Pôle Vernéa : la seconde vie de nos biodéchets
Depuis le 1er janvier, le tri à la source des biodéchets devient obligatoire. Le 9 janvier, après une conférence de presse regroupant les collectivités couvertes par le VALTOM, nous avons pu visiter les installations de traitement de nos déchets végétaux et alimentaires qui serviront à produire du méthane et au final du gaz ou de l'engrais.
Dans l'antre du pôle de valorisation multifilières Vernéa, le ballet des camions déversant les sacs de biodéchets perturbant la quiétude de quelques chats venus se restaurer n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière.
Mais déjà imposé depuis 2016 aux gros producteurs de biodéchets (+ de 10 tonnes par an), le tri se généralise cette année à l'ensemble des Français.
Si la plupart des Puydômois connaissent le compost, le tri des biodéchets c'est quoi ? Ce sont les restes alimentaires de la cuisine ainsi que les petits déchets biodégradables de jardin ou de parc non dangereux. Et cela marche aussi pour les entreprises, les cantines, les restaurants...
Le but, c'est de sortir définitivement ces biodéchets de notre poubelle d'ordures ménagères résiduelles, le bac gris. Les entreprises et les collectivités doivent offrir des solutions pour cela, afin d'avoir un circuit de collecte et de valorisation.
36 kg par habitant
En 2022, la partie organique de nos déchets représentait un tiers de la poubelle noire du Puydômois (qui pesait 196 kg pour l'année par habitant), soit 61 kg.
Sur 2023, on estime à 43 000 tonnes les biodéchets produits sur le territoire et qui pourraient être valorisés en les détournant de la poubelle grise.
« Et parmi ces 61 kg, 60 % étaient constitués de déchets alimentaires (environ 36 kg), dont 11 kg d'aliments non consommés expliquait Laurent Battut, le président du Valtom. Nos déchets de cuisine et de jardin ne sont pas juste des déchets mais une ressource à part entière. Nous trions nos emballages et nos papiers pour le recyclage donc nous devons dorénavant trier nos biodéchets. »
Double enjeu
L'enjeu de cette nouvelle mesure est double : réduire de 33 % le poids de notre poubelle grise et valoriser au mieux cette ressource. 1 000 professionnels de la restauration, 120 000 habitants sur la Métropole et 700 000 sur le territoire puydomois sont concernés. Un enjeu monstre !
Ainsi, suivant la valorisation choisie, nos biodéchets pourront être valorisés en compost (déchets alimentaires et/ou déchets végétaux) ou en broyat (déchets végétaux type branches) pour amender et protéger les sols ou être méthanisés pour produire à la fois de l'énergie (biogaz produit à partir de nos déchets alimentaires) et du compost (à partir du digestat issu de la méthanisation des déchets alimentaires). Nos biodéchets deviennent donc très précieux, dans une logique de lutte contre le réchauffement climatique, d'économie circulaire, de meilleure gestion de l'eau et d'indépendance énergétique.
Et notre porte-monnaie alors ? Une tonne de biodéchets à traiter en mélange avec les déchets ménagers résiduels représente une charge financière importante pour la collectivité (et donc pour les usagers), alors que valorisée en matière organique ou en énergie, cette même tonne permet de diminuer certains coûts de transport et de traitement et de générer des recettes.
Sur le territoire du Valtom (déchets du Puy-de-Dôme et du Nord de la Haute-Loire), 40 % d'usagers ont accès à un composteur, individuel ou collectif ou à des points d'apports volontaire. Sur les communes du Sictom Issoire-Brioude, on est même à 80 %. Résultat, les éboueurs ne passent plus toutes les semaines, mais tous les 15 jours.
Cela développe de nouveaux métiers, les rippers, les employés qui relèvent les poubelles sont maintenant formés à la collecte des biodéchets. Il y a aussi des maîtres composteurs. « Il faut suivre l'état des composteurs quand même pour voir s'il n'y a pas d'indésirables, comme la viande, mais globalement c'est bien suivi explique Laurent Battut. Pour le moment, nous sommes dans l'information, la pédagogie, la communication. J'ai confiance dans mes concitoyens. Pour l'instant, il n'y a pas de souci. »
En amont, la sensibilisation pour éviter le gaspillage dans les cantines scolaires ou d'entreprise bat son plein.
Apport volontaire
En complément, certaines collectivités ont fait le choix de développer en zones urbaines une collecte dédiée des biodéchets, sur le même principe que la collecte de la poubelle jaune pour les emballages et papiers. Clermont Auvergne Métropole a ainsi mis en place depuis 2009 la collecte séparée des biodéchets en porte à porte dans toutes les zones pavillonnaires et pour la restauration collective.
Son objectif est de déployer plus de 55 000 bacs pour les particuliers et plus de 4 000 bacs pour les gros producteurs à l'horizon 2025, afin de collecter environ 10 500 tonnes constituées uniquement de déchets alimentaires.
Le Syndicat du Bois de l'Aumône déploie progressivement sur son territoire une collecte des déchets alimentaires, en Porte à Porte (PAP) pour les gros producteurs et en Point d'Apport Collectif (PAC) pour les particuliers, avec l'objectif de collecter plus de 1 000 tonnes par an. 80 points d'apports volontaires sur 30 communes ont été créés. Les habitants peuvent remplir et apporter des sacs de 10 litres de biodéchets.
Méthanisation
La proximité avec le pôle multifilières de valorisation Vernéa permet ensuite un transport optimisé vers l'unité de méthanisation. Les biodéchets y sont transformés en compost à partir du digestat et en biogaz, qui sera réinjecté mi 2024 dans le réseau GrDF, pour alimenter des foyers et la station GNV située à proximité du pôle Vernéa.
Des travaux sont en cours de finalisation pour mélanger le flux de biogaz produit par le pôle Vernéa avec celui produit par l'Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux de Puy-Long située à côté du pôle, l'épurer dans une unité WAGA BOX ® afin de produire du biométhane et l'injecter dans le réseau GrDF.
L'unité WAGA BOX réalisée par la société WAGA Energy, fournira jusqu'à 10 GWh de biométhane par an, soit l'équivalent de la consommation de plus de 2 000 foyers chauffés au gaz ou environ 25 camions bennes d'ordures ménagères, roulant au BioGNV. Une énergie renouvelable et locale, qui contribue à la souveraineté énergétique du territoire dans un contexte énergétique tendu.
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