Hugues Aufray : « Les gens viennent pour vous car ils vous aiment. L'amour est un échange »
Vendredi 24 novembre à 20 h 30 à la Maison de la culture, le « troubadour moderne » de la chanson française viendra offrir son répertoire et quelques surprises à un public qui mêle toutes les générations. À 94 ans, Hugues Aufray séduit toujours.
Vous voilà à nouveau en tournée dans toute la France avant un concert à l'Olympia à Paris. « On the road again » comme on dit ?
Ça fait depuis l'âge de 6-8 ans que je gagne ma vie en chantant avec une guitare mais le fond reste le même. Je ne veux pas faire de grosse tournée où l'on part loin de chez-soi longtemps. Je ne pars plus sept mois en tournée comme avant. Cela me permet de gagner ma vie mais je veux que cela reste un plaisir. Les voyages, ce n'est pas de la rigolade.
« Le monde entier devient plus violent mais moi de moins en moins. »
Cette tournée s'intitule « Cultes et Cultures ». Pourquoi mélanger ces lieux ?
J'avais déjà fait des tournées dans les églises et les cathédrales comme Laurent Voulzy avec mon ami Michel Algay (créateur de la tournée Âge tendre et tête de bois N.D.L.R.). C'était magnifique ! Puis cet ami est décédé et j'ai mis cela en pause. Je vais reprendre les concerts dans ces endroits-là mais pour le moment je joue dans des maisons de la culture. Ce n'est pas la même chose que de gros concerts devant des milliers de personnes. J'ai joué avec Bob Dylan devant 80 000 personnes mais ce n'est pas ce que j'imaginais quand j'ai commencé la chanson.
À quoi peut-on s'attendre pour votre concert à Clermont-Ferrand ?
Je serai entouré de quatre musiciens mais il n'y aura pas de batterie. Dans une église, ce serait trop sonore. Cela m'oblige à sélectionner mes chansons car la batterie c'est violent. Le monde entier devient plus violent mais moi de moins en moins. À vingt ans, j'étais plus bagarreur. Aujourd'hui je cherche à apporter du bonheur et de la sagesse avec des chansons pleines d'humanité. Elles apportent du bonheur et m'en donnent aussi. Comme le font les soignants ou le personnel dans les EPHAD. Ce n'est pas très gratifiant mais ils apportent du bonheur et cela les rend heureux. Je ne suis pas pratiquant mais c'est la base du christianisme qui est à la base de l'humanisme. Je chante dans les églises pour apporter du bonheur aux gens. Et nous avons des lieux magnifiques en France construits à l'époque. Quand on chante dans les églises, le curé est heureux car l'église est pleine alors que les gens s'éloignent de cette religion...
« Ne me parlez pas de »tubes« , je déteste cette expression ! »
Vous touchez plusieurs générations avec vos chansons que les Français connaissent tous. Qu'est-ce que cela vous fait ?
Ce succès me rend heureux. Ce n'est pas une question d'argent même s'il faut en vivre mais voir que 1 000 personnes viennent dans une salle pour vous écouter c'est gratifiant. Plus que de chanter à un meeting politique où les gens sont invités... Là, les gens viennent pour vous car ils vous aiment. L'amour est un échange. Si quelqu'un vous rend ce que vous lui donnez, c'est le bonheur.
Votre répertoire est immense. Vous devez faire des choix difficiles avant un concert ?
Rassurez vos lecteurs : il y aura 50 % de chansons attendues, auxquelles ils ont droit, les incontournables, des chansons qui ont eu du succès car les enfants les aiment comme « Stewball ». Ne me parlez pas de « tubes », je déteste cette expression ! Et 50 % de surprises, des chansons peu connues de mon répertoire ou de l'extérieur. Je me suis imprégné toute ma vie du folklore, des chansons américaines, de Bob Dylan. Les chansons ne poussent pas dans les champs comme des coquelicots mais elles ont été faites par des gens qui ont vécu.
« En occitan, le troubadour, c'est celui qui trouve. »
On vous a appelé le « Troubadour moderne ». C'est un surnom qui vous va bien ?
On m'a désigné comme ça dans les années cinquante. À la sortie de mon premier disque car j'étais inclassable. Au début je trouvais cela vieillot mais il n'y a pas plus moderne. En occitan, le troubadour, c'est celui qui trouve. Qui cherche, qui trouve et qui colporte. Je trouve sans chercher.
Maison de la culture de Clermont-Ferrand, boulevard François Mitterrand. Tarifs : 39, 49 et 55 euros dans les réseaux habituels.
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