Jérémy Rozier : "Le but c'est que tout se passe pour le mieux car il n'y a pas de match sans erreur"

À 33 ans, l'ancien joueur de Clermont La Plaine vit une très belle carrière en tant qu'arbitre international. Après le rugby à 7 et les Jeux olympiques de Paris 2024, Jérémy Rozier officie dans le Top 14.
Fédérale, Seven, Top 14... Comment voyez-vous cette évolution dans l'arbitrage français ?
Je me suis mis à l'arbitrage autour de 14 ans quand il y a eu les écoles de l'arbitrage. À 18 ans j'ai passé mon concours d'arbitre pour arbitrer quand je ne jouais pas, c'est là que ça m'a plu. Suite à quelques blessures, j'ai décidé de basculer sur l'arbitrage car comme j'avais joué pas mal au rugby à 7 en universitaire et avec l'équipe de France U, cela a été plus facile pour moi d'enchaîner sur le 7 de haut niveau. J'ai évolué petit à petit, j'ai gravi les échelons en passant par tous les niveaux de la fédérale au Seven pour lequel j'ai arrêté après les JO. Plus on a la chance d'arbitrer, plus on a la chance de monter en compétence. Le but c'est que tout se passe pour le mieux car il n'y a pas de match sans erreur. Qu'il y ait le moins d'erreurs possible, qu'on ne les reproduise pas et que l'on n'est pas d'impact sur le résultat final.
Il y a certains matches tendus sur le terrain comme en tribunes...
Le Top 14 a toujours été tendu, cela l'est de plus en plus car les matches se jouent à rien. Forcément, il faut que l'on soit très technique car la moindre décision que l'on prend est scrutée. Il faut être très propre là-dessus. On fonctionne les uns pour les autres. Les équipes d'arbitres évoluent tous les week-ends et l'objectif c'est de construire son équipe à chaque match et de se focaliser sur les équipes, leur profil, leur jeu et à ce qui se présente à nous le Jour-J. C'est ce qui fait la richesse de ce sport, la complexité des règles, certes mais aussi l'évolution permanente du jeu. Même s'il y a une part de stratégie, il est quand même imprévisible et on s'adapte au moment. C'est sympa. Le fait de construire son équipe arbitrale, c'est très important.
Vous faites partie du Comité Île-de-France mais vous êtes clermontois. Quand vous êtes programmé sur un Perpignan-ASM, ce n'est pas compliqué ?
On ne peut pas changer le lieu où on est né, où l'on a fait ses études... Sur les joueurs, il y a moins ce « procès-là » mais certains nous le reprochent toujours. Alors que l'on change de ville au fil de notre évolution personnelle et professionnelle. Cela veut dire que l'on ne peut pas avoir d'attache familiale ou de relation avec quelqu'un qui vit dans une ville qui a un club de Top 14 ? Il faut que l'on performe, donc aucun arbitre n'a la volonté de favoriser une équipe. Je peux faire des erreurs, il n'y a pas de souci et j'en assume les conséquences à chaque fois car il faut faire un gros travail d'autoévaluation pour progresser aussi. Je dois rendre des comptes à ma hiérarchie donc il n'y a aucun intérêt pour un arbitre à aller dans le sens d'une équipe ou de l'autre. Pour le grand public cela reste compliqué car il ne comprend pas que l'on soit nommé sur certains matches mais il faut dépasser cela. J'espère qu'avec le professionnalisme et les moyens que nous donne la Fédération on arrivera à dépasser cela un jour. Nous, en tout cas, nous sommes les plus imperméables possible et on se prépare pour ça. Il n'y a aucun favoritisme, c'est une couleur contre une autre. On prend des décisions par rapport à des critères très objectifs que l'on travaille en stage. On travaille aussi avec les équipes et les staffs du Top 14.
Que retenez-vous de votre expérience aux Jeux olympiques ?
C'était une super expérience pour terminer ma carrière à 7. Finir en France, à Paris, c'était fort d'autant plus que j'avais raté les précédents Jeux de Tokyo sur blessure. Avoir eu l'honneur de faire le match d'ouverture et en même temps finir sur le meilleur match que je pouvais espérer (Australie-Afrique du sud pour la médaille de bronze N.D.L.R.) sachant que la France était en finale, j'étais pleinement satisfait de ma compétition. Je suis parti de pas grand-chose, du petit jeune qui jouait à Clermont La Plaine, en U en EDF mais sur le 7 j'ai réussi à suivre mon chemin et à être sur le haut niveau pendant 7 ou 8 ans. Ce qui n'est pas rien car en termes de préparation physique, de remise en question permanente et de voyages à l'étranger, avec 10 tournois par an à l'autre bout du monde, cela a un impact sur la vie personnelle... j'étais fier en terminant le tournoi mais il a fallu vite tourner la page car le Top 14 a repris rapidement. On est attendu au tournant chaque week-end.

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