Jean-Christophe Pagesse : « La rareté du terrain constructible augmentera son prix »
Jean-Christophe Pagesse est Président départemental du pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB). Avec ce printemps décisif pour le secteur du BTP, il fait un point avec nous.
Comment se porte le marché de la construction du logement neuf ?
Il y a une grosse baisse du nombre de permis de construire sur la construction neuve en général. Cela est dû à l'envolée des prix des matériaux et la hausse des taux bancaires. Mais je pense que nous touchons enfin le point haut. Les prix ne baisseront pas mais n'augmenteront plus de manière aussi significative. Mais il y a une autre composante qui est très préoccupante et qui passe un peu inaperçu pour le grand public c'est la disparition programmée du foncier constructible induit par le Zéro Artificialisation Nette (ZAN).
Mais n'y a-t-il pas trop d'artificialisation des sols en France ?
Pas du tout, en France 9 % du territoire est artificialisé : ce chiffre comprend toutes les constructions (habitation, bureaux, hôpitaux, écoles, usines...) mais aussi les voiries, les jardins particuliers, les parcs, les terrains de sport... Si on regarde nos voisins européens, l'Allemagne est à 28 %, les Pays Bas à 29 %, l'Italie à 20 %. Il faut bien évidemment avoir une gestion raisonnée du foncier, trouver le juste équilibre entre la production agricole, le développement locale et économique et le besoin de logement qui est vital si on veut que la population habite dans des logements dignes.
Pourquoi le ZAN est-il préoccupant ?
Le ZAN prévoit de deviser par deux sur la période 2021-2031 la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers pour arriver à zéro artificialisation en 2050. Cette rareté du terrain constructible augmentera le prix du terrain ; donc le logement neuf deviendra un véritable produit de luxe. Ce manque de construction provoquera aussi une véritable tension sur le marché de l'ancien ainsi que sur le logement locatif qui aura pour conséquence une augmentation du prix des loyers.
Un choix cornélien devra aussi être fait entre choisir de construire des logements, des équipements publics ou encore de répondre à l'objectif de réindustrialisation. De véritables contradictions et conflits seront inévitables et innombrables.
La fondation abbé Pierre prévoit déjà à court terme une crise du logement sans précédent depuis 1945.
Est-ce que les Puydômois veulent habiter une maison individuelle ?
Bien sûr, plus de 80 % de la population souhaite habiter dans une maison individuelle et avoir un extérieur qui ne soit pas forcément grand.
Avec les nouvelles normes en vigueur, le logement neuf est très économe en énergies avec un confort d'été accru. La maison est devenue « verte », décarbonée. C'est capital aujourd'hui avec l'augmentation du prix de l'énergie.
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