Florent Menegaux : "Transformer les matériaux qui proviennent du pétrole en matériaux biosourcés"
Le Centre des Matériaux Durables et son bâtiment le « RX » ont été inaugurés le 4 octobre. Le président du groupe Michelin explique ce que cela va apporter au groupe et à ses partenaires.
Le Centre des Matériaux Durables, c'est la suite du Projet Cataroux ?
Tout à fait. Nous avons démarré ce projet avec la construction de la Manufacture des talents, un centre de formation nouvelle génération qui comprend la formation de tous les métiers de l'industrie jusqu'aux métiers d'ingénieurs et de managers... Le deuxième gros projet c'était le Pôle d'innovation collaborative (PIC) dont j'ai vu les bâtiments sortir de terre et c'est assez avancé maintenant. Puis nous sommes sur le 3e projet, le Centre des matériaux durables qui va accompagner le développement de toutes les start-up qui passent en phase préindustrielle autour des nouvelles générations de matériaux, biosourcés ou recyclés.
Quels seront les objectifs de ce nouveau centre ?
Il y a un enjeu énorme : transformer la majorité des matériaux que nous utilisons aujourd'hui dans le monde moderne, et majoritairement des matériaux qui proviennent du pétrole ou de ses dérivés. C'est un enjeu majeur vis-à-vis de notre environnement de trouver une nouvelle génération de matériaux pour avoir des cycles de conception des matériaux qui correspondent à leur cycle de consommation. Le pétrole par exemple, c'est un matériau naturel mais qui met des centaines de milliers d'années à se fabriquer. Et on le consomme en quelques minutes voire quelques jours donc il y a un décalage énorme entre sa fabrication et sa consommation. Ce Centre des matériaux durables va réconcilier le cycle de consommation avec celui de production. Vous produisez des matériaux, la nature le fait et vous le consommer à un rythme auquel la nature est capable de régénérer ce matériau. Ou vous faites à partir de matériaux recyclés avec ces matériaux qui ont déjà eu un usage, pour leur redonner un nouvel usage.
Quel est l'enjeu pour Michelin de s'investir dans ce domaine ?
Pour Michelin, notre centre de recherche est très proche de Cataroux et nous savons que nous devons substituer une partie des matériaux fossiles que nous utilisons dans la fabrication de nos pneumatiques ou des autres produits que nous fabriquons. Nous devons les substituer par des matériaux d'origine biosourcés ou d'origine recyclée. Avoir un écosystème autour de nous qui développe ces technologies c'est intéressant car nous serons en pointe sur la substitution des matériaux fossiles de nos produits.
L'avenir de la production d'un groupe comme Michelin passe par ces évolutions ?
Nous avons pris l'engagement pour qu'en 2050, 100 % de nos matériaux qui seront dans nos pneumatiques soient biosourcés ou recyclés. On avance très vite : à l'horizon 2030 ce sera 40 %. Nous avons des démonstrateurs en compétition ou dans des produits à faible quantité où nous sommes déjà à 56 %. On est confiant dans notre capacité à le faire. Maintenant il faut le faire à l'échelle industrielle sans détériorer la performance pour nos clients.
Comment ce site va-t-il s'imbriquer avec les autres, le Hall 32, le PIC et la Manufacture des talents ?
Le Parc Cataroux, c'est là où ce projet est unique au monde, va regrouper les 4 pôles, et ils vont être interconnectés, bénéficier les uns des autres. Pour la start-up c'est très intéressant d'avoir des écoles de formation à côté, tout le support de l'ingénierie du Parc Cataroux pour vous aider dans votre installation, déboguer vos machines, les connecter à l'électricité et aux fluides et avoir des personnes qualifiées à embaucher. Et en même temps avoir des start-up digitales, d'autres types de start-up qui viendront enrichir les offres de chacune des start-up. C'est un écosystème et avoir tout ça sur un même lieu physique c'est ce qui rend ce Parc Cataroux unique. Ce sont 40 hectares en centre-ville ce qui fait une surface industrielle incroyable et cela va rendre ce projet de plus en plus visible.
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