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Planter des haies : un geste simple qui peut rapporter beaucoup à tous

08h48 - 04 mars 2025 - par Guillaume BONNAURE
Planter des haies : un geste simple qui peut rapporter beaucoup à tous
Les haies champêtres protègent les cultures des vents, des gelées et de l'érosion, favorisent la biodiversité et améliorent la gestion de l'eau.

Organisé à Entraigues et dans le département par la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, la Mission Haies et l'association Les Haies du Puy-de-Dôme, un chantier participatif a mis à l'honneur l'agriculture durable et l'importance des haies champêtres pour préserver l'environnement, soutenir la biodiversité et protéger les terres agricoles des conditions météo extrêmes.

En ce matin de février, le vent souffle fort sur les champs d'Entraigues, au nord de la plaine de Limagne. À l'horizon, le majestueux Puy-de-Dôme mais pas beaucoup d'arbres et de haies pour stopper la puissance d'Éole.

Le 21 février, un chantier participatif était organisé pour planter des haies sur l'exploitation d'Emmanuel Morand, installé en agriculture biologique depuis quinze années.

Ce chantier participatif ouvert à tous et bien mené par l'association Unis-Cités a permis à tous ces acteurs de mettre à l'honneur l'agriculture durable et l'importance des haies champêtres pour préserver l'environnement et soutenir la biodiversité.

Ce chantier participatif s'inscrit dans un travail collectif réunissant plusieurs acteurs :

- La Mission Haies, experte en conseil technique et agroécologique, qui accompagne les projets de plantation depuis leur conception.

- La Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, qui soutient les agriculteurs dans leurs démarches administratives et valorise le bocage local.

- Les Haies du Puy-de-Dôme, association dédiée à la sensibilisation et à l'animation autour des haies champêtres.

« Une vingtaine de haies ont été plantées cette année dans le Puy-de-Dôme explique Jean-Pierre Cadiou des Haies du Puy-de-Dôme. Dont certaines par des écoles de Davayat, Chappes, Volvic, Vertaizon. Quand on plante ces haies avec les enfants, cela est enrichissant pour tout le monde. On passe aussi du temps en classe avec les agriculteurs pour expliquer pourquoi on plante et avec quelles espèces. En amont on travaille avec les agriculteurs et les collectivités pour développer ces chantiers participatifs. »

Les jeunes en service civique d'Unis-Cité Clermont étaient présents pour participer à cet événement ouvert à tous et enrichir les échanges. Tout au long du sillon reconnaissable grâce à un paillage noir biodégradable, ces jeunes en service civique plantent les futures haies en compagnie de toutes les forces vives du territoire.

Mission haies, créée en 1996 à Saint-Flour par des chasseurs pour protéger la perdrix est actif depuis 2008 dans le département. Pour aussi montrer aux agriculteurs que la haie avait de l'intérêt. Elle peut leur rendre service.

La haie était vue comme un désavantage alors que le changement climatique montre que c'est un outil pour lutte contre.

Contrer les excès

Les haies champêtres protègent les cultures des vents, des gelées et de l'érosion, favorisent la biodiversité et améliorent la gestion de l'eau. Mais elles valorisent aussi les paysages et peuvent fournir des ressources (bois pour litière, paillage, énergie).

La haie est un véritable levier économique, écologique et social pour l'agriculture. Toutefois, sa mise en place nécessite un accompagnement technique et administratif pour assurer son intégration durable dans les systèmes agricoles.

« Nous plantons des espèces du Massif central avec une bonne adaptation au réchauffement climatique comme le fusain, l'aubépine, l'érable champêtre... précise Pierre Bordage pour l'association Mission haies. Cela brise le vent et délimite le parcellaire. Il y a un vent séchant sur cette plaine de Limagne avec un fort vent du sud qui assèche les parcelles et diminue les rendements. C'est l'un des aspects techniques pour lequel on plante des haies. Avec la biodiversité bien sûr. »

Emmanuel Morand fait pousser des céréales et des légumes de plein champ sur 25 hectares et fait partie de l'association de production Auvabio créée en 2019 et basée à Aulnat et qui regroupe une quarantaine de fermes sur l'axe A71-A75, et sur la Haute-Loire.

Soutenu par le Pacte en Faveur de la Haie, cet agriculteur poursuit la plantation de haies sur ses parcelles pour plusieurs raisons : protéger ses cultures des dérives phytosanitaires et respecter le cahier des charges biologique ; lutter contre l'érosion et préserver la fertilité des sols ; créer un microclimat en atténuant le vent et les excès de température et favoriser l'infiltration de l'eau et la biodiversité en offrant un habitat aux auxiliaires de culture.

Déclic salutaire

« Tout seul ce serait dur explique Emmanuel Morand. Et quand les enfants plantent des arbres, cela permet d'intéresser aussi leurs parents qui viennent voir leur travail. Je ne le fais pas que pour moi. Je suis aussi chasseur et on réintroduit des faisans sauvages que l'on n'a pas le droit de chasser pendant trois ans. Ces haies leur permettent de s'abriter et de se développer. J'ai connu ce territoire avec beaucoup de haies. Le déclic, cela a été mon passage à l'agriculture bio. Je plante des haies depuis 2022 chaque année avec le soutien du plan de relance, du Département et de Pacte haies. »

Il y a 45 agriculteurs planteurs dans le département dont 50 % en Limagne Nord et Sud. Les éleveurs sont aussi attentifs car avec les coups de chaleurs, ces haies permettent d'avoir de l'ombre pour leurs bêtes. Les haies limitent l'érosion des sols, notamment pour les terrains en pente et les écoulements dangereux comme à Champeix dernièrement.

Comme nous l'avions évoqué dans notre journal, les chasseurs aussi plantent des haies. Les chasseurs puydomois en ont planté 4 kilomètres dernièrement. Des haies doubles qui offrent un abri pour les animaux et leur reproduction.

En général, les agriculteurs sont intéressés, ouverts à cette plantation, mais cela ne se plante pas comme ça. La haie parfaite n'existe pas et elle ne doit pas faire d'ombre aux plantations.

30 km de haies ont été plantés dans le Puy-de-Dôme (sur les 140 que compte la Région AURA) : 15 km à l'hiver 2024, 15 km à l'hiver 2025.

Globalement, cela ne coûte pas grand-chose à l'agriculteur mais ce projet collectif pour une agriculture durable pourrait rapporter beaucoup à tout le monde.

https://haiesdupuydedome.fr/ et Misson Haies à Lempdes : https://missionhaies.wixsite.com/mission-haies

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