Stéphanie Picard : "maintenir la pression pour un Clermont-Paris en 2h30"

Porte-parole bénévole du collectif des Usagers du train Clermont-Paris, qui milite pour un trajet plus court et plus fiable, Stéphanie Picard a réussi à échanger avec Clément Beaune, le ministre des transports.

Vous demandez de la fiabilité et une réduction du temps de parcours sur le train Clermont-Paris ?

Oui, pour l'attractivité et le dynamisme du territoire. Dans la Saga des Volcans, je retrace l'histoire de cette ligne. On nous a longtemps promis le TVG. Pendant que l'on finançait des études pour le tracé, on n'investissait pas dans les voies et le matériel roulant. En 2018, l'État siffle la fin de la partie TGV et on annonce le remplacement de la totalité du matériel roulant et des travaux sur les voies. Après quelques retards supplémentaires, le matériel est attendu pour l'été 2025 et les travaux seront achevés pour 2028. Quel impact en termes de temps de parcours ? En 2028, il faudra 3h06 pour faire Clermont-Paris par le direct. En 2008, il fallait 2h58. Et on est censé être contents. Cela devrait effectivement améliorer la fiabilité de la ligne mais certaines causes de retards (accidents de personnes, heurts de gibier ou chute d'arbre) ne changeront pas...

Vous avez réussi à discuter avec le ministre des transports dans le Paris-Clermont à l'occasion des rencontres nationales du transport public. Racontez-nous.

J'avais visé juste sur le train qu'il prendrait en fonction de son emploi du temps, celui de 13h au départ de Paris (une intervention à la Grande Halle à 17h15 et le Conseil des ministres le matin). Il a accepté d'échanger avec moi, au pied levé, 30 minutes entre Vichy et Clermont. C'était inespéré. Je l'ai remercié pour la mise en place du groupe de travail technique qu'il a mis en œuvre pour cette ligne auquel nous sommes invités. C'est un canal de communication essentiel avec le ministère et la SNCF. Je lui ai également remis une lettre co-signée avec la FNAUT disant que nous voulions être associés à la définition du périmètre d'une nouvelle étude annoncée visant la réduction du temps de parcours. Nous souhaitons que la solution dite du « Y » inversé soit étudiée (création d'une ligne à la sortie de Paris, traiterait Limoges et Clermont et serait une bouffée d'air pour le trafic RER en Région Ile de France). Je lui ai également demandé des engagements fermes avant la fin du quinquennat car on a trop souvent été la patate chaude des gouvernements qui lancent des études sans décider avant la fin de leur mandat. Le ministre a été très ouvert dans cet entretien bienveillant...

2 h 30 ce n'est pas utopique ?

Nous travaillons avec Objectif Capitales et la AUTA-FNAUT. Nous sommes tous alignés sur 2h30. Frédéric Aguilera, Vice-Président aux transports à la Région, évoque aussi 2h30. On manque de ministre auvergnat depuis 3 quinquennats pour porter nos sujets, notamment celui-là. Nous ne sommes pas experts et ne voulons pas être prescripteurs de solutions. Toutefois, nous essayons de comprendre comment arriver à 2h30. La solution du « Y » inversé semble faire consensus. Couper les virages, supprimer des passages à niveau... ce n'est pas suffisamment ambitieux. Le Clermont-Paris en 2 h 30 est une question politique et on nous répond par du technique et du financier. C'est toujours trop cher pour l'Auvergne.

Vous avez aussi fait une lettre à Emmanuel Macron et une pétition ?

Oui, avec 7 autres associations d'usagers du train en Auvergne qui militent notamment pour le maintien ou la réouverture de petites lignes. Nous avons lancé un appel à soutien citoyen. C'est l'objet de cette pétition lancée en janvier 2022. On est à 11 300 signatures. À force d'être actifs, nous sommes invités aux réunions de travail comme à la Grande Halle aux côtés de la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports), d'Objectif Capitales, de la CCI, des élus, de la SNCF, de Limagrain ou de Michelin. Je n'ai pas senti beaucoup d'ambition pour notre ligne au cours de cette réunion. J'ai le sentiment que l'on va nous demander de choisir entre-temps de parcours et fiabilité. Pourquoi choisir ? Le matériel et les travaux arrivent, avec du retard... mais ils arrivent enfin ! 

Pétition « Clermont-FD/Paris en 2h30 par le train, c'est pourtant possible ! » à retrouver sur www.change.org