olympiques en France, on devrait travailler sur notre progression alors que c'est le contraire ». En plus il y a un manque dans la diversité des postes : 43 % des Françaises titulaires sont des libéro, un poste défensif...
Progression
En 2024, la France sera qualifiée d'office pour ses JO. Une grande première dans son histoire ! Mais depuis l'arrivée du Belge en 2018, la France progresse avec un quart de finale de l'Euro en 2021 et un succès dans la Ligue européenne en 2022.
« Nous avons obtenu notre premier titre depuis 1936, on a gagné la Golden Ligue. C'est positif. Cela donne de l'envie à tout le monde malgré nos petits moyens. En 2023, nous avons la Golden Ligue, le Challenger, le championnat de division B international et on l'organise à Laval. En cas de bon résultat on peut être dans la VNL (Volleyball Nations League), le gratin du volley-ball mondial. À la fin du Challenger fin juillet à Laval nous irons en Estonie pour le championnat d'Europe. Nous avons un été très dense. »
Les joueuses internationales françaises méritent aussi le respect comme l'a dit le coach car elles sont sur le pont onze mois sur douze. Avec des salaires autour de 1400-1500 euros, certaines décrochent pour changer d'emploi... « Dans le handball féminin ce n'est pas le cas. Une joueuse de volley doit bien vivre de son métier pour s'engager totalement... Par rapport aux volleyeurs c'est le reflet de la société. Elles ont raison de se battre pour une égalité salariale dans le sport. On frise le ridicule... Les déclarations c'est bien mais il faut des actes. On dit il y a des difficultés dans le volley mais bizarrement pas chez les hommes où il y a des budgets dix fois plus grands. »
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