Mathilde Lazarko : "Le rugby féminin se développe vite et l'apport de la télévision, c'est encore un plus"
Talonneuse à l'ASM Romagnat, internationale universitaire à 7, Mathilde Lazarko fait partie des cadres de l'équipe. La joueuse originaire de Montaigut-Besse évoque avec nous l'évolution du rugby féminin.
Comment êtes-vous arrivée à l'ASM Romagnat ?
C'est ma 13e saison au club, j'ai commencé en moins de 15 ans, et comme il n'y avait pas de catégorie moins de 15 ans, je m'entraînais avec les moins de 18 ans. J'ai suivi le parcours classique en cadettes, et en seniors. J'ai commencé avec les garçons dans le club de Montaigut-Besse mais à 15 ans on ne peut plus jouer avec les garçons. J'ai du trouver un club de rugby féminin et c'est le premier qui a répondu avec le président Marc Lavialle. Et je ne l'ai plus quitté. Mes parents n'ont pas joué au rugby mais ils étaient supporters de l'ASM et très impliqués dans ma vie sportive.
Vous avez vu à la fois l'évolution du rugby féminin avec l'aide du Seven et celle de l'ASM Romagnat ?
Le rugby féminin a eu beaucoup de médiatisation grâce au rugby à 7 et surtout la Coupe du monde 2014 qui a eu lieu en France. C'est le déclencheur. Il y a eu une longue période d'évolution et depuis ces dernières années ça avance vite. On en voudrait encore plus, et quand on compare avec les hommes, on en est toujours là mais les efforts qui sont faits, le suivi, on le voit à Clermont-Ferrand, on a la chance d'avoir conquis le cœur des supporters. C'est super pour nous. Il faut aussi que l'on s'investisse et que l'on arrive à séduire pour parler de professionnalisation dans quelques années. On commence à toucher les mêmes équipements que les garçons et il y a ce projet « One ASM » qui nous concerne. La direction de l'ASM CA vient souvent nous voir pour nous dire qu'elle veut aussi évoluer avec l'ASM Romagnat. On espère être encore dans de meilleures conditions d'entraînement.
La grande nouveauté, c'est la diffusion des matches par Canal + Sport comme le 2 novembre pour ASM Romagnat - Stade bordelais et devant 12 500 personnes ?
C'est un grand pas... On ne pouvait pas se douter de cette nouvelle... un an en arrière je n'y aurais pas cru. Canal + c'est un gros diffuseur de sports et de rugby et nous laisser une place pour montrer ce que l'on vaut, c'est super pour tous les clubs et toutes les joueuses. L'information a touché toutes les joueuses des championnats. Ce sont ces matches-là un peu séducteurs qui vont nous permettre de prendre plus de place même si aujourd'hui le championnat à 10 équipes est beaucoup plus attractif qu'avant avec moins de différence de niveau. Le niveau se resserre. L'apport de la télévision, c'est encore un plus.
Ce sport vous prend combien de temps ?
Je travaille à côté, je suis chargée de mission à la Ligue AURA de rugby. Je m'occupe de l'évènementiel et je suis chargée de projet sur la stratégie de la Ligue sur des thématiques comme le rugby féminin. Même dans mon travail, je ne lâche pas trop le rugby. J'ai quatre séances de musculation par semaine, trois séances d'entraînement collectif le mardi, le mercredi et le vendredi et une à deux fois par semaine des séances techniques. Donc je suis à peu près à 10 entraînements par semaine. Le mercredi, nous avons un entraînement en plus avec les moins de 16 ans de l'ASM, avec un travail spécifique avant-trois-quarts et touche très enrichissant car on a la technique et eux cet aspect physique très tôt ce qui nous met de l'adversité aux entraînements.
Quand peut-on commencer le rugby dans le Puy-de-Dôme ?
À l'ASM Romagnat, on peut commencer en moins de 15 ans mais dès que l'on veut à l'école de rugby de l'ASM. En école de rugby, tous les clubs peuvent accueillir de jeunes filles. Il faut aussi inciter les clubs à développer des espaces pour les femmes, pour accueillir les jeunes filles. Quand j'étais jeune, je n'avais pas de vestiaire, je me changeais dans le vestiaire des arbitres, je n'avais pas de douche... À partir de 15 ans, ce n'est plus mixte. Si tu restes c'est que tu en as vraiment envie mais il faut améliorer l'accueil. Mais tous les clubs peuvent accueillir des jeunes filles, il faut les inciter et c'est comme ça que certains clubs créeront leur section féminine ou la développeront. Mais on en voit de plus en plus et c'est important d'avoir des licenciées pour développer un socle dans l'élite à 10 ou en Fédérale à 12.
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