Pierre Jal « Une nouvelle offre thermale est en train de se dessiner autour de la prévention-santé »

[caption id="attachment_220033" align="aligncenter" width="800"] « De 2010 à 2017, nous sommes passés de 46.000 à 58.000 curistes, soit une hausse de 26 % », affirme Pierre Jal. (© J.-P. B.)[/caption] A la fois Directeur général de Thermauvergne, de la Route des villes d’eaux du Massif central et du GIE Auvergne Thermale Qualité, Pierre Jal quitte ses fonctions à la fin de l’année. L’occasion pour lui de dresser un bilan de son action avant de se consacrer à un nouveau projet du côté de Châtel-Guyon. Info – Pouvez-vous rappeler pour le grand public le positionnement des structures que vous dirigez ? Pierre Jal – Thermauvergne et la Route des villes d’eaux du Massif central dépendent directement des communes thermales. La première, présidée par Danielle Faure-Imbert, première adjointe au maire de Châtel-Guyon, est chargée d’assurer la promotion du thermalisme médicalisée à travers la marque Auvergne Thermale pour ses onze stations affiliées. Elle dispose d’un observatoire de l’activité, d’un service de classement des meublés et participe aussi au financement de la recherche au niveau national et aux travaux du Cluster Innovatherm. Quant à la seconde, présidée par Jean-François Dubourg, maire du Mont-Dore, elle a fêté ses 20 ans en 2017. Outre la valorisation du patrimoine, elle axe son travail sur le développement touristique en participant à la structuration de l’offre et en venant en aide aux projets de diversification sur le marché du bien-être et de la remise en forme. A l’échelle du Massif central, l’association représente 17 stations. Enfin, nous disposons aussi d’un G.I.E d’exploitants thermaux, présidé par Jean-Marc Dolon, Directeur de Caleden (Chaudes-Aigues), qui gère un laboratoire d’auto-surveillance des eaux minérales. I. – Quel bilan faites-vous de votre action ? P. J. – Quand je suis arrivé à Thermauvergne en 1996, dirigée à l’époque par Jean-François Béraud, nous subissions une crise importante du thermalisme, avec une forte baisse de la fréquentation. Notre première grosse action a été de mettre en place une stratégie spécifique au niveau du développement touristique des stations thermales en misant sur le bien-être et la valorisation du patrimoine. Ce fut la création de La Route des villes d’eaux en 1997. En parallèle, en termes de communication, nous avons essayé de mieux cibler les curistes médicalisés. Nous l’avons fait par du marketing direct avant de créer le site Internet auvergne-thermale.com. Celui-ci permet la pré-réservation des cures thermales dans toutes les stations. Il a favorisé la promotion du thermalisme et de l’Auvergne. Au niveau des résultats, nous avons enregistré une progression de l’activité thermale médicalisée ces dernières années. De 2010 à 2017, nous sommes passés de 46.000 à 58.000 curistes, soit une hausse de 26 %. Les stations ont su proposer de nouveaux équipements et ont pu valoriser le thermalisme à travers des études qui ont démontré ses nombreux bienfaits médicaux. Aujourd’hui, les soins thermaux correspondent à nouveau aux attentes de ceux qui veulent se soigner différemment, notamment vis-vis de leurs pathologies chroniques. Au-delà, il s’agit aussi d’une réussite d’un point de vue touristique avec le développement d’une offre destinée au bien-être, à l’image des centres comme Royatonic, Caleden, les Nériades … Ce marché représente actuellement en moyenne 25 % du chiffre d’affaires des complexes thermaux. Enfin, une nouvelle offre est en train de se dessiner autour de la prévention-santé. Pour cela, nous avons imaginé en Auvergne un concept de station thermale de pleine santé, permettant de développer des destinations qui s’appuient sur le savoir-faire thermal des stations et sur la possibilité de passer des séjours agréables à travers des activités bénéfiques pour la santé. Nous souhaitons aussi changer l’image des stations thermales et c’est tout l’enjeu des opérations de communication décalée « les accros du peignoir » que nous avons lancée depuis l’année dernière. J’ai surtout eu la chance d’avoir de très bons collaborateurs qui forment une équipe compétente et dynamique et qui continueront à faire du bon travail sous la direction d’Eric Brut. I. – Un projet pilote existe d’ailleurs à Châtel-Guyon, ce qui explique votre départ de Thermauvergne puisque vous rejoignez le groupe France Thermes le 1er janvier comme Directeur des Opérations. P. J. – Effectivement, le thermalisme à Châtel-Guyon a connu de vrais difficultés mais grâce aux actions de la Commune, de la SEM et à l’équipe des thermes, il a su se redévelopper. Aujourd’hui et suite à un appel à projets, un investisseur privé (France Thermes) va injecter l’essentiel des 32 millions d’euros permettant de créer un Resort thermal autour des maladies digestives et de la rhumatologie. Nous sommes dans la mise en place du thermalisme du 21e siècle avec la création d’un établissement de nouvelle génération développant un positionnement spécifique et porteur sur le créneau de la prévention santé. L’alimentation santé, le développement de l’exercice physique et le bien-être psychologique sont les trois piliers de la prévention santé et c’est toute la stratégie qui sera développée avec la ville de Châtel-Guyon dans les dix ans qui viennent autour du concept de Station thermale de pleine santé. Le Resort sera construit à la place des tennis. Les travaux débuteront en début d’année pour une ouverture prévue au printemps 2019. 80 emplois directs supplémentaires seront créés au fur et à mesure. L’ensemble comprendra, un établissement thermal, un spa thermal, une résidence de tourisme 4* avec un restaurant et une résidence services seniors. L’objectif, c’est de doubler le nombre de curistes fréquentant la station, pour le porter à terme à 10.000.