Eric Brut : "Les gens ont besoin de se faire du bien en station thermale."
Le Directeur général de Thermauvergne, de la Route des Villes d'Eaux et du GIE Auvergne Thermale Qualité fait le bilan de l'activité thermale en 2022 et évoque les perspectives positives pour 2023.
Quel bilan faites-vous de l'activité thermale en 2022 ?
Nous avons eu la chance d'avoir une filière thermale en Auvergne qui a bénéficié d'une dynamique entre 2010 et 2019. Sur le plan national, le thermalisme avait progressé de 13 % en dix ans contre 23 % pour les stations auvergnates ! La qualité de notre structuration et la communication entre opérateurs participe à cette facilité de travail entre les communes et les exploitants thermaux. Mais le Covid a complètement cassé ces dynamiques avec - 67,5 % de l'activité en 2020 et - 43,4 % en 2021. Sur ces deux années cumulées, on n'arrive même pas à la fréquentation de 2019... C'est un choc. En 2022, année dont on espérait beaucoup, cela a été décevant avec une baisse au niveau national de 24,6 % par rapport à l'année de référence, 2019. Il nous manque toujours un quart de clientèle ce qui est beaucoup. En Auvergne thermale ce recul est de - 22 %, donc un peu en dessous.
Quels sont les points positifs ?
2022 est la première année sans fermeture. En 2020-2021, les curistes n'ont pas pu venir en début de saison. Pour ceux qui sont venus, les taux de satisfaction sont exceptionnels. Entre 95 et 98 % de satisfaction à l'accueil et aux soins. Nous avons beaucoup de primocuristes. Avant on était sur des taux autour de 20 % et là sur du 25 % donc cela compense le fait que beaucoup d'anciens curistes ne sont pas revenus, pour des problèmes financiers ou de santé. À côté de la cure thermale remboursée sécu, nous avons eu une augmentation très significative des mini-cures santé ou bien être, des courts séjours en fait. Cela démontre que l'on est dans le vrai, que la destination station thermale est intéressante. Les gens ont besoin d'un break, d'une coupure et de se faire du bien en station thermale. Nous avons constaté des réservations plus tardives alors qu'un curiste réserve parfois six mois à l'avance. Là, on est un mois et demi ou deux mois à l'avance. À voir si cela se confirme.
La dynamique sur les fréquentations est cassée mais malgré tout, nous avons des opérateurs thermaux qui continuent à vouloir investir dans nos stations (32 millions d'euros à Châtel-Guyon, 7 à 8 millions au Mont-Dore, 50 millions à Vichy, 12 millions à La Bourboule et entre 40 et 50 millions à Royat...). Les projets ne sont pas retardés dans nos stations même s'il faut être vigilants à l'impact du coût de l'énergie et des matières premières aux difficultés de recrutement et à la baisse du pouvoir d'achat de nos clients.
Quelles sont les perspectives pour la saison 2023 ?
C'est positif car pour le début de saison 2023, les préservations sont bien meilleures que les années précédentes. Certaines stations ont en préservations le niveau de curiste qu'ils ont eu l'an dernier. C'est assez exceptionnel et ce n'est pas le cas partout. Les nouvelles générations vont être plus attentives à leur santé que les générations précédentes. Plus les personnes feront attention à leur santé, plus cela laissera un énorme potentiel aux stations thermales qui doivent devenir le lieu idéal pour un séjour santé. Notre objectif sur Thermauvergne et sur la Route des Villes d'Eaux, c'est de consolider l'activité thermale car elle génère le plus de retombées économiques et c'est celle qui emploie le plus de personnel. Une station thermale sans thermalisme est une station, même si elle est touristique, qui serait à l'agonie. Il faut accompagner les stations dans le développement d'une diversification des activités et notamment le bien-être.
Avec quelles actions ?
Depuis dix ans, nous organisons le Printemps du Thermalisme qui aura lieu du 15 au 20 mai. Il a beaucoup d'intérêt localement car il s'adresse aux Auvergnats. Qu'ils n'hésitent pas à venir pratiquer des soins thermaux ! Nous lançons l'opération « 3 soins à 33 euros ». Durant tout le mois de mai, nous investirons également le Centre Jaude dans une boutique éphémère. Les gens pourront avoir un accès à toutes les informations pour réserver des forfaits et des cures. Nous travaillons également sur le recrutement de médecins en stations. Nous en avons installé 12. En octobre à Royat, il y aura un speed dating entre les stations et des médecins intéressés mais qui n'ont pas encore franchi le pas.
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