Olivier Mezzalira (Valtom 63) : « Une opération vertueuse à tous les niveaux »
Directeur général du VALTOM 63, syndicat de valorisation de traitement des déchets ménagers 63 et 43, Olivier Mezzalira fait le point avec nous sur ces nouvelles habitudes à prendre.
La loi sur le tri des biodéchets est désormais en place. Quels sont les objectifs aujourd'hui ?
C'est d'arriver à détourner les déchets organiques de cette fameuse poubelle grise et les orienter vers la bonne filière, entre autres la méthanisation ou le compostage qui sont déployés sur l'ensemble du territoire géré par le Valtom. Un tiers de la poubelle grise du Puydomois, 60 kg par habitant et par an, donc c'est un volume important qui permettrait de réduire le poids de cette poubelle et de réduire la fréquence des collectes. Ces biodéchets sont aussi source de désagrément. Si on les enlève de cette poubelle, demain on pourrait présenter cette poubelle qu'une fois tous les 15 jours ou une fois par mois.
Quel est le volume de biodéchets que l'on pourrait traiter au Pôle Vernéa ?
L'objectif c'est de qualifier la collecte. Aujourd'hui on reçoit entre 10 000 et 12 000 tonnes de biodéchets sur le méthaniseur mais par contre nous avons une partie de végétaux importante. Le but est de baisser cette partie de végétaux pour qu'elle rejoigne les déchetteries et d'augmenter en qualité ce que l'on reçoit en déchets alimentaires. Il faut progresser sur cette part-là dans le méthaniseur. Avec une capacité du méthaniseur à 18 500 tonnes nous avons une grosse marge de manœuvre et la capacité à accueillir les déchets alimentaires des Puydomois.
Plutôt des urbains de la Métropole proches de ce méthaniseur ?
On raisonne en termes de proximité. L'idée c'est que le gisement de la Métropole et de ses alentours soit orienté vers de la collecte en porte à porte ou en apport volontaire et redirigé vers le méthaniseur. Sur le milieu rural, où il y a plus de jardins, nous sommes sur du compostage individuel, du compostage partagé ou de quartier qui fonctionne très bien et qui se développe de plus en plus.
Quel est l'intérêt pour le citoyen de faire cette collecte ?
C'est de préserver une ressource, que ce déchet alimentaire qui termine dans la poubelle grise et par son traitement fini en stockage, c'est qu'il puisse terminer en compost ou en biogaz pour être valorisé. L'opération est vertueuse au niveau environnemental et économiquement parlant, le coût de traitement des biodéchets est moins onéreux que le coût de traitement des OMA (Ordures ménagères et assimilées). Cela permet de maîtriser la facture et c'est aussi un volet social. C'est créateur d'emplois locaux pour accompagner les projets de compostage, pour fabriquer des composteurs individuels et collectifs et exploiter le méthaniseur au travers de la société Suez. Ce sont des activités locales non délocalisables.
Pour le citoyen, la collecte des ordures pourra coûter moins cher ?
C'est toujours la question. Plus on demande d'effort à l'usager, plus il pense pouvoir avoir cette récompense. Aujourd'hui, on ne maîtrise pas l'ensemble des coûts, on subit une taxe sur les déchets qui a augmenté de 400 %. On limite la casse, on essaye de maîtriser ces coûts sans promettre de faire baisser la facture. Les territoires qui auront anticipé le traitement des biodéchets auront un coup d'avance sur les autres collectivités qui, elles, verront plus leur facture augmentée que sur le territoire du Puy-de-Dôme où l'augmentation sera présente mais moins importante.
On voit apparaître de nouveaux métiers comme celui de maître composteur. Même les « Ripeurs », les éboueurs se reconvertissent ?
Oui il y a un vrai savoir-faire à maîtriser en termes de savoir-faire sur le processus de compostage mais aussi d'accompagnement pédagogique. Quand vous créez un composteur de quartier, il faut bien accompagner l'ensemble des habitants du quartier à faire les bons tris et à s'intégrer dans cette démarche. On a des guides composteurs comme on pouvait avoir des ambassadeurs du tri au moment du tri des emballages. Il y a des nouveaux métiers. On garde ces ambassadeurs mais on va maintenant sur le volet des déchets organiques avec une opportunité de création d'emploi. Mais aussi une reconversion pour les chauffeurs ou les ripeurs, des métiers assez pénibles. Ils peuvent accompagner ces projets de compostage soit en production de composteur ou en installation, en accompagnement et en gestion en amenant du broyat, du retournement... Ce sont des métiers intéressants en termes de reconversion.
Dans les restaurants, il y a eu une évolution ?
C'est une vraie question pour que les restaurateurs s'emparent du sujet et c'est pour cela que nous avons des partenariats avec la CCI et la Chambre des métiers et de l'artisanat pour sensibiliser, accompagner et leur montrer qu'il y a des résultats. Il faut un service mais cela nécessite un changement de comportement. On raisonne globalement, avec une stratégie avec nos adhérents pour les accompagner. nous sommes cités en exemple notamment par le ministère de l'écologie ou la cour régionale des comptes pour ce schéma. Cela peut être inspirant pour les autres collectivités. Cela confirme que nous sommes sur le bon chemin.
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